Des questions majeures sur le retour en Europe d'Abaaoud, mort à Saint-Denis

  • La police scientifique cherche des éléments près du bâtiment à Saint Denis pris d'assaut le 18 novembre 2015
    La police scientifique cherche des éléments près du bâtiment à Saint Denis pris d'assaut le 18 novembre 2015 AFP - ERIC FEFERBERG
  • Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki
    Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki DABIQ/AFP - -
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    Abdelhamid Abaaoud AFP - S.Blanchard/V.Lefai, vl/abm
  • Une photo récente de Samy Animour, fournie par sa famille le 16 novembre 2015 Une photo récente de Samy Animour, fournie par sa famille le 16 novembre 2015
    Une photo récente de Samy Animour, fournie par sa famille le 16 novembre 2015 Amimour family/AFP - HO
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Centre Presse Aveyron

Les services antiterroristes français et belges vont devoir comprendre et expliquer comment une des têtes d'affiche des jihadistes francophones, Abdelhamid Abaaoud, tué mercredi près de Paris, a pu rentrer de Syrie sans être repéré.

L'analyse de ses empreintes digitales a permis jeudi de confirmer les soupçons des enquêteurs selon lesquels le corps criblé de balles dans un appartement de Saint-Denis pris d'assaut, était bien celui de ce Belgo-Marocain.

. Abdelhamid Abaaoud était bien à Paris, qui est l'autre cadavre de Saint-Denis?

. Un des corps retrouvés à Saint-Denis est bien celui d'Abdelhamid Abaaoud. Aussi stupéfiante qu'elle pouvait paraître, l'hypothèse de la présence de cet homme en région parisienne était prise très au sérieux par les enquêteurs depuis lundi soir, quand ils avaient été dirigés par un renseignement notamment marocain vers un appartement du centre de Saint-Denis, au nord de Paris. Ils ont ensuite effectué des recoupements par la téléphonie.

Un élément laisse penser qu'une femme de la famille d'Abaaoud - sa cousine Hasna Ait Boulahcen - a pu se trouver dans ce secteur. Est-ce elle qui s'est fait exploser mercredi? Pour les policiers ayant donné l'assaut, la personne kamikaze est sans doute une femme. Dans un enregistrement diffusé par plusieurs chaînes, on l'entend crier deux fois "C'est pas mon copain" d'une voix haut perchée. Difficile pour autant d'affirmer à l'oreille qu'il s'agit d'une femme. Ce sont les analyses scientifiques, très difficiles, sur les restes de la personne kamikaze, qui donneront une réponse définitive.

. Comment Abaaoud a-t-il pu se trouver en Europe?

. Condamné pour des faits de terrorisme en Belgique, connu des services comme le loup blanc, il est décrit par la justice française comme l'"inspirateur de très nombreux projets d'attentats ou attentats terroristes en Europe". Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a indiqué qu'Abaaoud avait été impliqué dans quatre des six attentats déjoués en France depuis le printemps 2015. Des connaisseurs de l'antiterrorisme ne sont toutefois pas stupéfaits par l'hypothèse d'allers-retours entre la Syrie et l'Europe. Selon un proche de l'enquête, un téléphone qu'il utilisait a été repéré en Grèce en janvier, au moment des attentats déjoués de la cellule de Verviers en Belgique.

Adepte des rodomontades et des provocations sur le net, Abaaoud, alias Abou Omar al-Baljiki ("le Belge"), a donné un entretien dans l'édition de février de Dabiq, magazine numérique en anglais de l'Etat islamique. Il y expliquait être parvenu à se rendre en Belgique avec deux autres Belges dans le but de "terroriser les croisés". Leur périple aurait pris des mois et ses deux compagnons avaient été tués le 16 janvier par les forces de sécurité belges, selon ses dires. Mais lui serait passé au travers des mailles du filet. "Mon nom et ma photo étaient dans tous les journaux et pourtant je suis parvenu à rester dans leur pays, à planifier des opérations contre eux et à partir sain et sauf quand cela est devenu nécessaire".

Mais ce loupé est-il le seul? Quelles routes ont empruntées sans attirer l'attention les membres du commando venus des terres de jihad syrien? Quand il y est parti, Samy Amimour était placé sous contrôle judiciaire, mis en examen pour des velléités de départ au Yemen. Comment a-t-il pu partir et revenir sans jamais être repéré? D'autres protagonistes de ce dossier judiciaire sont-ils aussi partis? Pourquoi les Belges n'ont pas prévenu les Français que les frères Abdeslam figuraient sur leurs fichiers antiterroristes?

. Encore des doutes sur la composition des commandos

. Quel a été le rôle d'Abaaoud le 13 novembre? Etait-il le chef d'orchestre d'attentats minutieusement exécutés et déclenchés? Y a-t-il participé directement, comme un des tireurs du commando des terrasses? Les enquêteurs tenteront de voir si son ADN ou ses empreintes apparaissent, notamment sur l'une des trois kalachnikov retrouvées dans la Seat des tueurs.

Pour l'instant, seules celles de Brahim Abdeslam ont été identifiées sur un fusil d'assaut. Son cadet, Salah, introuvable depuis qu'il a sans doute été exfiltré par deux complices présumés inculpés en Belgique, était-il le troisième homme? Il a loué plusieurs voitures du commando, sa carte a servi à payer des hôtels. A-t-il aussi convoyé les kamikazes du Stade de France dans la Clio retrouvée dans le XVIIIe ?

Outre Brahim Abdeslam qui s'est fait exploser boulevard Voltaire, trois kamikazes ont été identifiés. Au Bataclan, il s'agit de deux Français sans doute partis ensemble en Syrie fin 2013, Amimour et Omar Ismaïl Mostefaï. Bilal Hadfi a déclenché sa ceinture explosive aux abords du Stade de France. Un autre kamikaze de l'enceinte sportive, a été identifié comme un homme qui s'est mêlé au flot des migrants, dont l'identité réelle reste inconnue. Restent à identifier deux kamikazes, qui ont agi au Bataclan et au Stade de France.

Mercredi, sept hommes et une femme ont été arrêtés. Trois (dont la femme et un homme blessé) ont pu jouer un rôle dans la fourniture du logement. L'identité des cinq autres est en cours de vérification. Aucun n'est Salah Abdeslam.

Source : AFP

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