La manifestation à Paris jeudi interdite, tollé syndical

  • La police anti-émeute lors d'une manifestation contre la loi travail, le 14 juin 2016
    La police anti-émeute lors d'une manifestation contre la loi travail, le 14 juin 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
  • Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez (g) et de Force Ouvrière  Jean-Claude Mailly (d), lors d'un défilé le 1er mai 2016 à Paris
    Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez (g) et de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly (d), lors d'un défilé le 1er mai 2016 à Paris AFP/Archives - MIGUEL MEDINA
  • Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'adresse aux journalistes le 20 juin  2016, à Paris
    Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'adresse aux journalistes le 20 juin 2016, à Paris AFP/Archives - THOMAS SAMSON
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Centre Presse Aveyron

Le gouvernement a mis sa menace à exécution: la manifestation parisienne prévue jeudi par les opposants à la loi travail a été interdite, une mesure exceptionnelle qui a aussitôt provoqué un tollé politique et syndical, y compris à la CFDT, favorable au projet de loi.

Après deux jours de tractations avec les syndicats, le préfet de police de Paris a finalement annoncé mercredi matin l'interdiction du défilé, une première depuis la manifestation du 8 février 1962 organisée par des centrales syndicales pour la paix en Algérie.

Les "représentants des syndicats refusant catégoriquement la tenue d'un rassemblement statique et formulant ensuite des propositions alternatives d'itinéraires" qui n'ont pu faire l'objet d'un consensus, le préfet de police "considère qu'il n'a pas d'autre choix que d'interdire la tenue de la manifestation", a indiqué la préfecture de police dans un communiqué.

Les secrétaires généraux de la CGT et de Force ouvrière, Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, devaient être reçus, à leur demande, à 11H00 par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Dans la foulée, les sept organisations à l'initiative de la nouvelle journée de mobilisation (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) ont annoncé une conférence de presse à 12H30 au siège de la CGT à Montreuil, près de Paris.

Depuis "1958, on n'a pas eu d'interdiction de manifestation pour une confédération syndicale (...). Si c'était le cas, la France rejoindrait le peloton de certains pays qu'on ne peut pas qualifier de démocratie", avait souligné Jean-Claude Mailly, un peu plus tôt, en fustigeant sur RMC "un Premier ministre enferré dans son autoritarisme".

"La prochaine étape c'est peut-être qu'il nous arrête", avait-il ironisé.

Même la CFDT, principal soutien du gouvernement sur le projet de loi travail, a condamné cette décision. "Si la CFDT ne partage pas sur le fond la position des organisations qui appellent à la mobilisation, elle défend leur droit à manifester pour l’exprimer", a-t-elle dit dans un communiqué.

L'Elysée s'est défendu de toute décision politique. L'interdiction de la manifestation est "une décision de gestion opérationnelle de l'ordre public" et ne relève pas d'un "arbitrage" du président de la République, a-t-on indiqué mercredi dans l'entourage de François Hollande.

Les critiques ont fusé à gauche. "Je considère, et je pèse vraiment mes mots, que c'est une faute historique", a réagi le député socialiste Christian Paul, chef de file des "frondeurs". "Un acte extrêmement grave", a renchéri Aurélie Filippetti, Pierre Laurent (PCF) exprimant de son côté sa "stupéfaction".

- Une décision 'mortifère' pour la gauche -

Dès mardi, plusieurs députés socialistes s'étaient inquiété qu'un gouvernement de gauche puisse interdire une manifestation. L'interdiction ferait de la CGT "le bouc émissaire et la victime de la gauche au pouvoir" et serait "mortifère pour l'histoire et notre culture de gauche", avait mis en garde le député Pascal Terrasse.

Marine Le Pen, la présidente du Front national, a dénoncé sur son compte Twitter une "atteinte grave à la démocratie".

En revanche, le gouvernement a reçu le soutien de François Fillon, pour qui "la raison l'a emporté".

Après les violences du 14 juin, le ton s'était nettement durci entre gouvernement et syndicats, en lutte depuis mars contre une réforme du droit du travail qu'ils jugent trop favorable aux employeurs et dangereuse pour les droits des salariés.

Les uns et les autres se sont renvoyé la responsabilité des incidents et dégradations provoquées par les casseurs. Le Premier ministre Manuel Valls a reproché à la CGT son "attitude ambiguë", Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly mettant en doute les consignes données aux forces de police.

François Hollande et le gouvernement ont alors brandi la menace d'une interdiction de manifester dans la capitale.

"Ne faisons pas comme si la forme de la manifestation était devenue un enjeu de la démocratie", a déclaré la ministre de la Santé, Marisol Touraine, en estimant que les syndicats avaient tendance à tout tourner "en opposition politique".

Jeudi, pour la nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail, examinée au Sénat jusqu'à vendredi avant un vote le 29, manifestations et arrêts de travail sont programmés un peu partout dans le pays.

Source : AFP

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