Hillary Clinton, "désolée", joue l'humilité dans l'affaire de sa messagerie

  • Hillary Clinton, ex-secrétaire d'Etat démocrate et candidate aux primaires américaines, le 13 juin 2015 à Roosevelt Island à New York
    Hillary Clinton, ex-secrétaire d'Etat démocrate et candidate aux primaires américaines, le 13 juin 2015 à Roosevelt Island à New York AFP/Archives - TIMOTHY A. CLARY
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Centre Presse Aveyron

Hillary Clinton a longtemps refusé de renier son vote pour la guerre d'Irak. Cette année, l'ex-secrétaire d'Etat démocrate a fini par présenter ses excuses pour son usage d'une messagerie privée, jouant la carte de l'humilité pour calmer une polémique qui enfle depuis six mois.

Dans la mythologie des primaires de 2008, le sénateur Barack Obama avait réussi à battre sa collègue Hillary Clinton en martelant un argument irréfutable: la sénatrice avait voté pour autoriser George W. Bush à envahir l'Irak, en octobre 2002. Pendant des années, elle avait refusé de reconnaître que son vote était, rétrospectivement, une erreur, un mot qu'elle n'a assumé qu'en 2014.

Cette année, avant même l'officialisation de sa seconde tentative, Hillary Clinton a dû faire face aux révélations, en mars, sur son utilisation exclusive d'un serveur et d'une messagerie personnels, à la place du compte gouvernemental, lorsqu'elle était secrétaire d'Etat de 2009 à 2013, soulevant des questions sur la sécurité de ses communications et l'exhaustivité de leur archivage légal.

"Avec le recul, il aurait été mieux que j'utilise un second compte mail", avait-elle dit en mars lors d'une conférence de presse. Dans les mois suivants, elle avait reconnu sa responsabilité, jugé que ce n'était pas "la meilleure décision", présenté ses excuses pour la confusion suscitée, mais elle avait toujours refusé de s'excuser pour une décision qui, martèle-t-elle, n'avait rien d'illégal.

Mardi, elle a enfin cédé et déclaré, dans une interview sur ABC: "C'était une erreur. Je suis désolée, j'en prends la responsabilité".

La déclaration s'est accompagnée d'un message envoyé dans la soirée à ses listes de soutien, et titré "Mon email".

"Je sais que c'est une histoire complexe. J'aurais pu, et j'aurais dû, mieux faire pour répondre aux questions plus tôt", y écrit-elle. Avec un lien vers le site du département d'Etat où des milliers de messages ont été mis en ligne, dans un but de transparence, et après expurgation.

L'équipe Clinton a fait volte-face, vraisemblablement face à l'érosion constante de la cote d'Hillary Clinton.

L'institut de référence Gallup a publié un chiffre choc la semaine dernière: jamais le nombre d'Américains ayant une opinion favorable d'Hillary Clinton n'avait été aussi bas depuis que Gallup a commencé à poser la question, il y a 23 ans, soit 41%, bien loin des 66% dont elle bénéficiait lorsqu'elle était à la tête de la diplomatie.

Elle qui démarra la course en avril avec plus de 60% des intentions de vote des électeurs des primaires se retrouve à 45% en moyenne, selon le Huffington Post, rattrapée et même dépassée dans le stratégique New Hampshire par le sénateur indépendant Bernie Sanders, 74 ans et "socialiste démocrate".

- Cela suffira-t-il ? -

Dans son interview à ABC, Hillary Clinton admet qu'être candidate est "difficile", et laisse sa voix trembler en évoquant le souvenir de sa mère. Elle répond patiemment aux questions, et encaisse poliment quand on lui rappelle que les mots "menteuse" et "indigne de confiance" sont cités par les électeurs dans les enquêtes d'opinion à son égard.

L'espoir affiché est que la transparence mettra fin à la controverse, afin que les sujets de fond de la campagne, et les propositions de la démocrate, inaudibles dans le contexte actuel, reviennent à la Une.

Mais les prochaines semaines ne devraient pas être propices à enterrer l'affaire.

Hillary Clinton est attendue le 22 octobre devant la commission d'enquête sur les attaques contre la mission diplomatique de Benghazi en Libye, en 2012, à la Chambre des représentants, dirigée par les républicains. Hillary Clinton était chef de la diplomatie à l'époque et est accusée de négligence.

Les démocrates ont demandé la dissolution de la commission, dénoncée comme une arme anti-Clinton, mais l'enquête républicaine se poursuit et s'est élargie au serveur de la candidate.

Au Sénat, deux commissions s'intéressent aussi au serveur, et leurs présidents républicains ont annoncé mardi qu'ils envisageaient de proposer l'immunité à l'ex-employé des Clinton chargé d'installer le serveur, Bryan Pagliano, afin de l'inciter à témoigner.

Les plus de 30.000 messages d'Hillary Clinton continueront en outre d'être rendus publics, chaque fin de mois, par paquets, jusqu'à janvier, par le département d'Etat. De quoi alimenter régulièrement une affaire qui n'en finit pas.

Source : AFP

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