Rodez. Mathilde Corbin déroule ses tapis pour le yoga, tout en méditant sur l’écologie

"Je me fatigue moi-même". Le personnage est dépeint dans cette formule... qui vient d’elle. Avec humour, dérision. Elle est parfois difficile à suivre mais, en revanche, terriblement attachante. Montée sur ressorts, "avec 1 400 idées à la minute", elle respecte certes le "Ici et maintenant" qui colle à la peau de ceux qui, comme elle, pratiquent le yoga mais avec une petite (re)touche personnelle : "Ici et maintenant, sans négliger demain". Elle ne tient pas en place. C’est bien simple, pour la suivre, il faut toujours avoir une mappemonde sous la main ! Mathilde Corbin est née à Rodez, en 1986. Fille d’une commerçante bien connue dans le chef-lieu aveyronnais, elle a grandi entre le centre-ville et Vabre. Un bac L (philosophie et peinture) en poche, elle est alors partie pour ses études à Toulouse (école de commerce Sup de Co), où elle a passé cinq ans, dont un en Erasmus aux Pays-Bas.

Les fourmis dans les jambes ne faisaient que commencer. Après quelques années à Paris, dans une agence événementielle spécialisée dans le tourisme d’affaires (son oncle éric Bousquet a créé Business, entre les mains aujourd’hui de ses cousins Georges-Henri et Louise), puis un passage à Bruxelles, elle est revenue dans son sud natal, posant ses valises à Montpellier, où elle a travaillé durant quatre ans dans les domaines du web, de la communication, du marketing et de la formation. "Mon cœur a toujours balancé entre créativité et business, entre le produit et l’événement", reconnaît la jeune maman d’un petit Gabriel, né le 21 mars. Repiquée par la bougeotte, elle a ressorti sacs et passeport pour s’envoler pour la Thaïlande, où elle a œuvré pour un site internet et lancé un blog sur le sommeil (car elle était insomniaque), avant de traverser la planète pour se poser au Costa Rica. Quelques mois seulement, dédiés au surf et à l’espagnol. Où elle a aussi découvert le yoga, au cœur d’une jungle hyper-sauvage, avec pour seule compagnie les vagues et les oiseaux. De retour en Europe, elle a connu Barcelone, se formant au marketing digital, avant de partir en Italie, répondant aux sirènes de la Dolce vita. C’est là, à Pérouse puis à Naples, qu’elle a rassemblé ses économies (1 600€) pour acheter 100 tapis car, selon ses propres termes, "le yoga commençait à faire son chemin". En juin 2016, Mathilde Corbin a lancé Yogom, "un nom spirituel pour une marque française de yoga écologique", mais également un blog et une application mobile. Elle n’a pas oublié : "Je n’ai rien révolutionné mais ce tapis écologique était un très bon compromis entre simplicité et confort". Sa communauté Instagram n’a pas tardé à grossir, plutôt des femmes, âgées de 25 à 35 ans. La Ruthénoise n’est pas prête d’oublier le millésime 2020. Avec la naissance de son premier enfant bien sûr, mais aussi l’achat d’une maison à Montpellier et une activité professionnelle qui ne cesse de grandir. Elle vient, par exemple, de commander 3 500 tapis. Un container complet. "Pendant la crise sanitaire, j’ai vendu six fois plus. Je me suis retrouvée sans stock", se réjouit Mathilde Corbin. La belle aventure pourrait d’ailleurs se poursuivre puisque sa gamme va se retrouver bientôt au Bon Marché à Paris, dans les rayons du Vieux campeur et chez Nature & Découvertes.

Et demain ? "Un concept store, d’autres projets autour du yoga (stages, retraites, formations...), de la musicothérapie", conclut la trentenaire, un immense sourire éclairant son visage. Namasté !