L214 : une vidéo à forte déflagration

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  • L214 met en cause l’élevage Grimal, à Rullac-Saint-Cirq ainsi que l’abattoir Arcadie Sud-Ouest.
    L214 met en cause l’élevage Grimal, à Rullac-Saint-Cirq ainsi que l’abattoir Arcadie Sud-Ouest. Capture d’écran L214
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Guillaume Verdu

Fermeture partielle de l’abattoir Arcadie Sud-Ouest, lancement d’une enquête, réaction des professionnels et du ministre de l’Agriculture… la vidéo de l’association de défense des animaux a fait réagir, hier.

Les images sont crues, parfois difficiles à supporter. Dans un élevage, des agneaux sont entassés les uns sur les autres. Certains boitent et peinent à se déplacer. D’autres semblent respirer avec peine. Direction ensuite un abattoir, où l’horreur monte d’un cran. On y voit des agneaux mal étourdis, encore conscients au moment de la saignée ou de l’accrochage. Toutes ces images proviennent d’une nouvelle vidéo choc de L214, publiée dans la nuit de mardi à mercredi. L’association de défense des animaux utilise depuis une dizaine d’années ce procédé radical pour dénoncer les mauvaises conditions d’élevage, de transport ou d’abattage.

Images tournées en début d’année

Cette fois, c’est en Aveyron qu’elle est venue fureter, en mettant en cause l’élevage d’ovins Grimal (1), à Rullac-Saint-Cirq, et l’abattoir Arcadie Sud-Ouest, à Sainte-Radegonde. Et plus généralement la filière roquefort, car les agneaux permettent de déclencher la lactation des brebis et ceux qui ne sont conservés pour renouveler le cheptel "sont engraissés dans des élevages intensifs puis envoyés à l’abattoir à l’âge de 4 mois", avance l’association.

Elle garde en revanche le secret sur les auteurs et les conditions de tournage. Tout juste sait-on que les images ont été filmées en janvier et février de cette année et que l’abattoir était déjà dans le viseur du collectif depuis quatre ans et un rapport de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.

Comme souvent avec les publications de L214, la vidéo a été largement reprise, hier matin. Présente dans les gros titres des médias nationaux, virale sur les réseaux sociaux, l’information a rapidement circulé. Et les réactions ne se sont pas fait attendre. Avec une première conséquence : la fermeture provisoire de la chaîne ovin de l’abattoir de Sainte-Radegonde. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a en effet demandé hier matin à la préfète de l’Aveyron de suspendre immédiatement son agrément.

Cette mesure est venue satisfaire l’association, qui l’avait placée au rang de ses revendications. "Il y a toujours des réactions à nos vidéos, précise Sébastien Arsac, cofondateur de L214 et directeur des enquêtes. Seulement, les fermetures aussi rapides sont assez rares. Souvent, le ministère de l’Agriculture annonce des enquêtes et montre sa solidarité avec les professionnels."

Dans l’attente des conclusions d’une enquête

Ces derniers n’ont, eux non plus, pas tardé à s’exprimer (lire par ailleurs), preuve de l’onde de choc provoquée par la vidéo. La filière roquefort s’est en effet empressée de se démarquer de ces pratiques, en arguant qu’elles concernent la production de viande. De même, à la suite de l’annonce de la fermeture partielle de l’abattoir, une délégation de représentants (composée notamment de Jacques Molières, président de la Chambre d’agriculture, de Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA Aveyron, et de Romain Déléris, président des Jeunes Agriculteurs) a été reçue par la préfète, hier après-midi.

Dans un communiqué commun, les deux syndicats ont ainsi affirmé que "le bien-être animal préoccupe quotidiennement les éleveurs" et qu’ils "condamnent les dérives sur la méthode d’abattage filmée dans l’extrait".

La journée d’hier a aussi été marquée par une enquête à l’abattoir, par les services de l’État. "Ses conclusions devront permettre de déterminer quelles suites seront données", précise le ministère. D’autres répercussions sont peut-être à attendre…

(1) : Contacté, le gérant de l’exploitation n’a pas souhaité réagir.
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