Valentin (Hong Kong) : "J’ai la sensation de vivre la fin de quelque chose"

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  • Depuis l’épidémie de Sras de 2003, le port du masque est devenu "une seconde nature" pour les Hongkongais.    Depuis l’épidémie de Sras de 2003, le port du masque est devenu "une seconde nature" pour les Hongkongais.
    Depuis l’épidémie de Sras de 2003, le port du masque est devenu "une seconde nature" pour les Hongkongais. repro cpa
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Aurélien Delbouis

Installé depuis plusieurs années dans cette place forte de la finance mondiale, le Laguiolais Valentin Barrié évoque avec nous la situation à Hongkong, secouée par une contestation politique sans précédent depuis la rétrocession.

Malgré l’impressionnant dispositif de sécurité, ils ont finalement décidé de braver l’interdiction. Bougies à la main, des milliers de Hongkongais se sont retrouvés jeudi soir pour commémorer le massacre de Tiananmen. Installés depuis quatre ans dans cette place forte de la finance internationale, Valentin Barrié et sa compagne avaient eux aussi l’habitude d’assister à la cérémonie organisée au parc Victoria. "Pas cette fois. On a préféré éviter !". Avant tout symbolique, l’interdiction du gouvernement intervient dans un contexte d’affrontements entre les pro-démocrates, grands défenseurs du concept "un pays, deux systèmes" et le gouvernement chinois qui tente, à l’inverse, d’inféoder la population hongkongaise à ses propres lois. Pékin niant de facto l’autonomie de l’île rétrocédée par le Royaume-Uni à la Chine en 1997 ; cette autonomie qui lui permet de bénéficier d’une justice indépendante et de libertés encore inconnues en Chine continentale, comme la liberté d’expression ou de manifestation.

"Climat houleux"

Si le Covid-19 et les mesures sanitaires mises en œuvre ont permis de marquer une petite pause dans les manifestations organisées contre "l’ingérence manifeste du gouvernement chinois", le contexte politique reste houleux. Dernière illustration de ces tensions, le Conseil législatif (LegCo), le Parlement hongkongais, a adopté jeudi, un texte très controversé criminalisant tout outrage à l’hymne national chinois. "C’est palpable, avec le vote fin mai de la loi sur la sécurité nationale, un texte que les pro-démocrates estiment liberticide, on sent un nouveau regain de tension. Des manifestations ont repris. Dans un contexte économique franchement dégradé avec la crise du Covid-19, l’ambiance est assez anxiogène", reconnaît Valentin. Cadre dans la restauration, le natif de Laguiole n’en fait pas mystère. "Avec les manifestations organisées l’année dernière plus la crise du coronavirus, nous avons dû fermer 7 de nos 17 restaurants. Cette période s’accompagne aussi de très nombreux licenciements. On a dû se séparer de pas mal de collaborateurs. C’est toujours difficile." Si face au coronavirus, la population hongkongaise, encore traumatisée par l’épidémie de Sras de 2003, a très tôt pris les devants, – on ne comptabilise à ce jour qu’une centaine de décès pour 7,5 millions d’habitants – davantage que la crise sanitaire, c’est bien la situation économique et politique qui préoccupent sérieusement Valentin. "J’ai cette drôle d’impression, la sensation de vivre le début de la fin. On voit clairement que Pékin a décidé de hausser le ton et la communauté internationale ne semble pas vraiment s’en soucier." Hormis peut-être le Royaume-Uni invité sèchement par Pékin à "cesser immédiatement toute ingérence" dans les affaires hongkongaises. Dans ce contexte, lui qui avec sa femme, Hongkongaise, avait projeté de quitter l’île dans "quatre ou cinq ans" n’exclut plus aujourd’hui d’avancer la date du départ. "Les événements actuels nous font beaucoup réfléchir. On n’étudie toutes les options."

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