Empoisonnements de grands rapaces : "Un véritable problème sanitaire !"

  • En juin 2012, un projet de réintroduction de Gypaète barbu a vu le jour dans les Grands Causses.
    En juin 2012, un projet de réintroduction de Gypaète barbu a vu le jour dans les Grands Causses. LPO
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

2018, année noire pour les grands rapaces... 

Gypaète barbu, vautour moine, vautour fauve... Depuis plusieurs années le nombre de cas d'empoisonnements de grands rapaces ne cesse d'augmenter, notamment dans le Sud Aveyron. 

Devant la récurrence du phénomène, la Ligue de protection des Oiseaux tire aujourd'hui la sonnette d'alarme. "Depuis janvier on constate la mort d'un vautour moine, un vautour fauve et un Gypaète barbu baptisé Durzon. Réintroduit en 2017 en Aveyron, ce gypaète a été retrouvé sans vie sur la commune de Millau, intoxiqué avec un insecticide de la famille des carbamates (interdit et autrefois utilisé en agriculture) lors d’un repas qu’il venait tout juste de consommer. Ce triste constat s’ajoute à d’autres individus recensés durant ces dernières années : un Vautour Percnoptère en 2007, un Milan Royal en 2011, un Aigle Royal en 2012, un Vautour Fauve et un Vautour Moine en 2013", rappelle un communiqué diffusé mardi. 

"Arme silencieuse"

Si les enquêtes menées par l'Office national de la chasse n'ont pas permis, pour l'heure, de connaître précisément les circonstances de cet empoisonnement, une chose est sûre, les individus ont été intoxiqués avec un insecticide de la famille des carbamates, autrefois utilisé en agriculture mais interdit en France depuis 2008. "Une arme silencieuse", selon la LPO, qui laisse des traces au-delà de sa cible principale. "Il figure parmi les pesticides les plus toxiques pour l’Homme (classé « très dangereux » par l’Organisation Mondiale de la Santé".  "Imaginez si un enfant venait à se trouver en contact avec une telle molécule"

Fin de stock ou approvisionnement dans d'autres pays, comme l'Espagne, où son utilisation est encore autorisée ? Difficile à dire pour l'instant. Quant à savoir s'il s'agit d'un acte volontaire ou non, là encore, aucune certitude. " On peut imaginer que celui qui a utilisé ces appâts voulait se débarrasser de petits rongeurs ou de renards", relève la LPO. Une fois intoxiqué, le renard a alors contaminé le rapace". 

Un vautour moine (Aegypius monachus) empoisonné.
Un vautour moine (Aegypius monachus) empoisonné. LPO

"Un véritable problème sanitaire !"

Espèce nécrophage menacée d’extinction, le Gypaète barbu, fait l’objet d’un programme de réintroduction depuis 2012. Un programme de longue haleine aujourd'hui remis en question. À  ce jour, seuls trois individus ont élu domicile sur le territoire des Grands Causses.

"Tous les efforts, humains et financiers, mis en œuvre pour la protection de cette espèce et la préservation de la biodiversité dans son ensemble, sont mis à mal par l’utilisation inacceptable du poison. La LPO et ses partenaires s’indignent contre ces comportements qui relèvent du délit. Elle demande à l’État de mettre tous les moyens en œuvre pour rechercher et poursuivre les délinquants, et pour qu'enfin les produits dangereux et interdits soient retirés des sites de vente en ligne."

Si l'enquête judiciaire suit son cours [la destruction, volontaire ou involontaire est punie jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et jusqu’à 150 000€ d’amende NDLR ], la LPO envisage aujourd'hui d'user de pédagogie (réunions, travail de terrain, plan d'action) pour que de telles pratiques cessent. "On parle aujourd'hui d'un véritable problème sanitaire !"

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