Portrait : à 82 ans, Pierrot va à la salle de sport tous les matins

  • Sportif depuis qu’il a quinze ans, ce retraité, ancien commercial à la banque n’a jamais arrêté.
    Sportif depuis qu’il a quinze ans, ce retraité, ancien commercial à la banque n’a jamais arrêté.
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Centre Presse

Pour améliorer ses performances, il existe plusieurs techniques, à la salle de sport de l’avenue Charles-de-Gaulle, à Millau. Les cours collectifs, qui permettent de travailler en groupe, c’est plus engageant. Les protéines concentrées, aussi, qui réparent les muscles en dix minutes. Et il y a Pierrot Astre, 82 ans, le doyen du club. Chaque matin, à 7 h, il « fait sa cardio » pendant une heure. Au passage, un grand « bonjour tout le monde ! », qui injecte son énergie aux acharnés de l’aube.

« Quand tu le vois sur sa machine, tous les jours, à son âge, tu culpabilises de penser j’ai la flemme, aujourd’hui », souffle Nadia, la quarantaine, qui rallongera sa séance de stepper, rien qu’en voyant Pierrot démarrer la sienne.

« Le matin, c’est l’une des seules personnes avenantes, renchérit le chef d’entreprise Thomas Salvant, lui aussi fan de Pierrot. On tire tous la tronche, on n’a pas envie de s’y mettre, et lui arrive avec son enthousiasme... » Sa discipline de fer, également, puisque l’octogénaire n’esquive jamais une séance. Les rares fois où cela lui arrive, tout le monde s’inquiète et prend de ses nouvelles.

« Je n’ai aucun mérite, j’aime ça, oppose Pierre Astre, dès qu’on complimente un peu trop ce grand modeste. J’ai commencé le sport à 15 ans, en arrivant à Millau, et je n’ai jamais arrêté. Si t’arrêtes, c’est foutu ! »

Né en 1935, le Toulousain a débarqué en Sud-Aveyron au début des années 1950, comme apprenti à la ganterie Jonquet. Il a pris d’emblée une licence au Sporting club millavois, ancêtre du SOM rugby, et joué quelques matches en équipe première. Après 31 mois de service militaire en Algérie, sur lesquels Pierrot veut rester discret, il réintègre le XV millavois jusqu’en 1973.

Entre-temps, il quitte la ganterie pour une carrière de commercial dans une banque locale, qui l’occupera jusqu’à la retraite. Il quitte aussi le rugby pour enchaîner tous les sports à sa portée. Pêle-mêle : tennis, course à pied, ski alpin, natation et même voile. Avec, à chaque fois, des performances à la clé. Comme les 3 h 38 de son dernier marathon, à 42 ans, du côté de Saint-Affrique.

Au milieu des années 1990, ses articulations lui demandent de se mettre à la salle de sport, plus douce. Son cœur d’athlète est d’accord, et c’est ainsi qu’est né le personnage de Pierrot-sur-sa-machine.

À la gym comme sur les terrains, il y cultive d’abord le contact humain. « Je fais ça pour la santé, bien sûr, reconnaît le papy de deux petites filles, gainé comme un gamin et dont le dossier médical ne recense qu’une petite douleur lombaire. Mais ce que je préfère, c’est l’amalgame des générations et des conditions sociales. Il n’y a que le sport qui permette ça, discuter avec tout le monde. »

Tant mieux pour tous les autres, les lève-tard, les pas-envie et les j’y-arrive-pas. Chaque matin, ils ont droit à une dose gratuite de Pierrot, histoire de pédaler sans trop se plaindre.

(Article : Marc Baltzer/Midi Libre Millau)

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