Football: les matches présumés truqués de Ligue 2 devant la justice sportive

  • Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez (g), le 25 novembre 2014 au Parc des Princes, à Paris
    Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez (g), le 25 novembre 2014 au Parc des Princes, à Paris AFP/Archives - Franck Fife
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Centre Presse Aveyron

La justice sportive représentée par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) examine à partir de lundi l'affaire des matches présumés truqués en Ligue 2, avec des dizaines d'auditions.

Sur un mode mineur, le spectre de matches arrangés, qualifié de "poison mortel" par le président de la LFP Frédéric Thiriez, fait resurgir le souvenir de l'affaire VA-OM de 1993.

Nîmes dans le collimateur

Le Nîmes Olympique est au cœur de cette affaire révélée en novembre dernier: les soupçons portent sur sept de ses rencontres lors du Championnat de L2 2013-2014 (Bastia-Nîmes, Nîmes-Istres, Dijon-Nîmes, Nîmes-Brest, Nîmes-Laval, Caen-Nîmes, Créteil-Nîmes).

La commission de discipline va tenter d'établir si les dirigeants gardois ont ou non fait pression ou sollicité des arrangements auprès de leurs adversaires afin de se maintenir en L2.

Au centre de l'affaire: Caen-Nîmes du 13 mai 2014 (match en retard de la 28e journée de L2) puisque le résultat (1-1) avait permis à Caen d'accéder en L1 et à Nîmes d'éviter la relégation en National.

Les éléments troublants

Des écoutes téléphoniques révélées par Le Canard enchaîné et confirmées à l'AFP de source policière avaient éveillé les soupçons. Le jour du fameux Caen-Nîmes, les deux présidents se sont téléphoné. Question du Caennais Jean-François Fortin: "Toi c'est un point aussi (qu'il te faut?)." Réponse de son homologue nîmois Jean-Marc Conrad: "Ouais, il nous faut un point, voilà." Et Fortin de poursuivre: "Ben, si on n'est pas trop cons, hein?".

Selon Le Canard, après le match, le président de Nîmes avait "fait déposer à la porte du vestiaire 24 cartons de 12 bouteilles de vin".

"Une expertise" de cette rencontre "par une société spécialisée" qui avait été "sollicitée dans l'affaire de la rencontre de handball Cesson-Montpellier présumée truquée" du 12 mai 2012 a été diligentée par le responsable de l'instruction menée pour la Ligue, François Jaspart, selon la LFP.

D'après L'Equipe, l'expertise a mis au jour "une entente". "L'ensemble des éléments scientifiques (...) montre une carence volontaire significative du niveau de jeu des équipes du Stade Malherbe Caen et du Nîmes Olympique", écrivent les experts cités par le quotidien sportif.

"Ce type d'entente ne peut être le résultat de seuls faits de jeux mais résulte bien d'une concertation préalable d'avant match autour d'un scénario construit", est-il ajouté.

Les procédures

François Jaspart a recueilli de nombreux témoignages, principalement au sein des clubs concernés, lors de son instruction dont le rapport a été remis à la commission de discipline le 22 février.

A affaire exceptionnelle, dispositif exceptionnel: cette commission, qui siège habituellement le jeudi dans les locaux parisiens de la LFP, s'installe lundi et mardi au Pavillon Kléber. Elle a convoqué pour les auditionner des représentants des huit équipes impliquées et pas moins de "34 dirigeants, entraîneurs, joueurs ou actionnaires actuels ou passés desdits clubs ou d'autres" mentionnés dans l'instruction.

Selon la radio RMC, le principal actionnaire de Nîmes, Serge Kasparian, a fait savoir par la voix de son avocat qu'il ne se présenterait pas devant la commission de discipline. Il juge en effet cette procédure juridiquement contestable.

Une action pénale a également été lancée: six personnes, dont Conrad, qui a démissionné de ses fonctions de président de Nîmes, et Kasparian ont été mises en examen pour corruption.

Mais la procédure disciplinaire lancée par la LFP "est totalement autonome" et "n'a aucune obligation d'attendre le terme, indéterminé, de la procédure pénale pour se prononcer", prévient la LFP.

Les sanctions encourues

Elles vont, "pour les personnes physiques, du rappel à l'ordre à la radiation, en passant par l'amende ou la suspension", et "pour les clubs, du rappel à l'ordre à la rétrogradation ou la mise hors compétition, en passant par des mesures d'amende ou de retrait de points", selon la LFP.

La commission doit se prononcer au plus tard le 23 mars.

Source : AFP

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