Traité Tafta: Valls hausse le ton, à l'unisson de la classe politique

  • Le Premier ministre Manuel Valls, sur le perron de l'hôtel Matignon à Paris, le 22 avril 2016
    Le Premier ministre Manuel Valls, sur le perron de l'hôtel Matignon à Paris, le 22 avril 2016 AFP/Archives - THOMAS SAMSON
  • Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll à l'Assemblée nationale à Paris le 26 avril 2016
    Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll à l'Assemblée nationale à Paris le 26 avril 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
  • Données sur le volume et la répartition des échanges commerciaux entre l'Union européenne et les Etats-Unis
    Données sur le volume et la répartition des échanges commerciaux entre l'Union européenne et les Etats-Unis AFP/Archives - Simon MALFATTO, Tamara HOHA
Publié le
Centre Presse Aveyron

Manuel Valls a fermement signifié mardi le refus de la France de conclure à tout prix le traité de libre-échange entre l'UE et les Etats-Unis, le fameux "Tafta" rejeté par la quasi-totalité de la classe politique française, de la gauche au Front national.

Cette mise au point française intervient au moment où le président Barack Obama fait monter la pression, soucieux de voir les négociations aboutir avant son départ de la Maison Blanche en janvier 2017.

Le Premier ministre s'est voulu "très clair": le traité, qui vise à supprimer les barrières douanières et règlementaires entre les Etats-Unis et l'UE, "ne pourra pas aboutir s'il n'apporte pas les garanties que le niveau d'exigence que nous avons en France pour la santé et l’environnement de nos concitoyens sera maintenu".Et de souligner: "aujourd'hui nous sommes trop loin du compte".

A peu près au même moment, devant l'Assemblée nationale, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll répétait un message identique: "il n'y aura aucun droit donné à la remise en cause" des indications géographiques protégées (IGP), "qui sont la caractéristique de notre agriculture".

Pas question pour le ministre que ces IGP, véritables trésors du terroir (roquefort, cognac, brie, chablis...), deviennent de vulgaires noms génériques. "Sur les grandes questions de normes sanitaires, si nous n'obtenons pas les garanties nécessaires, il n'y aura pas de traité transatlantique. Les choses sont claires", a insisté Stéphane Le Foll.

Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl, qui suit les négociations pour la France, a de son côté estimé que la possibilité de conclure un accord "s'éloign(ait)". "Il n'y a pas de frénésie ni française ni européenne à signer à n'importe quel prix, n'importe quoi", a-t-il assuré.

- Hollande : la France "peut toujours dire non" -

Ce véritable tir de barrage français se produit au lendemain d'une visite en Allemagne du président américain, qui a plaidé avec Angela Merkel en faveur d'une conclusion rapide. La chancelière Merkel lui a fait écho en déclarant qu'il fallait "utiliser la chance" de cette "fenêtre de tir serrée".

Au-delà du gouvernement, la défiance à l'égard du Tafta est très grande dans la classe politique, gauche et droite pour une fois confondues.

Un tel traité ne saurait "porter atteinte ni à notre souveraineté, ni à nos standards sanitaires, écologiques et sociaux, ni à la croissance de nos entreprises", a souligné le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

"Ce traité est négocié dans notre dos. C'est un scandale démocratique. Nous n'en avons jamais vu une seule ligne", témpêtait début mars Bruno Le Maire (Les Républicains), candidat à la primaire pour 2017.

"Le gouvernement français doit stopper ces négociations et refuser ce projet ainsi que son frère jumeau, l’accord CETA avec le Canada", a lancé lundi le cofondateur du Parti de Gauche et candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon.

Quant au Front national, il réclame un "retrait pur et simple" de la France des négociations.

Le président François Hollande avait lui-même adressé le 14 avril une mise en garde, soulignant que la France "peut toujours dire non" aux négociations. "S'il n'y a pas de réciprocité, s'il n'y a pas de transparence, si pour les agriculteurs il y a un danger, si on n'a pas accès aux marchés publics et si en revanche les Etats-Unis peuvent avoir accès à tout ce que l'on fait ici, je ne l'accepterai pas", avait-il averti.

Un thème à ne pas négliger en période électorale. Un visiteur de l'Elysée n'en disconvient pas, estimant en substance que la défense des points de vue français pourrait permettre à François Hollande de se relégitimer à gauche. Il en va du "modèle social et productif" de l'Europe, ajoute cette source.

L'accord de libre-échange UE-USA, pour être définitivement approuvé, devra recevoir l'approbation des 28 Etats membres de l'UE, ainsi que du Parlement européen.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?