Migrants: Juncker reçoit le président chypriote qui menace de bloquer le plan UE-Turquie

  • Une photo fournie par le gouvernement chypriote montre le président Anastasiades (à droite) en conférence de presse avec le président du Conseil européen Donald Tusk à Nicosie le 15 mars 2016
    Une photo fournie par le gouvernement chypriote montre le président Anastasiades (à droite) en conférence de presse avec le président du Conseil européen Donald Tusk à Nicosie le 15 mars 2016 PIO/AFP - STAVROS IOANNIDES
  • De jeunes migrants à la frontière gréco-macédonienne, près du village d'Idomeni (Grèce), le 15 mars 2016
    De jeunes migrants à la frontière gréco-macédonienne, près du village d'Idomeni (Grèce), le 15 mars 2016 AFP - DANIEL MIHAILESCU
  • Des migrants à la frontière gréco-macédonienne, le 15 mars 2016
    Des migrants à la frontière gréco-macédonienne, le 15 mars 2016 AFP - DANIEL MIHAILESCU
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Centre Presse Aveyron

A la veille d'un sommet décisif UE-Turquie sur la crise des migrants que Nicosie menace de torpiller, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker reçoit mercredi le président chypriote Nicos Anastasiades.

Le président du Conseil européen Donald Tusk s'est heurté mardi de plein fouet aux réticences chypriotes et a reconnu, à l'issue d'un entretien à Ankara avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, que le chemin vers un accord restait semé de nombreuses embûches.

"Ce n'est pas une tâche facile et nous devons faire ça correctement. Il est clair qu'il reste encore un gros travail à faire", a-t-il dit.

Plus tôt, à Nicosie, M. Anastasiades avait redit au dirigeant européen que son pays n'avait "pas l'intention d'approuver l'ouverture de nouveaux chapitres" dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE si Ankara ne respectait "pas ses obligations".

Cette relance figure en bonne place des contreparties exigées par la Turquie.

"Il est déplacé, contre-productif, pour ne pas dire inacceptable de déplacer le poids de la responsabilité de la crise des migrants sur mes épaules ou sur celles de la République de Chypre", a déclaré M. Anastasiades après sa rencontre avec M. Tusk.

Outre cette menace chypriote, M. Tusk a lui-même concédé que la question de la légalité du plan mis sur la table la semaine dernière restait "problématique". "La proposition turque établie avec l'Allemagne demande encore à être rééquilibrée, afin qu'elle puisse être acceptée par les 28 Etats membres et les institutions européennes", a-t-il dit.

Le plan prévoit la réadmission en Turquie de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce, y compris les demandeurs d'asile syriens fuyant la guerre dans leur pays. En échange, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, à accepter un demandeur d'asile syrien sur leur territoire.

L'ONU et de nombreuses ONG ont jugé ce dispositif contraire au droit international.

En plus de l'accélération des discussions d'adhésion, la Turquie exige le doublement de trois à six milliards d'euros de l'aide promise par l'UE pour l'accueil des migrants et la levée dès la fin juin des visas imposés à ses citoyens voulant voyager dans l'UE.

- 'Catalogue' -

"Nous avons établi aujourd'hui un catalogue de points à régler si nous voulons parvenir à un accord d'ici à vendredi", a dit M. Tusk à Ankara.

Les relations entre l'UE et la Turquie restent perturbées par la question de Chypre, divisée en deux depuis l'invasion de la partie nord de l'île par la Turquie en 1974 en réaction à un coup d'Etat nationaliste qui visait à rattacher Chypre à la Grèce.

La République de Chypre, membre de l'UE mais non reconnue par Ankara, bloque six chapitres clés de ces négociations depuis 2009, gelant de facto le processus d'adhésion. De son côté, Ankara interdit ses ports et ses aéroports aux navires et aux avions en provenance directe de la partie sud de Chypre.

Les espoirs d'accord ont toutefois récemment grandi, avec la reprise des négociations entre dirigeants chypriotes grecs et turcs en mai 2015 sous l'égide de l'ONU.

Le projet d'accord sur les migrants suscite par ailleurs les doutes de certains pays européens, qui s'inquiètent de la dérive autoritaire du régime du président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan.

La France prônera à Bruxelles jeudi une "coopération efficace" avec Ankara mais refusera "le moindre chantage" de la Turquie, a affirmé mardi son Premier ministre Manuel Valls.

M. Davutoglu s'en est défendu mardi soir. "Nous n'avons jamais marchandé pour de l'argent (...) il n'y aura pas de changement de la politique humanitaire de la Turquie même si personne ne nous donne un centime", a-t-il assuré.

Sur le terrain, la tension est restée vive mardi à la frontière gréco-macédonienne.

Quelque 1.500 réfugiés et migrants qui avaient réussi lundi à franchir cette frontière close depuis une semaine ont été renvoyés en Grèce, selon les autorités macédoniennes.

Ces renvois ont manifestement surpris la Grèce, dont le Premier ministre Alexis Tsipras a qualifié de "criminelle" l'attitude des organisateurs de la tentative de passage de lundi.

"Nous estimons qu'il est exclu que la route des Balkans rouvre", a-t-il prévenu, appelant les quelque 12.000 réfugiés et migrants massés dans le camp de fortune d'Idomeni à en prendre acte.

Source : AFP

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