Arnaud Vercruysse : «Prêt à tout pour gagner ? Oui, mais »

  • Le nouvel entraîneur du SRA
    Le nouvel entraîneur du SRA
Publié le
Mathieu Roualdés

Rugby (Fédérale 1). Dimanche, à Bagnères-de- Bigorre, Rodez entame une nouvelle campagne, la 4e consécutive en Fédérale 1. Entretien avec Arnaud Vercruysse, nouvel entraîneur du SRA.

Dimanche, à Bagnères-de- Bigorre, Rodez entame une nouvelle campagne, la 4e consécutive en Fédérale 1. Le club débute également un nouveau cycle avec son nouvel entraîneur, Arnaud Vercruysse. À quelques heures de ses premiers pas aux commandes du SRA, il nous livre son sentiment sur son groupe, son style, ses sensibilités. Entretien.

Êtes-vous impatient de débuter la saison sous vos nouvelles couleurs, Rodez ?

Oui, il me tarde. Quand on est compétiteur, seule la compétition attire. Il me tarde surtout de voir comment les joueurs vont se comporter sous la contrainte d’un résultat. On ira à Bagnères avec un effectif diminué mais avec une grande détermination.

La préparation s’est-elle passée comme vous le souhaitiez ?

Non car on a eu de nombreuses mauvaises nouvelles avec Saïd Bajja, Barry Faamausili... Mais on a malgré tout passé deux mois très intéressants. La cohésion du groupe est bonne, les entraînements ont été de haut niveau et les nouveaux joueurs attendus ces prochains jours vont apporter une nouvelle émulation.

Plus de deux mois au contact du groupe, avez-vous défini un style de jeu précis ?

Oui, on a beaucoup travaillé l’animation offensive avec, je l’espère, beaucoup de mouvements. Je souhaite également que les joueurs puissent rapidement déceler les points faibles de l’équipe adverse pour appuyer dessus et changer de stratégie en cours de match s’il le faut. Maintenant, est-ce qu’on va bien jouer dimanche ?

Je ne crois pas. Car comme toutes les équipes qui ont connu beaucoup de mouvements cet été, cette reprise est prématurée. On trouvera nos premiers repères dès le 4e match... Mais on les reperdra directement car une trêve d’un mois s’en suivra! Bref, les calendriers de la Fédération... On ne va pas polémiquer dessus car c’est une lapalissade de dire qu’ils sont mal organisés.

Pour revenir au style de jeu, on imagine qu’après avoir entraîné Châteaurenard durant sept saisons (de 2006 à 2013), vous appréciez le jeu agressif, le rugby rugueux...

C’est dingue cette étiquette que vous m’avez collée à Rodez (rires) ! J’avoue qu’il y avait eu des débordements lors de notre venue ici avec Châteaurenard (le 21 octobre 2012, la rencontre avait été émaillée par une bagarre générale d’un autre temps, en début de 2e période, conclue par trois expulsions et un rapport de l’arbitre, NDLR) mais les conditions étaient difficiles, on était en fin de cycle... Mais quand il y a une agressivité débordante, on est souvent deux.

Il est vrai que je suis favorable à un jeu rugueux car, à la base, le rugby est un sport de combat avec pour but de diminuer physiquement et mentalement l’adversaire. Comme je dis souvent, les All Blacks sont la référence dans le jeu mais ils sont également capables de durcir les débats quand il le faut à l’image de Richie McCaw qui «flingue» Morgan Parra en 2011 pour devenir champion du monde... Maintenant, suis-je prêt à tout pour gagner ? Oui, mais en respectant mes valeurs et les règles. Je n’irai jamais trafiquer une feuille de match ou bien mettre l’intégrité physique d’un joueur en jeu.

Donc, Rodez ne relèvera pas toutes les mêlées qu’il perd cette saison...

C’est d’un autre temps ça (rires) ! Après, si tu prends une “tarte”, il ne faut pas tendre l’autre joue.

Vous avez été joueur à Béziers et on dit que vous êtes fortement imprégné de l’école biterroise dans votre style de management. De nombreux joueurs recrutés cet été à Rodez sortent d’ailleurs de cette école (Alarcon, Alonso, Hyardet...). Comment définissez-vous cette philosophie ?

C’est davantage un état d’esprit. Béziers m’a toujours fait rêver, gamin comme aujourd’hui. L’école biterroise, c’est effectivement une grande part de ma sensibilité. Cela m’a appris beaucoup de choses comme insister sur le détail, être attaché à lui et surtout rejeter totalement la défaite. Maintenant, on ne peut plus reproduire le style de jeu du grand Béziers car le rugby et ses règles ont changé. Mais un homme comme Alain Paco m’a beaucoup appris et m’apprend toujours car j’échange toutes les semaines avec lui.

Parvenez-vous à reproduire cet état d’esprit, dans lequel l’humain est au centre, à Rodez aujourd’hui ?

Oui. J’ai découvert ici des joueurs très attachants, anciens comme nouveaux. Il suffit juste de passer un peu de temps avec eux pour s’apercevoir que ce sont de bons gars. Maintenant, on n’est pas là pour passer du bon temps, s’amuser. J’attends qu’on soit à fond sur le terrain. Car on peut accepter d’être inférieur à l’adversaire mais pas à nous-mêmes. C’est ça également l’école biterroise: rejeter la défaite, tout donner à chaque sortie.

Le jeune âge de votre groupe ne vous inquiète-t-il pas ?

Y a-t-il une recette miracle des âges pour former un groupe performant ? Non, cela n’existe pas. On fait un groupe avec de nombreuses contraintes. L’important est d’en tirer le meilleur ensuite et d’amener ce groupe à son maximum. Ce qui peut m’inquiéter, c’est le vécu collectif. Lui est jeune et chaque joueur devra rapidement arriver à décoder les attitudes de son coéquipier. Moi, je ne plaquais pratiquement jamais quand j’étais demi-de-mêlée mais je savais mettre mes 3e ligne au sacrifice car je les connaissais. C’est cela le plus important, pas l’âge sur la carte d’identité.

Vous êtes-vous fixé un objectif concernant la saison à venir ?

Il sera d’assurer le maintien le plus vite possible et de prendre les matches les uns après les autres. Ce n’est pas cliché ni langue de bois de dire cela, c’est la réalité. Mais je veux surtout qu’on donne le maximum à chaque sortie. Si c’est le cas, on sera difficile à battre. 

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