L’œuvre de Fernand Pouillon se dévoile au public ruthénois

  • Catherine Sayen fut la dernière compagne de Fernand Pouillon. Elle présente ici certains des dessins exposés à Belcastel.
    Catherine Sayen fut la dernière compagne de Fernand Pouillon. Elle présente ici certains des dessins exposés à Belcastel. Joël Born
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Joël Born

On lui doit en Aveyron la sauvegarde du château de Belcastel. À l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, une vingtaine d’intervenants français et étrangers évoqueront l’œuvre considérable du bâtisseur de la reconstruction d’après-guerre. 

Fernand Pouillon, à qui l’on doit la sauvegarde du château de Belcastel, était un architecte de premier plan. Un grand bâtisseur de la reconstruction d’après-guerre, qui s’engageait pour «un monde plus beau», mais dont l’œuvre reste méconnue et la vie parfois caricaturée.

Et c’est bien justement pour promouvoir Pouillon le méconnu et le méconnu de Pouillon que l’association «Les Pierres sauvages de Belcastel» organise, depuis 20 ans, voyages découvertes, expositions, rencontres internationales... Catherine Sayen en est sa présidente.

«Un enseignement pour réfléchir» 

Elle fut la dernière compagne de Fernand Pouillon, de 1982 à 1986, année de sa mort à Belcastel. Héritière spirituelle de celui qui lui a enseigné l’architecture et donné la passion des livres, alors qu’elle préparait sa thèse d’urbanisme, elle est devenue la conservatrice en chef de l’œuvre considérable de Pouillon, sur laquelle elle écrit actuellement un ouvrage.

«L’enseignement de Pouillon est un enseignement pour réfléchir, témoigne-t-elle. Il concevait les projets mentalement. Avec la volonté de mettre les choses en harmonie, en se rattachant aux principes des grands bâtisseurs.»

Responsabilité sociale

À l’occasion du 30e anniversaire de la mort de cet humaniste pour lequel «le logement était toujours social», l’association présente, jusqu’au 22 mai, une fort intéressante exposition, à la Maison des associations de Belcastel, et organise les Entretiens Fernand Pouillon, ce vendredi 13 mai, à partir de 9h45, au centre culturel départemental, à Rodez.

Une vingtaine d’intervenants français et étrangers s’interrogeront sur l’héritage de Pouillon (il a construit l’équivalent d’une ville de 80 000 habitants et projeté sans les réaliser des millions de m²) et le rôle social de l’architecte (il parlait de responsabilité sociale) à travers de grandes thématiques : le logement comme un enjeu de société; l’éthique du métier ; l’urbanisme dans une logique de territoire; l’exigence d’une construction sociale. Après les débats, Gilles Trégouët, l’un des architectes catalans de RCR Arquitectes, et le conservateur Benoît Decron, évoqueront la composition architecturale du musée Soulages. Une réalisation que Fernand Pouillon aurait certainement appréciée.

Homme de culture

Pouillon dérangeait. Parce qu’il osait dire les choses, casser certains codes, certaines pratiques, afin de construire plus beau, plus vite et moins cher. Ce qui lui valut pas mal d’inimitiés. Homme de culture(s) et de savoir(s), pour lequel «la contemplation de la beauté était une activité indispensable à la vie», il fut aussi éditeur, un «architecte du livre», et un talentueux écrivain, auteur de deux livres majeurs, Les Pierres sauvages et Mémoires d’un architecte.

Au Jardin de Flore, il s’est attaché à rééditer des œuvres prestigieuses. Avec le souci de mettre entre les mains de «gens ordinaires», des «ouvrages extraordinaires.» Dans sa maison d’édition de la Place des Vosges, Fernand Pouillon faisait appel aux meilleurs artisans pour imprimer ces livres.

Plusieurs illustrations, qui accompagnent ces ouvrages, sont actuellement exposées à Belcastel. Dont des phototypies imprimées sur une presse à bras, devenue, depuis, la propriété d’un Decazevilllois; ainsi que des dessins de Pouillon illustrant sa luxueuse réédition des Pierres sauvages, ce classique sur l’art de construire des moines cisterciens, qui fait référence, dans le monde entier.

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