Millau. Sur le Larzac, conduire sans la vue...

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  • Monique Chauchard est une habituée des stages de conduite. Lorsqu’elle était voyante, elle n’a jamais passé son permis.
    Monique Chauchard est une habituée des stages de conduite. Lorsqu’elle était voyante, elle n’a jamais passé son permis. L. V.
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CORRESPONDANT

L’association Les non-voyants et leurs drôles de machines (NVDM) organise des stages de conduite pour aveugles.

De l’extérieur, lorsque les véhicules sont en route, rien ne différencie ces conducteurs des autres. Pourtant, ils sont non-voyants, la plupart le sont devenus il y a seulement quelques années. Chaque année, il effectue un stage au camp militaire du Larzac à La Cavalerie, organisé par l’association Les non-voyants et leurs drôles de machines (NVDM). Retourner derrière un volant, pour ceux dont le simple fait d’ouvrir une porte est une tâche complexe, symbolise une renaissance. "C’est un vrai bonheur, s’écrie Philippe Jeanjean, 70 ans, aveugle depuis près de vingt ans suite à une maladie. On se sent revivre même si tout n’est pas facile."

Un langage entre conducteur et copilote

Dans la voiture d’auto-école, Philippe est accompagné d’un moniteur spécialisé, Joël Fossemale. "C’est difficile au début d’appréhender la conduite sans l’acuité visuelle. On écoute son guide mais on n’a pas toujours confiance. Je réutilise les repères que j’avais quand j’étais encore voyant et c’est comme cela que j’arrive à prendre de la vitesse." Philippe n’est pourtant pas un débutant. Sur une piste d’aérodrome, il a dépassé les 200 kilomètres à l’heure et sur le circuit du camp militaire, il n’hésite pas à passer la cinquième. "C’est un circuit intéressant car il y a de bonnes lignes droites mais aussi des virages en côte et on croise d’autres véhicules. C’est un bel endroit pour pratiquer." Pour se repérer, Philippe Jeanjean et Joël Fossemale se comprennent grâce un langage créé et protégé par l’association NVDM. "C’est une succession de codes simples et précis qui reste commune à tous les conducteurs. Même si chacun à ses propres repères, on arrive à les guider sans avoir à toucher le volant, explique Joël Fossemale. Pour moi, c’est une vraie leçon de vie, ils me montrent comment surmonter un handicap."

Pour Monique Chauchard, une Millavoise de 69 ans qui n’avait jamais touché à un volant lorsqu’elle était voyante, c’est une "sensation unique. Au début, je ne savais pas où étaient les pédales et maintenant, j’arrive à passer facilement les vitesses, c’est un vrai bonheur."

Au cours de la matinée, Francis Sautron, un moniteur varois, nous a invités à tester la conduite à l’aveugle, en dirigeant simplement la direction. En seulement une minute et en écoutant sérieusement les consignes, la prise de conscience est immédiate : sans voir, nous ne savons plus nous repérer. Si bien qu’en seulement quelques virages, on ne sait déjà plus où l’on se trouve. "C’est tout l’intérêt du langage commun pour avoir confiance en soi et en son copilote. Ce qu’ils sont capables de faire, de la gestion des pédales tout en réagissant aux consignes, c’est tout bonnement formidable", conclut-il.

Depuis 2006, la NVDM a accueilli plus de 1 000 stagiaires dans ses stages de conduite dans toute la France.

Pour se renseigner sur les stages NVDM, http://venterol.net/index.php?page=les-non-voyants-et-leurs-droles-de-machines ou tel : 06 30 18 05 24.

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