Arvieu. Santa Fe, entre sentier pédestre et monument linguistique

Dès le confinement terminé, de nombreux Arvieunois, gens du Lévézou prendront leurs bâtons et mettront les chaussures de marche pour suivre le sentier de Sante de Fouletiès à la plage de Pareloup, près de Notre-Dame d’Aures où l’église du XIIe siècle abrite une belle statue de Sainte Foy.

Si cette vierge glorieuse est très populaire dans les alentours, "La chanson de Santa Fe" l’est beaucoup moins, et pourtant...

Vers 1060, un poète inconnu écrivit Canczon de sainta Fed en langue vulgaire du Midi de la France, qui, à côté du latin, n’avait pas encore pris son essor. C’est le premier poème connu écrit en occitan ou en catalan, selon que le transcripteur parle l’un ou l’autre dialecte, les deux étaient peu différents jusqu’au XIIIe siècle. Plus qu’un monument littéraire ou religieux, c’est un monument linguistique.

Découvert à Paris à la fin du XVIe siècle, c’est trois siècles plus tard qu’il est retrouvé en Hollande et mis à jour en 1902 à Paris. Il conte la vie de sainte Foy, jeune fille d’Agen, son martyre en l’an 303, et le châtiment qui frappa ses tortionnaires.

Dans son prologue, l’auteur évoque d’abord une scène de lecture "sous un pin", qui lui a révélé "un livre latin du vieux temps" où il y avait toute la sagesse du monde, avec le récit des persécutions subies par les premiers chrétiens ; puis, à la manière d’un jongleur, il déclare avoir entendu une chanson " douce et suave plus que Rayon de miel, chanson bien connue au pays des Basques, en Aragon et dans la contrée des Gascons, et qu’il va chanter à son tour, s’il plaît à l’auditoire ".

La Chanson de Sainte Foi d’Agen, traduite par Antoine Thomas, éditée en 1974, est consultable sur le site gallica.bnf.fr