Les agriculteurs européens à Bruxelles pour faire pression sur l'UE

  • Des agriculteurs européens en tracteur manifestent, le 7 septembre 2015 à Bruxelles
    Des agriculteurs européens en tracteur manifestent, le 7 septembre 2015 à Bruxelles AFP - EMMANUEL DUNAND
  • Des agriculteurs européens en tracteur manifestent devant la Commission européenne, le 7 septembre 2015 à Bruxelles
    Des agriculteurs européens en tracteur manifestent devant la Commission européenne, le 7 septembre 2015 à Bruxelles AFP - EMMANUEL DUNAND
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Centre Presse Aveyron

Plusieurs milliers de producteurs de lait et de viande porcine manifestaient bruyamment lundi dans les rues de Bruxelles pour interpeller les ministres européens de l'Agriculture, réunis lors d'un conseil extraordinaire visant à définir des mesures de soutien aux secteurs en difficulté.

Dès l'aube, le quartier européen était complètement bloqué par des cordons de police.

A quelques dizaines de mètres des fenêtres du Conseil européen, les premiers tracteurs étaient à l'arrêt derrière des barrières de barbelés. Ils devaient être rejoints par quelque 5.000 agriculteurs européens en difficulté, venus de Belgique, de France et d'Allemagne.

En attendant leurs collègues, les premiers arrivés, principalement des agriculteurs allemands et français, faisaient usage de leurs avertisseurs et lançaient des pétards sur le rond point Schumann, en plein coeur du quartier européen.

- Effondrement des cours -

"Tous les matins, on se lève et on perd de l'argent à traire nos vaches", explique à l'AFP Jacky, un agriculteur français venu en autocar du Calvados (nord-ouest) avec près de 100 membres de son syndicat, la Confédération rurale.

"Le lait est payé moins cher qu'il nous coûte à produire, il nous faudrait un prix de base de 350 à 400 euros alors qu'on est payé 280 euros actuellement", ajoute-t-il.

L'effondrement des cours du lait et des viandes bovines et porcines a provoqué tout l'été une fronde des agriculteurs européens, du Royaume-Uni à l'Allemagne, en passant par la France.

en colèreLe ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait demandé fin juillet une réunion extraordinaire avec ses homologues européens, qui devait débuter lundi à 14H30 locales (12H30 GMT).

L'embargo russe sur les produits agricoles, décrété par Moscou en rétorsion aux sanctions prises par les Européens à la suite de la crise ukrainienne, pèse lourd sur les marchés, alors que la Russie était la destination de 10% des exportations agricoles de l'UE.

Le marché du lait souffre plus généralement d'une surproduction au niveau mondial: outre l'absence de débouché en Russie, la faiblesse de la demande en Chine et l'augmentation de la production, notamment au sein de l'UE après la fin des quotas laitiers au 31 mars, ont créé un déséquilibre.

"La scène agricole est une importante composante de l'économie européenne, mais nous n'obtenons pas le prix (juste) pour nos bons produits", a regretté Albert Jan Maat, l'un des dirigeants du Copa-Cogeca, principal syndicat agricole européen, appelant à un dispositif de soutien aux exportations.

- Quel budget pour quelles mesures ? -

Plusieurs options seront examinées lundi par ministres européens.

Avec l'Espagne, l'Italie et le Portugal, la France compte demander une enveloppe pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés, un relèvement du prix d'intervention sur le marché du lait pour la poudre et le beurre, afin de soutenir les cours en dégageant les stocks, ainsi que des mesures de stockage pour le porc.

Actuellement, le mécanisme de soutien se déclenche au prix d'un peu plus de 21 centimes le kilo de lait en poudre. Il a été activé au cours de l'été dans plusieurs pays, notamment la Lituanie et la Finlande, voisins de la Russie et particulièrement touchés par l'effondrement des marchés.

Il s'agit d'un subtil équilibre: une hausse trop significative de l'aide aux producteurs laitiers pourrait créer un effet d'aubaine et, surtout, ne réglerait pas le problème de surproduction.

Phil Hogan, le commissaire européen chargé de l'Agriculture étant souffrant, c'est le vice-président chargé de l'Investissement, Jyrki Katainen, qui présentera les propositions de l'exécutif européen.

M. Hogan s'était dit fin août "réticent" à toucher au prix d'intervention, la Commission étant peu friande d'une intervention directe sur les marchés.

Même si les solutions envisagées divergent, les Européens semblent toutefois s'accorder sur le besoin d'une intervention commune.

Se posera la question du coût des mesures et des ressources disponibles pour les financer.

Le projet de budget de la PAC (politique agricole commune) pour l'an prochain comporte dans sa rubrique "recettes" quelque 440 millions d'euros issus des "super prélèvements", les amendes payées par les producteurs de lait en surproduction par rapport à leurs quotas.

Source : AFP

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