Sébastien Galtier a tout plaqué pour devenir un vigneron authentique

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  • Depuis 2013, l’ancien rugbyman ruthénois Sébastien Galtier cultive, avec passion et conviction, son vin du Mas des Colibris à Gignac (Hérault).	Depuis 2013, l’ancien rugbyman ruthénois Sébastien Galtier cultive, avec passion et conviction, son vin du Mas des Colibris à Gignac (Hérault).
    Depuis 2013, l’ancien rugbyman ruthénois Sébastien Galtier cultive, avec passion et conviction, son vin du Mas des Colibris à Gignac (Hérault). Repro CPA
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Philippe Routhe

Ancien 3e ligne de Rodez, Castres puis Montpellier, le rugbyman, originaire de La Selve, est vigneron depuis 2013. Et propose un vin bio qui lui ressemble.

Quand il portait le maillot du Stade rugby Rodez Aveyron sur les épaules (1993-1999), celui du Castres olympique (1999-2000) ou du Montpellier Hérault (2000-2008) au poste de 3e ligne, après avoir fait ses classes à La Primaube, Sébastien Galtier (46 ans) avait la réputation de ne pas faire beaucoup de bruit. Mais d’être toujours là au bon moment, et de savoir patienter pour saisir les bonnes opportunités qui pouvaient se présenter durant le match. Aujourd’hui, du côté de Gignac, près de Montpellier et pas très loin de l’Aveyron, celui qui a fait ses premiers plaquages dans des champs du Ségala, entre Réquista et Cassagnes-Bégonhès, n’a pas changé de stratégie. Ingénieur agronome, il a raccroché les crampons après avoir goûté à l’ambiance "rugby pro", avant que celle-ci ne transforme les joueurs en mastodontes (et ne fasse perdre un peu de son âme à ce jeu) pour prendre du plaisir sur un autre terrain. Celui de ses vignes plantées sur les contreforts du Causse d’Aumelas, à Gignac. "J’ai eu la chance d’en trouver qui étaient en culture biologique à Gignac. Elles ne l’auraient pas été, j’aurais fait la conversion" assure-t-il. Sébastien Galtier cultive en effet une certaine authenticité. Ses prochaines cuvées, en 2020, seront d’ailleurs certifiées Demeter, garantissant des vins issus de l’agriculture biodynamique. Une progression vers une pratique qui, aujourd’hui à peine, tend enfin à se faire entendre. "Vendanges à la main, petit rendement, levure indigène, pas d’intrants ou très très peu, peu de sulfites…" : Sébastien Galtier est fidèle à ses convictions. "Je ne fais pas ce métier pour m’empoisonner ou empoisonner ceux qui m’entourent" lance-t-il.

Et il en assume les exigences. "C’est un vin un peu plus cher que les autres", explique-t-il. Mais ceci explique cela !

D’autant que le match qu’il livre avec ses vignes est parfois rude. "Depuis 2016, je cumule les années compliquées. Sécheresse, grêle, gel, cette année la canicule… Il a fait 45 degrés en juin. Du jamais vu…", s’inquiète-t-il. Autant dire que le changement climatique, Sébastien Galtier le pratique chaque année. Il a eu, pour la première fois, une de ses parcelles de vignes brûlées. Reste que malgré ce, le "paysan vigneron", tel qu’il a été surnommé, propose un vin qui régale vraiment les papilles. "Pour la qualité, pas de problèmes, pour la quantité, c’est un peu plus compliqué", analyse l’intéressé. Nombre de Ruthénois ont pu s’en apercevoir au printemps dernier, lors du match de gala qui avait opposé le Stade Rodez Aveyron à Narbonne au stade Paul-Lignon. Sur les tables du repas d’avant-match, le "Mas des Colibris" avait fait sa petite sensation. Aujourd’hui, on peut trouver ses bouteilles à Espalion, aux "Vins d’Éric", à Baraqueville, au Chai, et bien sûr au restaurant "Le Selvois", dans "son" village. Si son vin n’a pas encore trouvé de place chez les cavistes ruthénois, ils devraient bientôt arriver dans quelques adresses parisiennes. "Petit à petit, je progresse en rendement. J’ai démarré avec huit à neuf mille bouteilles, et j’en produis le double en 2019", se félicite-t-il. "Jusqu’à présent, développer mon marché dans le sud de la France pouvait suffire. Aujourd’hui, Paris est incontournable. Je serai sur un salon professionnel cet hiver", explique le vigneron aveyronnais, seul à bord de son beau domaine. "Je pense en tout cas que c’est le bon moment" souffle-t-il.

On peut lui faire confiance. En attendant, après une intense période de vendanges, et le décuvage assuré, l’ancien rugbyman, dans la chaleur d’un possible été indien, ouvrira sa cave au grand public le 10 novembre. Une journée portes ouvertes (il en propose une également au début du mois de juillet) au cours de laquelle, en bon capitaine, il fera visiter son domaine. Et fera déguster son fameux Mas des Colibris rouge, mais aussi ses blancs et sa petite production de rosé. De quoi être sûr de passer un bon moment. Plein d’authenticité et de sympathie. 

AOP Languedoc

Syrah, grenache noir, grenache blanc et carignan, et également le merlot, constituent les encépagements de son terroir.  L’exploitation agricole compte 12 hectares de vigne cultivés en bio, sur un terroir très qualitatif classé en AOC Coteaux du Languedoc-Grès de Montpellier.
 

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