Philippe Bobek : «Un lien, à jamais»

  • Joueur puis entraîneur, Philippe Bobek est aujourd’hui dirigeant au Raf.
    Joueur puis entraîneur, Philippe Bobek est aujourd’hui dirigeant au Raf. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Maxime Raynaud

Samedi, Rodez accueille l’OM II, en présence des anciens de l’équipe ruthénoise parvenue jusqu’en demi-finale de la coupe de France, en 1991, et battue par le grand Marseille (4-1). Milieu rugueux et personnage incontournable du Raf, Philippe Bobek en était. 24 ans après, il se souvient et évoque les retrouvailles. Entretien.

Samedi, Rodez accueille l’OM II, en présence des anciens de l’équipe ruthénoise parvenue jusqu’en demi-finale de la coupe de France, en 1991, et battue par le grand Marseille (4-1). Milieu rugueux et personnage incontournable du Raf, Philippe Bobek en était. 24 ans après, il se souvient et évoque les retrouvailles. Entretien.

Demain, l’OM débarque à Paul-Lignon. Une chose plutôt rare. Qu’est-ce que cela vous fait ?

Je suis un fan de l’OM, depuis tout petit. Dans le foot français, c’est un club mythique. Comme Saint-Étienne. Même si ce n’est que du CFA, en terme de football, ça veut dire quelque chose du niveau. Donc pour le club, les joueurs, ça rend ce match important. Et pour le public aussi.

Mais lorsque l’on a affronté Marseille, le simple fait d’entendre «OM» ne donne-t-il pas des frissons ?

Oui. Surtout qu’il faut se replacer dans le contexte. Au début des années 90, c’était le grand OM. Les générations d’aujourd’hui ne peuvent pas s’en rendre compte. Mais c’était quelque chose de fabuleux pour une ville comme Rodez. En plus, les Marseillais revenaient de Belgrade où ils avaient joué et perdu la finale de la Ligue des champions. Il n’y avait que des internationaux.

C’est quelque chose que l’on a pour nous, les joueurs ou les supporters de l’époque. Mais je ne suis pas nostalgique. On garde des choses en nous. C’est comme ce groupe. Personne ne pourra nous l’enlever. Notre époque était complètement différente. Très peu de joueurs vivaient du foot. On s’était retrouvé là un peu par hasard. Mais il y a eu l’alchimie. 

Quelle est la première image qui vous revient de cette demi-finale ?

La préparation. On avait passé trois jours à côté de Marseille. On se préparait à jouer le grand OM mais, en fait, on ne changeait rien à nos habitudes. C’est passé tellement vite. Il fallait se donner, voilà. Michel (Poisson) était un entraîneur hors pair pour cette raison: il arrivait à nous faire oublier le contexte. Que tu sois en D4, D3 ou D2, tu jouais. Peu importe contre qui.

Conservez-vous des regrets de cette rencontre ?

Non. Je me dis que j’ai joué contre de tels joueurs (rires). Et que je ne leur arrivais pas du tout à la cheville. Quand vous avez Chris Waddle ou Abedi Pelé en face... J’ai pu me rendre compte de ce qu’il faut pour arriver à leur niveau. On aurait joué ce match 100 fois, on l’aurait perdu à 99 reprises. Mais on n’a pas été ridicules. En fait, le seul regret, c’est de ne pas avoir joué à Paul-Lignon, pour communier avec notre public (sourire).

Depuis un match face à l’OM Star Club, à Paul-Lignon, au début des années 2000, le groupe de 1991 ne s’était plus retrouvé. Que vous inspirent ces retrouvailles ?

Quand le club m’en a informé, j’ai été emballé immédiatement. C’est vraiment bien car ça arrive à un moment où on est un peu tous sur la pente descendante. Dans notre tête, on est encore jeunes (rires) et on aura plein d’anecdotes à se raconter. Ce qui nous a soudés, ce sont les après-matches. Il y avait une vraie communion. Je n’ou- blierai jamais ces moments. Il n’y avait pas les Yougoslaves d’un côté. Tout le monde était ensemble. Je crois que ça explique ce parcours.

Que reste-t-il de ce lien ?

Il y a toujours des affinités dans un groupe. Mais Michel (Poisson) était le trait d’union. Il fédérait. Chacun a fait sa vie depuis. Mais ce lien, lui, restera. À jamais. J’espère que ce rassemblement débouchera sur d’autres choses, sur d’autres retrouvailles, et que d’autres personnes se grefferont à cela. Ce qui me surprend, c’est que lorsqu’on passe à Rodez, on en garde quelque chose au fond de soi. Pourquoi ? Je ne sais pas car c’est mon club depuis la catégorie minimes. Mais il laisse une trace chez les gens.

Si vous aviez un message à adresser à l’équipe actuelle, au sein de laquelle joue l’un de vos fils Hugo (Tom évolue en réserve), quel serait-il ?

Il ne faut jamais baisser les bras, il faut travailler. Et se dire les choses, en permanence. Nous, en 1991, il y a eu des moments où on se chamaillait. Pour avancer, on en a besoin. La venue de Laurent Peyrelade, qui est quelqu’un de très ouvert, amène une vision très technique. Mais ça ne peut pas se faire en un jour. Il faut l’accepter. Aujourd’hui, on a moins le temps. Michel (Poisson) a construit, nous a laissé mûrir. Il y a un groupe intéressant actuellement. Mais sans unité, à Rodez, on ne peut arriver à rien.

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