Rodez : aux origines du stade Paul-Lignon

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  • Le stade a longtemps été doté de tribunes en bois.
    Le stade a longtemps été doté de tribunes en bois. Repro CPA
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Guillaume Verdu

Depuis plus d’un siècle, des rencontres de football et de rugby se déroulent sur un terrain qui appartenait initialement au haras. Il est devenu ensuite le stade où évolue désormais le Raf.

Après six mois d’exil forcé, en raison de travaux de mise aux normes, le Rodez Aveyron football s’apprête à retrouver le stade Paul-Lignon, ce vendredi, à l’occasion de la réception du Havre. Les footballeurs ruthénois vont ainsi perpétuer une tradition qui dure depuis plus d’un siècle, celle qui fait de ce lieu la place forte du sport dans la ville.

La première rencontre sportive qui s’est déroulée à cet endroit remonte à 1912. Avant même qu’un stade y soit bâti. À l’époque, les rugbymen du Stade Ruthénois ont affronté leurs homologues toulousains, champions de France en titre. La partie s’est déroulée sur une pelouse qui appartenait au haras, lorgnée avec envie par les équipes naissantes de football et de rugby de la ville. "Les pratiquants étaient à la recherche d’un terrain. Et le problème c’est que sur le piton, la pelouse du haras était le seul espace vert totalement plat et bien entretenu, précise l’historien Jean-Michel Cosson, auteur de l’ouvrage La fabuleuse histoire du sport aveyronnais. À cette époque, les sportifs disposaient d’un terrain du côté de la vieille gare, mais cela ressemblait plus à un champ boueux, impraticable en hiver."

Seulement, l’espace convoité est utilisé par les Haras nationaux. Et son propriétaire, le ministère de l’Agriculture, est réticent pour partager les lieux avec les associations sportives. "Pour la rencontre de 1912, il s’agissait de la première fois que le haras acceptait la tenue d’un match de rugby, reprend Jean-Michel Cosson, pour souligner le caractère exceptionnel. D’ailleurs, un sapin se trouvait en plein milieu de la pelouse et il était strictement interdit de le couper. Les joueurs étaient contraints de le feinter !"

Négociations avec le ministère de l’agriculture

La véritable arrivée du sport dans ce lieu date en fait de 1923. Après de longues négociations avec le ministère de l’Agriculture, le maire Eugène Raynaldy obtient qu’un parc des sports soit aménagé dans l’enceinte du haras. "Les joueurs de football et de rugby sont autorisés à jouer sur ce terrain, mais le ministère interdit que des infrastructures soit aménagées", indique Jean-Michel Cosson. Un point pas vraiment respecté par les utilisateurs, puisque peu à peu, une tribune en bois, une main courante ou encore une salle de culture physique ont été aménagées.

En 1934, le haras veut reprendre possession de cet espace. Plusieurs arguments sont avancés, de l’intérêt de bénéficier d’une promenade plus étendue pour les chevaux, au problème "des bruits des jeux qui empêcheraient les étalons de bien remplir leur fonction", selon un propos du directeur du haras de l’époque, retrouvé par Diane Joy, directrice du service patrimoine de Rodez agglomération.

Il a fallu, là encore, de longues discussions entre la mairie et le ministère de l’Agriculture pour conserver le terrain de jeu des sportifs. Si le haras avait eu le dernier mot, les sportifs auraient peut-être déménagé à Paraire, puisque le conseil général proposait à la municipalité de lui louer les jardins de l’asile, alors que le déménagement vers Cayssiols était programmé.

L’épilogue est intervenu en 1937, lorsque le terrain de sport a été cédé à la Ville par préfet de l’Aveyron de l’époque, Jean Moulin. De quoi permettre de bâtir sur ce lieu un stade, dans lequel les footballeurs et rugbymen ruthénois ont élu domicile.

Paul Lignon, un ancien joueur de rugby mort au front

Après avoir récupéré la possession du parc des sports qui se trouvait sur le terrain des haras, en 1937, la Ville a entrepris la construction d’un stade. Les travaux ont commencé en 1939, se sont poursuivis pendant la Seconde Guerre mondiale et l’enceinte a été inaugurée après la Libération. Le stade a pris le nom de Paul Lignon en 1945, pour rendre hommage à cet ancien joueur du Stade Ruthénois rugby, mort au combat en 1940, dans les Ardennes, alors qu’il était sergent au 5e régiment d’infanterie coloniale.
 

La parenthèse de l’Occupation

Depuis 1923, les footballeurs et rugbymen ruthénois ont l’habitude de jouer leurs rencontres à domicile sur le parc des sports du haras, devenu par la suite stade Paul-Lignon. La seule exception durable est la période de la Seconde Guerre mondiale. « Pendant l’Occupation, à partir de novembre 1942, l’armée allemande se servait du terrain pour garer ses jeeps et stocker du matériel militaire, profitant de la proximité avec les casernes », indique l’historien Jean-Michel Cosson.

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