Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 5, épisode 2 : yourtes nature en commune libre

Si je me rappelle bien, l'endroit s'appelle Sourbins. D'une douzaine de personnes, la population dépasse les 40 aujourd'hui. Certains qualifient le lieu de « commune libre » et près de là vit non seulement Jean-Henri Meunier, mais aussi l'actuel maire de Najac. A Sourbins, outre le camping des Etoiles au concept assez original, et une porcherie réaménagée en habitations, trois yourtes sont plantées là, les unes près des autres.

Dans l'une d'entre elles, je rencontre Olivier, qui non seulement y vit, mais l'a construite lui-même, puisque c'est son métier depuis 15 ans. La sienne fait 75m2 de surface, compte un salon cuisine, trois chambres, une salle de bains et toilettes sèches, plus une mezzanine, et une terrasse de bois attenante à une baie vitrée. Olivier me dit le coût pour une telle construction : 75 000 euros. Avec son entreprise La Maison voyageuse, Olivier a fabriqué quelque 35 yourtes de différentes tailles. « Il y a des dizaines de milliers de personnes qui vivent dans des yourtes en France, assure-t-il. Entre 500 et 1000 yourtes y sont fabriquées chaque année, et nous sommes entre 30 et 40 à en fabriquer, chacun de manière très différente. »

Si Olivier connaît si bien le sujet, c'est qu'il est le co-auteur d'un ouvrage référence dans le domaine de la fabrication des yourtes, « Construire en rond », paru en 2010 aux éditions Eyrolles.

Lui se spécialise depuis 2008 dans la fabrication de yourtes avec permis de construire, c'est-à-dire de yourtes qui deviennent habitat principal, à demeure donc, comme la sienne, même si « une yourte reste toujours démontable ». Pour cela, Olivier privilégie les circuits courts et équitables, et les matérieux de qualité. La laine vient ainsi d'Aveyron et d'Auvergne, le bois est local et des départements limitrophes, quant à la toile, elle est fabriquée à Lille.

Les avantages de vivre dans une yourte ? Une empreinte écologique bien moindre qu'une habitation classique et un coût thermique des plus réduit : « Le premier chauffage, c'est le soleil, dit Olivier. Ici, la baie vitrée suffit à chauffer l'hiver, et j'utilise très peu de complément bois. »

Une isolation parfaite grâce à une couche de 24 cm de laine de mouton. Olivier a été aussi le premier fabricant à construire des yourtes répondant à la réglementation thermique de 2012, même si celle-ci s'avère très contraignante pour les petites entreprises. « Elle a été rédigée pour de gros industriels comme Saint-Gobain », soupire Olivier.

Quand bien même : en vivant dans une yourte, on trouve toujours matière à arrondir les angles. Forcément. Autour d'une bonne salade par exemple, avant de reprendre la route. La veille, Olivier a pris congé de l'un de ses fils, Elio, même pas 18 ans et à peine bachelier, parti de Bruxelles à vélo avec son copain Justin pour un tour d'Europe qui se terminera en juillet 2021, à visiter différents projets ecologiques. 14 600 km à travers 26 pays ! A côté de ce périple, le mien, même avec un scooter capricieux, m'apparaît tout petit...