Villefranchois : Macron et Merkel trinquent avec un vin du cru

Quelle belle histoire pour ce très jeune vigneron ! Jean Baptiste Lafon, 32 ans, a repris en 2018 les quatre hectares de vignes de Sandra Lemoine, le domaine de Pleyjan, aujourd’hui domaine du Mas de Lafon, sur les communes de Martiel et Salvagnac-Cajarc.

"J’ai vendu du vin pendant dix ans au magasin de mon grand-père Bernard, puis de mon père Philippe. Pendant cette période, j’ai rencontré les différents vignerons dont nous commercialisons les vins depuis plusieurs décades". La maison Lafon, crée en 1947, est située rue du Sénéchal, près de la médiathèque de Villefranche-de-Rouergue (anciennement Chapelle des Pénitents bleus).

Le "petit" Jean Baptiste fait ses études à Villefranche et avait comme bon copain Jérémy Vivas. Ensemble ils ont essuyé leurs jeans sur les chaises des classes du lycée Raymond Savignac et foulé les pelouses de rugby de la région comme juniors de Villefranche XV (demi d’ouverture et trois-quart centre) lors des années 2004-2006. Pendant que Jean-Baptiste travaille au sein de l’entreprise familiale, Jérémy suit en 2008 une formation de sommelier au lycée hôtelier de Toulouse. Sa première expérience, il la vit au bar jazz de L’Ardoise, place Bernard-Lhez, au cœur de la Bastide, puis au restaurant étoilé En marge, à Toulouse.

Tout bascule

En 2011, nos deux compères, qui s’entendent comme larrons en foire, partent en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, deux grandes nations de rugby. Ils travaillent dans le chai d’un producteur de vins sud-africain renommé. "Et là, tout bascule", confie Jean-Baptiste. "À l’autre bout de la planète, j’ai eu l’idée de planter de la vigne à Saint-Clair", sur la commune de Salvagnac-Cajarc.

Finalement, il faudra attendre l’opportunité, en 2018, de la vente du domaine de Pleyjan, à quelques centaines de mètres de l’église de Saint-Clair, pour que Jean-Baptiste réalise ce qui lui trottait dans la tête depuis plusieurs années.

Au retour de l’hémisphère sud, Jérémy crée son autoentreprise de sommelier sur la région toulousaine, en parallèle de son emploi dans ce restaurant étoilé de la Ville rose.

Spécialités du Sud-Ouest

Mercredi dernier, 16 octobre, se déroule à Toulouse le 21e Conseil des Ministres franco-allemands, en présence du président de la République, Emmanuel Macron, et de la Chancelière allemande, Angela Merkel. Lors de la visite de la chancelière dans les usines d’Airbus Industries, une grande table pour une vingtaine de convives avait été dressée à l’intérieur d’un A 350, que la société franco-allemande utilise depuis 2016 à des fins de formation.

Le président Macron avait souhaité régaler son hôte allemande avec des spécialités du Sud-Ouest : salade des Landes, parmentier de canard, burger gascon avec de la tome des Pyrénées, pavé toulousain, cabécou de Rocamadour et l’incontournable roquefort.

Quant aux vins, c’est notre sommelier Jérémy qui nous détaille la suite du conte de fées… "Le traiteur toulousain, choisi par les services de l’Élysée pour réaliser le repas dans l’Airbus, est un de mes clients. Il m’appelle le jeudi soir, 10 octobre, pour que je lui propose un vin blanc et un vin rouge du Sud-Ouest. Le lendemain, mes propositions arrivent à l’Élysée et la sommelière du Palais présidentiel choisit le blanc Mas Lafon, un Chardonnay 2018, première récolte de Jean-Baptiste. Le vin rouge était un Côte de Duras, vignoble du Tarn-et-Garonne. Le retour que j’ai eu par l’intendant de l’Élysée a été plus que positif sur le vin blanc servi au président Emmanuel Macron et à la chancelière Angela Merkel".

Ce dimanche 20 octobre, c’était le clap de fin des vendanges 2019 avec la dernière parcelle de gabernet-sauvignon au Puech de la Celle. Le vigneron et le sommelier manageaient ce "quinze de vendangeurs" enthousiastes, parmi lesquels, les parents de Jean-Baptiste, Dominique et Philippe, son frère Charly, Quentin Bourdy, cuisinier du restaurant L’Univers et la sommelière du même établissement Tania Trapateau. Tous réunis, vers 13 heures, autour d’une bonne table, installée dans le chai et arrosée de fameux nectars des vins Lafon.

Nous laisserons le mot de la fin au jeune vigneron, déjà dans l’excellence : "Le vin se fait à la vigne et pas à la cave".