SNCF: le conflit se durcit dans un contexte social tendu

  • Des voyageurs dans la gare de Saint-Charles à Marseille en fin d'après-midi, le 31 mai 2016
    Des voyageurs dans la gare de Saint-Charles à Marseille en fin d'après-midi, le 31 mai 2016 AFP - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
  • Rail : prévisions de trafic
    Rail : prévisions de trafic AFP - Alain BOMMENEL, Valentina BRESCHI
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Centre Presse Aveyron

La situation se complique encore pour le gouvernement: le conflit sur le temps de travail des cheminots se télescope de nouveau avec la fronde contre la loi travail avec une nouvelle grève à la SNCF, cette fois illimitée, entamée mardi soir.

La grève s'annonce relativement forte mercredi, alors que le gouvernement cherche une sortie de crise après trois mois de grèves et manifestations, tout en affirmant sa volonté de ne pas reculer sur la loi travail. Reculer serait "une faute politique", a répété Manuel Valls mardi.

A dix jours de l'ouverture de l'Euro de football, dont la SNCF est transporteur officiel, le gouvernement a exercé des pressions ces derniers jours pour que la SNCF cède à quelques revendications syndicales.

Si la CFDT a levé son préavis, l'appel à la grève CGT-SUD-Unsa a été maintenu et, selon la SNCF, seulement 40% des Transiliens, le tiers des Intercités et la moitié des TER circuleront mercredi, huitième journée de grève depuis début mars au sein du groupe. Les TGV ne seront pas épargnés, avec 60% de trains prévus.

Mardi soir, le mouvement entamé à 19H00 n'entraînait que peu de perturbations à la gare Saint-Charles, à Marseille, où les trains annulés ont été remplacés par des cars. "Ce devrait être pire demain", estimait un agent SNCF, tandis que des voyageurs attendaient leur train dans le calme.

Jean, retraité depuis un an, s'est "rabattu sur un car" pour rentrer à Montpellier avec son fils mais dit "prendre son mal en patience" et "soutenir de plein coeur le mouvement, et surtout la CGT".

La CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, a demandé mardi soir au gouvernement d'obtenir la "réouverture immédiate" de la négociation menée avec toutes les entreprises de la branche ferroviaire pour bâtir une convention collective unique au secteur (fret/voyageurs, SNCF/privé) en vue de l'ouverture élargie à la concurrence à partir de 2020.

L'UTP (regroupant SNCF et entreprises privées) considère les discussions closes et a transmis aux syndicats un projet d'accord, ouvert à signature jusqu'au 8 juin.

Les négociations menées parallèlement au sein de la SNCF pour rendre l'organisation du travail plus flexible sont entrées dans leur phase finale. "J'ai souhaité qu'on accélère" les discussions, a expliqué le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, aux manettes des négociations tout le week-end, au point de mettre "la direction SNCF hors-jeu", selon la CGT.

Lors de ces tractations, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, "n'a pas menacé de démissionner", assure M. Vidalies pour tenter de couper court aux rumeurs.

"Aujourd'hui le sujet n'est pas à l'ordre du jour", estime le Premier ministre.

- Des avancées pour l'Unsa -

La CGT-Cheminots et SUD-Rail ont été laissés à l'écart de ces négociations de dernière minute.

L'Unsa, qui saluait lundi "des avancées", a néanmoins décidé mardi soir de "rester dans le mouvement dans l'attente du projet d'accord" que doit formaliser la SNCF, selon Roger Dillenseger.

Le texte arraché par le gouvernement à la SNCF préserve globalement les règles actuelles, notamment les repos hebdomadaires des conducteurs.

Mais il prévoit aussi la possibilité, pour les seuls syndicats signataires, de négocier des accords dérogatoires lorsque les "conditions économiques locales ou sectorielles particulières le justifient".

Dans les transports, d'autres mouvements sont annoncés: jeudi à la RATP à l'initiative de la CGT (rejointe le 10 juin par SUD) pour demander la réouverture des négociations salariales et le retrait du projet de loi travail. Mais seules de légères perturbations sont attendues.

Dans l'aérien, les négociations entre la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et l'ensemble des syndicats n'ont pas abouti mardi à une levée des préavis déposés pour les 3, 4 et 5 juin mais le dialogue "n'est pas rompu" et les discussions vont continuer.

Parallèlement, le SNPL, syndicat de pilotes majoritaire à Air France, a voté pour le principe d'une grève dure en juin contre des mesures de productivité.

Sur le front des carburants en revanche, l'Union française des industries pétrolières faisait état d'une "très nette amélioration", même si dans plusieurs régions, des entreprises de construction étaient en rupture de ravitaillement et tournaient pour certaines au ralenti.

Source : AFP

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