La Dépêche rachète les Journaux du Midi et annonce 300 suppressions d'emplois

  • Jean-Michel Baylet, PDG du groupe La Dépêche, donne une conférence de presse le 25 juin 2015 au siège du Midi Libre à Montpellier
    Jean-Michel Baylet, PDG du groupe La Dépêche, donne une conférence de presse le 25 juin 2015 au siège du Midi Libre à Montpellier AFP - STRINGER
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Centre Presse Aveyron

Après un premier échec, il y a huit ans, Jean-Michel Baylet, PDG de La Dépêche du Midi, s'est enorgueilli jeudi du rachat au groupe Sud Ouest des Journaux du Midi qui entraînera la suppression d'environ 300 emplois et formera le quatrième groupe de presse régional français.

En présentant jeudi soir lors d'une conférence de presse la finalisation de ce rachat, M. Baylet qui se trouvait à Saint-Jean-de-Védas, siège social du groupe des Journaux du Midi (L'indépendant, Centre Presse et Midi Libre) a levé le voile sur l'impact sur les salariés, en évoquant "150 suppressions d'emploi dans chaque groupe environ".

La Dépêche emploie 800 salariés et enregistre un chiffre d'affaires de 145 millions d'euros et le groupe Les Journaux du Midi 920 personnes pour un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros.

Dans un communiqué publié jeudi, le principal syndicat des deux groupes SNJ-Solidarité a dénoncé une "saignée".

M. Baylet a présenté ses orientations pour péréniser le nouveau groupe, qui sera, selon lui, le 4e groupe de presse régional "indépendant".

"Il y aura des mutualisations et des rationalisations. Nous venons pour créer les conditions de retour à la prospérité, pour pouvoir ensuite investir et conforter nos groupes de presse", a-t-il aussi plaidé.

"Aujourd’hui, ni l’un ni l’autre ne peut investir. Certaines décisions difficiles à venir seront à prendre, le plus rapidement possible", a prévenu M. Baylet, également président du parti radical de gauche, membre de la majorité gouvernementale.

"Il n’y aura pas que des mesures sociales. Au-delà de l’aspect social, il y a la volonté de croire en la presse écrite, en son futur, de constituer un portail Internet performant, et de nous développer dans l'événementiel", a-t-il précisé.

"L’écrit", a-t-il estimé, "ne perdurera pas dans son modèle actuel". Son fils Jean-Nicolas deviendra vice-président en charge du numérique, car "c’est sa génération", a-t-il dit.

M. Baylet a souligné que le projet de rachat lui tenait à coeur depuis longtemps.

"Notre union n'a pas pu se faire il y a huit ans. Aujourd'hui, c'est possible (....) moins cher qu'il y a huit ans", a-t-il dit en se référant à 2007, lorsque le Groupe Sud-Ouest l' avait racheté au Monde pour 90 millions d'euros. L'acquisition totale est aujourd'hui annoncée à 15 millions d'euros.

M. Baylet a posé symboliquement devant les banderoles des quatre titres de presse régionale, qui épousent les contours de la future grande région Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées.

"Je n’ai pas attendu la région administrative unique pour considérer qu’il y avait une cohérence à ce que ces deux groupes soient liés".

-Des inquiétudes éditoriales-

"Nous sommes sur des périmètres similaires, même si La Dépêche est sur dix départements et les Journaux du Midi sur cinq", a-t-il expliqué.

Le SNJ solidaires a vu, en revanche, "cette évolution capitalistique majeure", "d'abord comme une opération de concentration de tous les dangers sur les territoires des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées".

En autorisant ce rachat début juin, l'Autorité de la Concurrence avait posé des conditions puisque le groupe serait désormais "en situation de monopole sur les marchés de la presse quotidienne régionale, dans les départements de l'Aude et de l'Aveyron".

La Depêche s'est engagée "à ne pas procéder à l'harmonisation des contenus de ses titres, à maintenir des rédactions en chef distinctes et dédiées aux différents titres et à poursuivre la diffusion de l'ensemble de ses titres de presse quotidienne régionale dans l'Aude et l'Aveyron".

Un mandataire indépendant devra veiller "au respect des engagements pris", avait-il été décidé début juin avec l'aval du groupe Baylet.

Mais les syndicalistes du SNJ ne sont pas rassurés concernant "l'indépendance éditoriale" des journaux. Parmi eux, Cathy Rocher insiste: "Il faut que chacun garde son identité".

Un comité d'entreprise au siège des Journaux du Midi est prévu pour le 9 juillet.

Source : AFP

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