Les villages perchés du Sud-Aveyron

Entre causses et vallées, les villages perchés du Sud-Aveyron offrent à qui veut appréhender l’histoire de cette contrée sauvage, une succédanée de ce que fut la vie sous ces latitudes méridionales. Vestiges d’un temps où les seigneurs régnaient sans partage sur ces falaises abruptes, les villages de Montméjean, Cantobre, Saint-Marcelin, Peyrelade, Peyre ou encore Saint-Véran pour ne citer qu’eux, ont longtemps servi de gîtes à des hommes ô combien laborieux, passés maîtres dans l’art de sublimer le peu que la nature avait à offrir.

Implantés sous les lèvres des causses, surplombant la Tarn, la Dourbie ou la Jonte, tous ont longtemps bénéficié de la protection des seigneuries locales qui "contre pitance" offraient, derrière les murs d’enceinte de ces places fortes, un refuge de circonstance. Des Templiers aux Hospitaliers, le Sud reste marqué par cette histoire. Une région à la croisée des civilisations. À l’heure d’un monde en proie à des bouleversements majeurs, la plongée, même rapide, dans ce passé n’est pas inutile pour s’ouvrir des perspectives.

 

Eglazines

et ses maisons troglodytiques

Bâties contre le roc, les maisons du hameau d’Eglazines présentent la particularité d’être semi-troglodytiques (elles n’ont bien souvent que 3 murs adossés à la falaise). Bien qu’en ruine, on devine les anciennes terrasses tout autour et on imagine la difficulté de la vie en ce lieu. Un village habité jusque dans les années soixante.

 

Le village de Cantobre,

"quelle œuvre"

À 100 mètres au-dessus des gorges de la Dourbie et du Trévezel, la vue embrasse tous les alentours. Vous êtes dans le village de Cantobre dont le nom signifie "quelle œuvre" en occitan. La preuve que déjà en son temps, le travail de bâtisseurs, n’était pas passé inaperçu. Petit par la taille (15 personnes vivent ici à l’année), Cantobre n’en demeure pas moins un très bel exemple de l’architecture et de l’intelligence des hommes à bâtir en des conditions extrêmes.

 

Peyrelade, le cerbère

de Rivière-sur-Tarn

Majestueuse forteresse médiévale du XIIe siècle bâtie sur un éperon rocheux dominant l’entrée des gorges du Tarn, le château de Peyrelade constituait au Moyen-Âge l’une des plus importantes forteresses du Rouergue, grâce à la position de son rocher-donjon naturel. Théâtre d’incessantes batailles jusqu’à sa démolition en 1663, ordonnée par Richelieu, cet édifice atypique est inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis le 6 mars 1981..

 

Marie-Jo, la mémoire de Montméjean

Partons en direction du Causse Noir à la rencontre Marie-José Cartayrade, la mémoire vivante du village de Montméjean (commune de Saint-André de Vézines). Très impliquée dans l’association de sauvegarde de Montméjean qui, pierre à pierre, poursuit la rénovation de ce vestige inestimable des villages perchés du Sud Aveyron, la sémillante retraitée est aussi celle à qui l’on doit l’aménagement du sentier botanique "Lo Camin de las flors", le "chemin des fleurs". Passionnée de botanique, Marie-José est intarissable quand il s’agit de vous faire découvrir l’utilité des baies du Cornouiller ou de l’Inula Montana, très connue des habitants du Causse pour ses propriétés anti-inflammatoires comparables à celles de l’Arnica…

 

Peyre, un

des plus beaux villages de France

Avec ses maisons troglodytiques tout comme l’église romane fortifiée du XVIIe siècle taillée dans les parois de tuf, Peyre rappelle les villages méditerranéens et offre un refuge de fraîcheur en été. Un refuge avec vue sur le viaduc de Millau... Mélange de tradition et de modernité.

 

L’ermitage de Saint-Michel

Cet ancien site fortifié, est l’un des plus singuliers du Causse noir, accroché aux impressionnants rochers ruiniformes des gorges de la Jonte dans le cirque de Madasse. L’ancienne forteresse de Montorsier, plus communément connue sous le nom de l’Ermitage Saint-Michel est située sur la commune de Veyreau à 2 km au nord de l’église de Saint-Jean des Balmes. Si la tradition veut voir dans cette bâtisse étonnante, un ermitage lié à Saint-Michel en lien avec la forteresse de Montorsier, cet ermitage construit sur quatre niveaux, fait davantage penser aux vestiges d’un château avec une chapelle dédiée à Saint-Michel. Les spécialistes n’ont pas tranché, les randonneurs apprécieront.

 

Saint-Véran : une histoire commune avec le Canada

Agrippé à flanc de rocher, ce superbe village perché de Saint-Véran est situé dans la vallée de la Dourbie à la limite du Larzac. On peut l’apercevoir de la route longeant la rivière. La route d’accès est étroite et sinueuse mais la récompense est au bout : la vue vers la vallée et le Larzac est exceptionnelle.

Dans ce village, le décor est grandiose avec des étroites ruelles, plus haut les ruines du château féodal (donjon et enceinte du XIIe siècle), et en contrebas l’église. Du XVe au XVIIIe siècle, Saint-Véran était le fief de la famille de Montcalm. L’un de ses membres, le marquis Louis-Joseph de Montcalm, seigneur de Saint-Véran, fut lieutenant général du Roy en Nouvelle-France (1756-1759) et, à ce titre, participa au siège de la ville de Québec.

Il est mort lors de la bataille des "plaines d’Abraham" gagnée par les Anglais qui conduit à la capitulation de la ville de Québec et marque le début de la fin de la colonisation française au Canada. Sur son lit de mort, le marquis en apprenant par son chirurgien qu’il ne lui restait plus que quelques heures à vivre, aurait répondu : "Tant mieux, je ne verrai pas les Anglais à Québec."