Didier Savignol : "Quand je suis au volant, il n’y a plus de handicap"

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  • Didier Savignol (à droite), avec la Peugeot RCZ au volant de laquelle il a joué les ouvreurs lors de différentes épreuves.
    Didier Savignol (à droite), avec la Peugeot RCZ au volant de laquelle il a joué les ouvreurs lors de différentes épreuves. Photos DR
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CORRESPONDANT

Avec sa force de caractère, un moral à toute épreuve et une grande générosité, Didier Savignol vit sa passion pour le sport automobile à fond et a transformé son handicap en atout pour aider les autres.

Frappé en pleine force de l’âge par la maladie, Didier Savignol a vu sa vie être complètement chamboulée un jour d’été 2016. Alors qu’il se trouve dans son jardin, il se sent soudainement fatigué, s’effondre et est conduit à l’hôpital dans le coma. Les analyses révèlent qu’il a été victime d’une bactérie, la bactérie dite "tueuse". Non alimentées par le sang, ses extrémités se nécrosent, avec pour conséquence une amputation des deux pieds, d’une main et de quatre doigts de l’autre. Après plusieurs semaines dans le coma, lorsqu’il se réveille, il ne peut que constater les dégâts. "Et encore, je m’en suis bien sorti car souvent, on n’en réchappe pas", glisse-t-il.

Des rencontres avec "des gens formidables"

Suivent de longues semaines de rééducation au centre spécialisé de la Tour de Gassies, à Bordeaux, où l’intéressé est équipé de prothèses et doit réapprendre les gestes du quotidien. C’est là, alors qu’il a beaucoup de temps libre et qu’il fréquente de nombreuses autres personnes amputées, qu’il se rend compte du manque d’équipements de confort spécifiques dont elles souffrent.

"Je côtoyais un jeune qui devait être amputé des deux jambes, à qui sa grand-mère avait offert un téléphone et qui l’a cassé en moins d’une semaine en le faisant tout le temps tomber tellement il bougeait sur son fauteuil. Ç’a été le déclic et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose", raconte-t-il.

Germe alors dans l’esprit de ce passionné de voitures, qui avait fait du rallye dans sa jeunesse, au volant d’une 104 ZS et d’une Samba rallye, l’idée de créer une association, qu’il mène à bien grâce à l’aide de sa nièce et du compagnon de cette dernière, également mordus de sport automobile. "Handi Auto Passion" voit le jour, avec pour but principal de recueillir des fonds pour aider le centre de la Tour de Gassies à s’équiper.

De son côté, Didier Savignol achète un coupé Peugeot RCZ avec pour tout équipement spécifique une boule de volant et une boîte automatique. "Pour moi, la conduite est un plaisir, mais je triche un peu car je continue à passer les vitesses vu que je dispose d’une boîte séquentielle (avec une boîte séquentielle, il n’y a pas de pédale d’embrayage, comme sur une boîte automatique, et le changement de vitesses s’effectue à l’aide de commandes généralement placées sur le volant, NDLR) ", avoue-t-il. Et c’est avec elle qu’il participe aux épreuves dans le rôle de la voiture ouvreuse et effectue les spéciales avant les pilotes, avec des passagers, en recueillant, en parallèle, des fonds pour l’association. L’an dernier, on a ainsi pu le rencontrer lors de la course de côte de Saint-Geniez-d’Olt et du rallye du Pays rignacois, entre autres, mais également lors de la manifestation pour le Téléthon organisée à Bozouls par l’ASR (Auto Sport Rodelle), où plus de cent voitures étaient présentes.

"Cela m’a permis de rencontrer des gens formidables, qui, pour certains, en tant qu’organisateurs, n’ont pas hésité à m’ouvrir les portes de leurs épreuves malgré mon handicap, et à me permettre de m’investir à leurs côtés. Je les remercie car sans eux, rien ne serait possible. Je pense entre autres à Jean-Philippe Majorel, de l’écurie des Marmots à Saint-Geniez, qui m’a offert la possibilité de participer à ma première épreuve avec la course de côte. C’était une grande première pour tout le monde", explique celui pour qui prendre le volant signifie beaucoup : "Quand je conduis, il n’y a plus de handicap, je suis comme les autres. Alors imaginez sur une spéciale, même si j’ai certaines limites".

En action.
En action. DR

"Je me sens soutenu"

À l’aube de la saison 2019, Didier Savignol nourrit bon nombre de projets. On devrait ainsi le retrouver à Saint-Geniez-d’Olt et à Rignac, lui qui espère également aller dans le sud du département, dont il est originaire. " Je disputerai peut-être le rallye du pays Saint-Affricain et la montée historique du Buffarel, à Millau", révèle-t-il. Pour l’heure, c’est à la préparation du rallye du Vallon de Marcillac (16-18 mars) qu’il se consacre, autour d’un projet important en préparation avec la complicité de Joël Romiguière, le président de l’Association sportive automobile Route d’Argent, et de l’Association du rallye du Vallon de Marcillac, l’écurie organisatrice de l’épreuve. "Joël Romiguière fait partie des belles rencontres que j’ai faites et des personnes qui me soutiennent le plus", rend-il hommage, lui que tous les soutiens qu’il a reçus depuis qu’il a lancé son association poussent à aller de l’avant.

"Je me sens encouragé, que ce soit sportivement ou professionnellement parlant, dit-il. D’ailleurs, je tiens à remercier chaleureusement les services de l’État, qui, par l’intermédiaire des différents préfets qui se sont succédé, ainsi que du secrétaire général, m’ont toujours accordé leur confiance et m’ont permis de retrouver mon emploi au sein de la préfecture de l’Aveyron après mon accident, dans les mêmes conditions et avec la même qualification qu’avant." Une justice sociale pour un homme des plus attachants, qui délivre une véritable leçon de vie par le biais de sa passion.

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