Les Aveyronnais sollicités pour faire échec au terrorisme

  • Surveillance, collecte de renseignements... Une mission régalienne de la police et de la gendarmerie à laquelle tout un chacun est appelé à contribuer, à sa mesure, au nom du sens civique.
    Surveillance, collecte de renseignements... Une mission régalienne de la police et de la gendarmerie à laquelle tout un chacun est appelé à contribuer, à sa mesure, au nom du sens civique. archives José A. Torres / Centre Presse
Publié le , mis à jour
Christophe Cathala

Sécurité. L’État appelle les citoyens à l’aider en fournissant des signalements propres à prévenir les actes terroristes. Une méthode bien acceptée en Aveyron où fonctionnent les remontées d’information.

Parce que «l’Aveyron n’est pas une île entourée de terre» selon une expression largement répandue, le département ne saurait être épargné par le terrorisme, sinon pour subir ses manifestations les plus violentes, du moins pour abriter ici ou là actes préparatoires, prosélytisme, foyers de radicalisation ou discrets refuges. L’état d’urgence a élevé la sécurité du territoire en priorité absolue et s’emploie à marquer les esprits au-delà de la légitime émotion suscitée par les récents événements: si les services de l’État sont mobilisés tous azimuts depuis un an déjà, les citoyens sont invités à prendre part à un dispositif de prévention d’autant plus nécessaire "que les terroristes n’hésitant pas à sacrifier leur vie, il est primordial d’entraver leurs actions en amont".

"Attention, il ne s’agit pas de renseignement mais de signalement"

Le préfet Louis Laugier en appelle ainsi au sens civique des Aveyronnais sur lequel il "sait pouvoir compter" au terme de trois mois de rencontres sur le terrain. Concrètement, il s’agit là d’un appel à collaborer avec les autorités (police et gendarmerie en premier lieu) en fournissant tout renseignement susceptible d’identifier des individus manifestant un comportement inquiétant, soutenant des propos sans équivoque, etc. Et de guetter l’environnement quotidien "car le département peut très bien servir de passage, voire de base arrière" à des terroristes, leurs complices ou supposés tels.

"Attention, il ne s’agit pas de renseignement mais de signalement", modère Louis Laugier pour qui "l’appui et l’aide des citoyens ne doivent pas détériorer le lien qui unit les personnes... Et passé le temps de l’émotion, il faut travailler dans la durée, pour la sécurité de tous". N’est-on pas aux portes de la délation qui a marqué les heures les plus sombres de notre histoire? "Cela n’a rien à voir, c’est un acte de civisme, d’autoprotection que nous demandons aux Aveyronnais, plaide le préfet. On comprend bien l’utilité de ces informations, elles nous permettent aussi de protéger les gens contre eux-mêmes", entendez par là éviter à nos concitoyens de céder à la tentation de partir en Syrie ou ailleurs se former au passage à l’acte.

Remontées d’informations: le sens de la mesure

Le public le mieux ciblé pour entreprendre ce «coup de pouce» à la prévention du terrorisme? "La population agricole, ou vivant en tout cas en milieu rural, car elle maille bien le territoire et connaît particulièrement bien son environnement. Cette méthode marcherait-elle en milieu urbain? Je ne sais pas". Zones urbaines ou rurales, elle fonctionne néanmoins.

"Cet appel a déjà donné lieu à des informations qui sont remontées dans nos services, note Louis Laugier sans en livrer la nature. Ces signalements l’ont été de manière mesurée, avec la retenue qui convient. La population semble avoir pris conscience de l’intérêt de cette méthode et il est réconfortant de voir que le message est accepté et qu’il est relayé de manière fine".