Aveyron : "Le diesel a toujours sa place dans nos territoires"

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    "Le diesel a toujours sa place dans nos territoires" J.B.
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Joel Born

En Aveyron aussi, le marché du diesel subit une nette érosion. Mais pour nombre de professionnels de l’automobile, le diesel a encore de l’avenir. Notamment dans des départements vastes et ruraux comme le nôtre.

Depuis des mois, le marché du diesel est dans la tourmente. Avec les conséquences que l’on sait pour l’ensemble de la filière automobile. En Allemagne, 100 000 emplois seraient directement menacés. En France, plusieurs milliers d’emplois sont également impactés, dont ceux des salariés de l’usine Bosch d’Onet-le-Château. La plus importante du géant allemand, sur le sol français, avec aujourd’hui un peu moins de 1 500 emplois. Dans un tel contexte national de décrochage du diesel, comment se comporte le marché automobile aveyronnais ? Nous avons poussé les portes de plusieurs concessions ruthénoises.

Diesel et ruralité

"La ruralité se prête davantage à l’utilisation du diesel et l’effet de bascule est moins marqué, pour le moment qu’au niveau national, témoigne un vendeur de chez Renault. Cela étant, aujourd’hui, les clients sont plus interrogatifs, plus en recherche de conseils, notamment sur les véhicules hybrides. Pour les véhicules électriques, beaucoup de gens ont en tête que ces véhicules ont une autonomie très limitée."

"Notre territoire nous permet encore de vendre du diesel. Pour quelqu’un qui parcourt 20 000 km, on conseille du diesel. C’est le plus rentable et le plus économique, explique un commercial de la concession Peugeot. Le diesel est toujours d’actualité. On travaille avec des motorisations diesel très propres. Et si l’on regarde bien depuis la mise en route, aujourd’hui, l’électrique pollue bien plus."

Diabolisation

"En Aveyron, à moins d’être retraité et d’habiter au cœur d’un village, on est tout le temps en voiture, même pour le pain… La seule économie que je peux faire, c’est me mettre au point mort en descente… On a l’impression qu’à Paris, ils n’ont aucune idée de ce qu’on vit en zone rurale…"

Cette réflexion de Pierre-Marie, un enseignant aveyronnais, qui roule au diesel, rapportée par l’un de nos confrères de Libération évoquant la colère actuelle des automobilistes, face à la flambée du prix des carburants, illustre bien une certaine réalité départementale. "D’un rapport de 70-30 auparavant, on est passé à un rapport de 40-60 aujourd’hui, précise le responsable des ventes chez Peugeot, Philippe Carrié, confirmant le recul du diesel. Ici comme ailleurs. Mais il y a toujours une place pour le diesel, avant tout, pour des raisons de consommation.

Concrètement, dans un département comme le nôtre, avec une topographie relativement accidentée, à puissance équivalente, un véhicule diesel consomme presque 2 litres de moins." Que penser de l’évolution actuelle du marché ? "C’est compliqué, consent le représentant du constructeur automobile sochalien. On a tellement diabolisé le diesel, alors qu’il y a deux ans encore on faisait l’apogée des moteurs diesel car ils rejettent moins de Co2. C’est incohérent. Les moteurs diesel sont aujourd’hui plus efficients, plus agréables, et ce sont des moteurs propres. À puissance égale, un moteur essence produit 114 g de Co2, un moteur diesel 94 g." Et Philippe Carrié de poursuivre. "On s’attaque à un produit facile à taxer… Je comprends que l’on puisse avoir ce raisonnement dans les très grandes villes, mais dans nos départements, c’est complètement inadapté. Et puis, localement, on est doublement concernés avec la Bosch…"

Plus de diesel chez Toyota

Chez Toyota qui a pris, depuis longtemps et avec un temps d’avance, le virage des véhicules hybrides, le problème est définitivement réglé. Depuis janvier dernier, le constructeur japonais ne propose plus de motorisations diesel (hormis pour les pick-up) à la vente… Les véhicules hybrides représentent aujourd’hui 65 % du marché local, les véhicules essence 35 %. "Les gens se posent des questions et s’intéressent de plus en plus aux hybrides", observe le chef des ventes de la concession Toyota ruthénoise, Vajk Bordely.

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