Offre sur Bouygues Telecom: Valls fixe des conditions, syndicats et consommateurs inquiets

  • Bouygues Telecom: Valls fixe 5 conditions à l'offre de Numericable-SFR, dont l'emploi et l'investissement
    Bouygues Telecom: Valls fixe 5 conditions à l'offre de Numericable-SFR, dont l'emploi et l'investissement AFP/Archives - Philippe Huguen
  • Portrait  de Patrick Drahi président-fondateur du groupe Altice, données
    Portrait de Patrick Drahi président-fondateur du groupe Altice, données AFP - S.Ramis/V.Lefai
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Centre Presse Aveyron

Le Premier ministre Manuel Valls a posé lundi une série de conditions au rachat de Bouygues Telecom par le groupe Altice, maison-mère de Numericable-SFR, un projet qui pourrait gagner du terrain dès mardi et qui suscite l'inquiétude des syndicats et associations de consommateurs.

Le conseil d'administration de Bouygues Telecom examinera cette offre de 10 milliards d'euros de M. Drahi pour racheter l'opérateur téléphonique français et devrait se prononcer dans la soirée après la clôture de la Bourse de Paris.

Quant au patron d'Altice, Patrick Drahi, il est attendu en fin d'après-midi à Bercy pour rencontrer le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui n'a pas caché ses réserves face à ce projet de rachat.

Interrogé lundi au sujet de ce rapprochement, Manuel Valls a insisté sur les "priorités" du gouvernement pour le secteur des télécoms: "l'emploi, qui doit être préservé et développé; l'investissement (...) parce qu'il faut couvrir tout le territoire avec le déploiement de la fibre, la 3G, sur tout le territoire d'ici la fin 2016; la vente des fréquences pour développer la 4G; l'innovation (...) et évidemment la qualité de service pour le consommateur", a-t-il énuméré, en marge de la visite d'une usine du Val-d'Oise.

"Toute opération qui ne répondrait pas à ces enjeux majeurs ne peut pas avoir le soutien du gouvernement", a-t-il prévenu.

"Nous avons entendu les cinq conditions posées par le Premier ministre. Notre projet les respecte: poursuivre l'investissement, accélérer l'innovation, continuer d'améliorer la qualité de service, préserver l'emploi et acheter les fréquences 700 (MHz)", a répondu lundi soir Eric Denoyer, directeur général de Numericable-SFR, dans un entretien publié sur le site internet des Echos.

Les associations de consommateurs ont toutefois, elles aussi, exprimé leurs inquiétudes: "Le passage de quatre à trois opérateurs entraîne toujours une hausse des prix", a ainsi déclaré à l'AFP, Cédric Musso, de l'UFC-Que Choisir.

Les syndicats des deux opérateurs ont mis en garde contre les conséquences sur l'emploi, en raison de "doublons à la pelle" dans les effectifs des deux groupes.

Cette offre, qui propulserait Numericable-SFR au premier rang de la téléphonie mobile en France devant l'opérateur historique Orange, a fait bondir les valeurs télécoms en Bourse.

Numericable-SFR a pris 14,15% et Bouygues 13,24% tandis qu'Iliad, maison mère de Free, a gagné 10,39% et Orange 7,49%. Altice, cotée à Amsterdam, a pris 12,64%.

- 'Un empire sur le sable de l'endettement' -

Un peu plus tôt dans la journée, Altice et Bouygues avaient confirmé, par des communiqués séparés, l'offre de rachat.

"Aucune négociation n'est en cours" à ce stade, a précisé Bouygues dans un communiqué.

Le groupe Iliad (Free) de l'entrepreneur Xavier Niel a de son côté indiqué être entré en "négociations exclusives" avec Numericable-SFR "pour l'achat d'un portefeuille d'actifs" en cas de succès du rachat. Selon le Journal du Dimanche, qui a dévoilé l'affaire, Free pourrait ainsi récupérer une partie des fréquences, antennes et boutiques de Bouygues Telecom.

Les opérateurs virtuels ont réagi à cette possibilité, en demandant de ne pas être laissés de côté et en affirmant leur volonté de prendre part à la réorganisation du secteur.

Interrogé lundi matin sur RFI, le ministre des Finances Michel Sapin a exprimé des réserves sur cette possible opération, appelant à prendre en compte "l'intérêt général".

"Parce que si c'est pour tout concentrer et faire monter tous les prix, je pense que personne ne serait gagnant", a estimé M. Sapin.

"Ce sont de très grosses opérations entre des grandes entreprises françaises (...) dans des domaines qui sont absolument fondamentaux pour la vie quotidienne mais aussi pour le développement économique de notre pays. Donc par définition l’État s'y intéresse et doit donner son opinion", a-t-il ajouté.

Une telle offre, si elle aboutit, chamboulera profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée de Free Mobile, qui s'est traduite par une féroce guerre des prix.

A la tête d'un empire des médias et des télécommunications comprenant notamment les publications L'Express et Libération, Patrick Drahi avait déjà réussi en mars 2014 à s'emparer de SFR à l'issue d'une longue bataille contre Bouygues Telecom.

Le ministre des Finances s'est montré également très réticent sur le montage financier de l'opération, qui pourrait être réalisée grâce à un emprunt auprès de BNP Paribas. "Il faut faire attention à ne pas fonder un empire sur le sable de l'endettement", a-t-il mis en garde.

Dans sa frénésie d'acquisitions, Patrick Drahi a en effet accumulé une dette de 33 milliards d'euros à ce jour.

Source : AFP

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