Rieupeyroux : Z'lex et le dessin de presse, un humour vachement sympa

  • Alexandre Saurel, alias Z’lex, entouré de Nathalie Bouillard, présidente du centre culturel, et de Jean-Eudes Le Meignen, président de la communauté  de communes.
    Alexandre Saurel, alias Z’lex, entouré de Nathalie Bouillard, présidente du centre culturel, et de Jean-Eudes Le Meignen, président de la communauté de communes. Repro CP -
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Hélène Lecarme

Afin de soutenir la liberté d’expression, la liberté de la presse, et plus particulièrement le dessin de presse, l’espace Gilbert-Alauzet accueille, au centre culturel de Rieupeyroux, l’exposition « Déconnances rurales », de Z’lex, jusqu’au 17 mars. Une première exposition de ses dessins pour Alexandre Saurel, l’enfant du pays.

 

Alexandre Saurel aime dessiner depuis toujours : grâce à son instituteur de l’époque, M. Pailloux, il découvre en CM1 « La Rubrique-à-brac » de Gotlib, avoue avoir été « biberonné à Fluide Glacial », et avoir dévoré BD et dessins de presse depuis. Les auteurs comme Edika - qui le fait « pleurer de rire » -, Binet, Mordillo, l’ont beaucoup influencé, comme en attestent ses dessins. Ses œuvres satiriques mettent en scène le monde rural qu’il connaît par cœur, celui de l’Aveyron, et ses personnages, Fulbert et Maïté Buffelampe, lui permettent d’épingler avec un égal bonheur la politique aussi bien que l’écologie, l’économie, le sport, la culture ou la vie quotidienne… Les « macarel ! » et autres réparties bien de chez nous émaillent les dialogues, ancrant les personnages dans le parler rural et le « bon sens paysan ».
S’il manie dérision, autodérision, causticité, Alexandre Saurel le fait toujours dans le respect des cultures et des valeurs humaines profondes. Resté authentique, il raconte une anecdote amusante. Citant Plantu interviewé sur France Inter, il rappelle qu’« une fois que le dessin est terminé, il ne vous appartient plus » : un copain, qui avait lu un dessin dont l’humour reposait sur les flatulences, a admiré « sa critique du monde occidental », prouvant qu’il y avait vu plus que ce que l’auteur avait voulu y mettre !

Deux activités menées de front

« Deux dessins par semaine à produire, c’est un maximum, je ne peux pas répondre à d’autres sollicitations, car j’ai un métier qui me fait vivre : éleveur ! ». Associé avec un ami, Alexandre Saurel, aidé d’un salarié, gère un troupeau de 65 vaches bio, des croisées de brunes des Alpes et de Prim’Holstein, dans une ferme isolée située sur la commune de Lescure-Jaoul. Beaucoup de travail, et ce sont donc les soirées qui sont consacrées au dessin.

Une conférence très attendue

Vendredi 31 janvier, Z’lex a bien voulu montrer l’envers du décor à ses fans, venus nombreux le voir dessiner en direct au centre culturel de Rieupeyroux.
Autodidacte et d’une simplicité désarmante, Z’lex annonce la couleur : « Je vais vous montrer comment je fais des dessins, mais pas comment faire des dessins ! ». Cette semaine, c’est son 729e dessin pour La Volonté paysanne, hebdomadaire tiré à 8 000 exemplaires. Cela fait donc 14 ans déjà que Z’lex fait sourire les lecteurs, et leur permet de « passer de la culture des champs à la culture tout court », comme le souligne Brigitte Mazars, conseillère départementale, qui commence chaque semaine la lecture de son journal par le dessin d’Alexandre Saurel. Pour le journal du dimanche de Centre Presse, c’est sa 3e année de collaboration, le 129e dessin !

Le processus de création

« Je sélectionne 2 ou 3 sujets sur le chemin de fer de la semaine, ou un sujet d’actualité, et j’envoie mon idée à la rédaction, avec un dessin rapide. Quand le projet est accepté, reste à le réaliser. Mais comme le disait Binet, “un mauvais dessin avec un bon texte, ça fonctionne, pas l’inverse”. C’est trouver l’idée qui nécessite le plus de réflexion et prend le plus de temps… Les idées viennent parfois de petites anecdotes rapportées par les copains-copines ou par ceux de mes enfants, comme les expressions “Cossi vas today ?”, ou “écran placenta”. »
Pour la suite : « J’ouvre le logiciel Illustrator… Première étape, le crayonné, forme d’esquisse, en bleu. Je commence toujours par le nez du personnage ! C’est mon repère… Un gros nez, une casquette, du bidou (pour s’équilibrer !), une attitude scoliotique, le pli du pantalon pour marquer le milieu de la jambe… Je redimensionne, et je mets un peu de perspective pour simuler le lieu, histoire d’avoir un arrière-plan et de donner de la profondeur… Je fais attention au sens de lecture, aux proportions… Pour faire varier les expressions, c’est facile ! On joue sur les yeux, les sourcils, les plis du front, les cernes, l’orientation de la pupille… »
Avant les dernières touches : « Quand mon dessin est en place, je passe à l’étape suivante : l’encrage. Je repasse tous les traits au noir, en m’appliquant, en ajoutant des détails, quelques poils par-ci par-là, le quadrillage de la casquette, les lacets des godillots… Ensuite, j’ôte le crayonné, j’ajoute un calque pour mettre toutes les parties noires, qui représentent les ombres (par exemple l’intérieur de la bouche, sous les bras,…), puis je crée un calque pour le fond. Ensuite je m’attaque à la couleur sur les personnages : blanc pour les yeux, les dents, couleur chair pour la peau, couleur des vêtements… Pour gagner du temps, je récupère parfois des couleurs dans des dessins antérieurs. Un dessin en couleurs me prend deux fois plus de temps d’un dessin noir et blanc ! Dernières étapes, je positionne les bulles, je tape le texte, et… j’applique ma signature ! »
 

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