Villefranche-de-Rouergue. Quand les truffes embaumaient les arcades

  • Autour des arcades Alphonse-de-Poitiers exit les truffes, désormais,il faut se rendre à Limogne.
    Autour des arcades Alphonse-de-Poitiers exit les truffes, désormais,il faut se rendre à Limogne.
  • Quand les truffes embaumaient les arcades
    Quand les truffes embaumaient les arcades
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    Quand les truffes embaumaient les arcades
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GDM

Autres temps, autres mœurs, peut-être. Mais à période égale, le jour de foire de décembre (c’était alors le 22 du mois) était synonyme à effluves de truffes à l’angle des arcades Alphonse-de-Poitiers.

L’expression "vendre sous le manteau" ne pouvait qu’aller comme un gant à l’attitude de ces quelques paysans, enveloppant dans leur carré de tissu des truffes glanées sur le causse proche, qu’il soit du Quercy ou du Rouergue. Chaque marché et le jour de foire de décembre, placé le 22 du mois et donc trois jours avant le rituel gourmand de Noël, ils étaient là. Discrets, bien sûr, car la truffe valait tant qu’il valait mieux ne pas trop s’afficher. Sauf que la force du parfum dégagé par ce champignon sous-terrain de couleur ébène ne pouvait que trahir leurs présences. Trois ou quatre, pas plus. Jamais rien d’officiel, contrairement aux marchés que l’on peut croiser les mardis après-midi à Lalbenque ou les vendredis matin à Limogne-en-Quercy.

C’est sous le manteau qu’ils négociaient leurs quelques "diamants noirs" que quelques jours plus tôt, avec la complicité d’un chien ou Graal des Graal, d’un cochon dressé à cet effet, ils avaient extirpés des profondeurs de la terre aux pieds des chênes rabougris.

Tout un rituel aussi. Car n’achetait pas des truffes tout le monde. Le petit peuple se contentait d’en renifler avec bonheur les odeurs alléchantes qui s’échappaient.

Seules ces dames de notables et autres riches commerçants qui prospéraient alors dans la ville approchaient les champignons du désir.

Quant aux négociations sur le prix, essentiellement, et la qualité, aussi de temps à autre même si le plus souvent les acheteurs putatifs n’y connaissaient rien, elles ne manquaient jamais de provoquer ces attroupements, type phénomène de foule que l’on pouvait croiser dans le Sahel lorsqu’un photographe de presse se hasardait à saisir… une scène de marché.

Le va-et-vient des "chercheurs", devenus vendeurs, s’étirait ainsi jusqu’à la fin du mois de janvier, avec comme de bien entendu les pics de la foire de décembre pour le réveillon de Noël et de celui du marché jouxtant au plus près le jeudi de fin décembre pour celui de la Saint-Sylvestre.

Si autour de Villefranche, sur les terres du causse de la rive droite de l’Aveyron vers Martiel, La Rouquette et le Villeneuvois, certains continuent de traquer les "tuber melanosporum" (en latin ça le fait un peu plus), ce n’est plus à l’angle des arcades qu’ils tentent de les vendre, mais bien plus désormais sur les murets de la place de Limogne où il n’est pas rare de croiser quelques Rouergats pur jus flanqués de leurs petits paniers…

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