Les indépendantistes hongkongais défient Pékin dans les urnes

  • Un homme installe les banderoles de campagne à Hong Kong, le 4 septembre 2016
    Un homme installe les banderoles de campagne à Hong Kong, le 4 septembre 2016 AFP - Anthony WALLACE
  • Des électeurs entrent dans un bureau de vote à Hong Kong, le 4 septembre 2016
    Des électeurs entrent dans un bureau de vote à Hong Kong, le 4 septembre 2016 AFP - Anthony WALLACE
  • Un couple devant une banderole indiquant la direction des bureaux de vote, à Hong Kong le 4 septembre 2016
    Un couple devant une banderole indiquant la direction des bureaux de vote, à Hong Kong le 4 septembre 2016 AFP - Anthony WALLACE
  • Des affiches électorales à Hong Kong, le 4 septembre 2016
    Des affiches électorales à Hong Kong, le 4 septembre 2016 AFP - Anthony WALLACE
Publié le
Centre Presse Aveyron

Une nouvelle génération de militants prônant une rupture radicale avec Pékin se présentait dimanche devant les Hongkongais, à l'occasion des plus importantes élections dans l'ex-colonie britannique depuis les grandes manifestations prodémocratie de 2014.

Le scrutin législatif de dimanche doit permettre de jauger le poids électoral de cette mouvance auprès des quelque 3,7 millions d'électeurs qui ont commencé à se rendre aux urnes dès 7h30 (23H30 GMT samedi).

Les élections au Conseil législatif (LegCo, l'équivalent d'un Parlement) interviennent alors que de nombreux habitants ont le sentiment que Pékin veut renforcer son emprise sur la ville semi-autonome, dans les domaines politique, culturel ou encore éducatif.

Si le camp prodémocratie perd seulement quatre sièges, il devra renoncer à la minorité de blocage dont il dispose dans une assemblée qui penche déjà largement du côté de Pékin.

Malgré plus de deux mois de blocage de quartiers entiers de l'ex-colonie britannique à l'automne 2014, le "Mouvement des parapluies" avait échoué à obtenir la moindre concession de la Chine en matière de réformes politiques.

Sur les cendres de cette révolte, était né le mouvement dit "localiste" qui cherche à prendre ses distances avec la Chine. Aujourd'hui, une nouvelle génération demande l'indépendance pure et simple, tandis que d'autres militent pour l'autodétermination du territoire repassé en 1997 sous tutelle chinoise.

La décision des autorités de la ville d'interdire la candidature de cinq partisans de la rupture avec Pékin - au motif que militer pour l'indépendance serait illégal - n'a fait que galvaniser les ardeurs.

Beaucoup de Hongkongais craignent que les libertés dont dispose Hong Kong en vertu de l'accord sur la rétrocession sont en train de s'éroder. L'affaire des libraires hongkongais disparus alors qu'ils publiaient des titres salaces sur la classe politique chinoise, puis réapparus en Chine cet hiver, en est une illustration.

Certains sondages avancent que jusqu'à 17% des Hongkongais plébiscitent la rupture avec la Chine.

Des militants prônant l'autodétermination - pour ne pas utiliser le terme "indépendance" - ont pu déposer leur candidature. Un ou deux ont une chance d'être élus.

-Système électoral compliqué-

L'analyste hongkongais Joseph Cheng a dit à l'AFP qu'il s'attendait à voir de nouveaux visages au LegCo.

"Cette élection se caractérise en grande partie par des changements intergénérationnels de dirigeants politiques".

De nombreux Hongkongais restent convaincus que l'indépendance est une chimère.

"C'est trop idéaliste et irréaliste", juge Wilson Vai, électeur âgé de 21 ans, qui soutient le camp prodémocratie.

Le mouvement indépendantiste a fait bouger les lignes politiques mais cela reste insuffisant pour conquérir le LegCo. Celui-ci compte 70 membres désignés selon un système alambiqué qui garantit presque à coup sûr une majorité au bloc pro-Pékin.

Trente-cinq membres sont élus au suffrage universel direct. Trente sont désignés par des groupes socio-professionnels acquis à la Chine continentale tandis que cinq "super sièges" sont réservés à tous les électeurs, à l'exception des membres des groupes socio-professionnels.

Mais une percée, même limitée, des indépendantistes, pourrait faire le jeu de Pékin en réduisant le poids de l'opposition prodémocratie traditionnelle.

Avec 27 sièges sur 70, celle-ci dispose actuellement d'une minorité de blocage, les textes devant être adoptés à la majorité des deux tiers.

Le dirigeant du gouvernement local, l'impopulaire Leung Chun-ying, a assuré en glissant son bulletin dans l'urne que le scrutin était "démocratique".

Plusieurs opposants ont manifesté devant le bureau de vote. L'un d'eux a lancé un sandwich au thon sur le dirigeant hongkongais afin de symboliser, a-t-il assuré, le fait que les personnes âgées ne peuvent plus se payer le petit-déjeuner dans une ville où les écarts de richesses se creusent.

Pour bon nombre d'électeurs, les questions essentielles restent les loyers exorbitants et la faiblesse des salaires. Il est temps, disent-il, de laisser de côté les querelles politiques pour s'occuper des vrais problèmes des sept millions d'habitants.

"J'espère que les gens pourront s'asseoir et parler sans se radicaliser", déclaré un électeur de 72 ans, qui s'est présenté sous son nom de famille, Yau.

Les bureaux de vote fermeront à 22h30 (14h30 GMT) et le dépouillement aura lieu dans la nuit de lundi.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?