Le Bundestag vote sur l'aide à la Grèce déjà entachée de doutes

  • La chancelière allemande Angela Merkel en session plénière au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015
    La chancelière allemande Angela Merkel en session plénière au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015 AFP - TOBIAS SCHWARZ
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Centre Presse Aveyron

Les députés allemands devaient approuver largement vendredi le principe d'un troisième plan de soutien à la Grèce, permettant le démarrage officiel de négociations sur cette aide de plus de 80 milliards d'euros déjà sujette à doutes et interrogations.

Au jour du 61e anniversaire de la chancelière Angela Merkel, le feu vert du Bundestag, chambre basse du parlement allemand, est assuré. Sa coalition conservateurs/sociaux-démocrates est assise sur une écrasante majorité (504 sur 631 sièges), et peut même compter sur le soutien d'une partie de l'opposition.

Mme Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui devaient tous les deux prendre la parole lors de la séance à partir de 08H00 GMT, ont battu le rappel jeudi soir devant le parlementaires, la première se disant "absolument convaincue" que l'Allemagne devait à nouveau aider la Grèce.

Le grogne dans son camp conservateur a nettement enflé ces dernières semaines, et devrait se traduire par une cinquantaine de "non" parmi les députés CDU/CSU (sur 311). Un débat de trois heures est prévu avant le vote, lors de cette session extraordinaire pour laquelle les députés ont dû interrompre leurs vacances.

Pour Mark Helfrich, député CDU interrogé à la radio allemande vendredi matin qui va voter "non", les doutes sont trop forts sur la volonté du gouvernement grec à s'en tenir au contrat passé avec la zone euro.

L'opinion publique allemande est elle aussi divisée, un sondage publié vendredi faisant état de 49% d'opposants à une nouvelle aide, et 46% de partisans.

- "pas une garantie" -

En début de semaine, Athènes s'est mis d'accord dans la douleur avec ses partenaires du bloc monétaire sur un troisième plan d'aide, de plus de 80 milliards d'euros, en échange de réformes draconiennes. Certaines ont déjà été mises sur les rails, en gage de bonne volonté et au prix de fortes tensions politiques en Grèce où le Premier ministre Alexis Tsipras a perdu sa majorité et des législatives anticipées sont évoquées.

Après le feu vert des députés allemands, qui accordera formellement à Berlin le mandat de négocier volumes et contours exacts de ce nouveau paquet, les négociations pourront démarrer. Mais alors qu'en début de semaine le soulagement prévalait dans les capitales européennes d'avoir échappé au "Grexit", scénario redouté de sortie de la Grèce de l'euro, ces derniers jours doutes et interrogations ont pris le pas.

« C’est sûr, cet accord n’est pas une garantie pour les années qui viennent, mais il a permis d’éviter le risque de chaos, d’une banqueroute grecque", a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk dans un entretien à plusieurs journaux européens, selon la traduction française de cette interview.

Le peu d'enthousiasme est flagrant en Grèce où, lors d'un nouveau débat parlementaire nocturne, M. Tsipras a redit qu'il était "en désaccord" avec de nombreux aspects du programme. "Je pense que personne dans cette salle n'est content de l'accord", a affirmé le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas, enfonçant le clou.

Les réticences d'Athènes nourrissent les doutes sur "la volonté et la capacité" du gouvernement grec à mettre en oeuvre ce qu'il a promis, exprimés jeudi par exemple par le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

- Et la dette ? -

Cela n'a pas empêché la BCE de desserrer la bride pour les banques grecques, en augmentant le plafond des prêts d'urgence qui les font vivre. Cela permettra aux banques grecques, fermées depuis le 29 juin, de rouvrir lundi, mais les limites de retrait (60 euros par jour et par personne) resteront en place.

M. Draghi a également pris fait et cause jeudi pour un allègement de la dette grecque, colossale à plus de 300 milliards d'euros (180% du PIB). Athènes, qui bataille en ce sens depuis des mois, a reçu à nouveau vendredi matin le soutien de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Pour cet autre créancier de la Grèce, il ne pourra y avoir de troisième aide sans un tel allègement dont "le principe est acquis".

Les modalités de cet allégement - allongement des maturités, différer le paiement des intérêts, réduire les taux - vont faire l'objet d'âpres négociations, Berlin étant catégoriquement opposé à tout ce qui réduirait de manière significative la valeur nominale de la dette. "Ce débat est risqué", a reconnu M. Tusk qui "ne pense pas que nous devions centrer la discussion" là-dessus.

En attendant, pour parer au plus pressé et notamment un remboursement de 4,2 milliards d'euros à la BCE lundi, l'UE devrait valider vendredi le principe d'un financement d'urgence, sous forme d'un prêt de sept milliards d'euros par le truchement d'un fonds communautaire.

Source : AFP

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