Grèce: défaut de paiement et fin de l'aide financière européenne

  • Le Premier Ministre grec, Alexis Tsipras, le 28 juin au Parlement d'Athènes
    Le Premier Ministre grec, Alexis Tsipras, le 28 juin au Parlement d'Athènes AFP - ANGELOS TZORTZINIS
  • La crise financière grecque
    La crise financière grecque AFP - G. Handyside/J. Storey, jfs/pld/tsq
  • Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem le 30 juin 2015 à La Haye
    Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem le 30 juin 2015 à La Haye ANP/AFP - BART MAAT
  • File d'attente devant un distributeur de billets le 30 juin 2015 à Athènes
    File d'attente devant un distributeur de billets le 30 juin 2015 à Athènes AFP - LOUISA GOULIAMAKI
  • Manifestants pro-européens brandissent un drapeau pronant le "oui" au référendum le 30 juin 2015 devant le Parlement à Athènes
    Manifestants pro-européens brandissent un drapeau pronant le "oui" au référendum le 30 juin 2015 devant le Parlement à Athènes AFP - ARIS MESSINIS
  • Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker le 29 juin 2015 à Bruxelles
    Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker le 29 juin 2015 à Bruxelles AFP - JOHN THYS
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Centre Presse Aveyron

La Grèce s'enfonce encore plus dans la crise : le pays a été contraint mardi de faire défaut sur sa dette vis-à-vis du FMI après avoir demandé, pour l'heure sans succès, une extension de l'aide financière européenne.

A court d'argent, Athènes n'a pas pu honorer le remboursement de 1,5 milliard d'euros dus au Fonds monétaire international, devenant ainsi le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l'institution.

"Je confirme que le remboursement (...) dû au FMI par la Grèce aujourd'hui n'a pas été reçu", a indiqué le porte-parole du FMI Gerry Rice dans un communiqué.

Conséquence immédiate : Athènes est privé d'accès aux ressources financières du FMI et le restera tant qu'il n'aura pas épuré sa dette envers l'institution qui essuie, elle, le plus lourd défaut de son histoire.

Parallèlement, le volet européen du plan d'aide à la Grèce a comme prévu pris fin à 22H00 GMT, privant le pays de 16 milliards d'euros d'aide en tout genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les aides).

L'Eurogroupe doit reprendre mercredi matin pour examiner les propositions d'Athènes qui a demandé mardi un nouveau plan d'assistance financière.

Privé d'argent frais des institutions (FMI, UE, BCE) qui l'ont mis sous perfusion financière depuis 2010, le pays ne doit désormais plus sa survie financière qu'à l'aide d'urgence apportée à ses banques par la BCE.

Les conséquences sont difficiles à prévoir mais le président américain Barack Obama a mis en garde mardi contre "un impact significatif" de la crise sur la croissance européenne.

A l'ouverture mercredi, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo s'affichait en hausse de 0,27% à 20.291,05 points.

- Coup de théâtre -

La Grèce avait certes prévenu qu'elle ne rembourserait pas le Fonds monétaire international qu'elle accuse de "comportement criminel" pour avoir imposé des cures d'austérité drastiques à sa population.

Mais les autorités avaient toutefois tenté un ultime tour de passe-passe en tentant d'activer une clause exceptionnelle du FMI lui permettant d'obtenir un report de son paiement. Le conseil d'administration du FMI a bien commencé à examiner cette requête mais devra se réunir ultérieurement pour l'approuver ou la rejeter.

"C'est une triste page d'un triste chapitre. Le FMI a pris des risques énormes avec ce plan d'aide", a dénoncé à l'AFP le représentant brésilien au FMI, Paulo Nogueira Batista, s'exprimant à titre personnel.

Plus tôt dans la journée, la Grèce avait tenté un autre coup de théâtre en faisant de nouvelles propositions à ses créanciers européens après la rupture des négociations samedi et l'approche d'un référendum crucial dimanche sur la poursuite du plan d'aide.

Dans le détail, la Grèce a demandé à l'Eurogroupe de pouvoir conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de soutien de la zone euro, un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers, soit environ 30 milliards d'euros, tout en restructurant sa dette, a fait savoir le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras.

La Grèce a même laissé entendre qu'elle pourrait suspendre l'organisation du référendum prévu sur les propositions de ses créanciers si les négociations reprenaient avec l'Union européenne, a indiqué une source européenne proche des discussions.

Cette idée d'un troisième plan d'aide, via le MES, va être étudiée "via les procédures normales", a affirmé Alexander Stubb, le ministre finlandais des Finances, après une conférence téléphonique de l'Eurogroupe en début de soirée.

Plus tôt mardi, la chancelière allemande Angela Merkel avait fermé la porte à toute discussion sur le sujet en affirmant que l'Allemagne n'était pas prête à discuter d'une nouvelle demande d'aide d'Athènes avant dimanche, jour du référendum.

Mme Merkel et son ministre des Finances Wolfang Schäuble doivent s'exprimer mercredi devant les députés du Bundestag lors d'un débat sur la Grèce.

Le ministre de l'Economie allemand Sigmar Gabriel avait, lui, conditionné de nouvelles discussions à l'annulation du scrutin, qui fait trembler l'Europe.

- Réunion cruciale à la BCE -

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'était lui montré énigmatique face à des journalistes à Bruxelles en prédisant "des événements importants (...) auxquels vous n'êtes pas préparés".

Pendant ce temps, au moins 20.000 personnes manifestaient à Athènes en faveur du oui au référendum, en opposition au gouvernement d'Alexis Tsipras qui appelle à un "puissant non".

La Grèce a désormais les yeux braqués sur une autre échéance cruciale : la réunion mercredi des 25 membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui doivent évoquer la situation du système bancaire grec.

Il devrait notamment être question de maintenir ou non une ligne de prêts d'urgence en faveur des établissements hellènes, fragilisés par des retraits massifs de Grecs inquiets pour leur avenir et celui de leur pays.

Techniquement, l'institution pourrait décider de couper le robinet financier à la Grèce, même si cela semblait peu probable.

Source : AFP

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