Tourisme : une vague de plébiscites submerge l’Aveyron et l’Aubrac

J’étais presque obligé de klaxonner au fond des bois avec mon VTT !", glisse avec humour Sébastien Bras, le chef du Suquet à Laguiole. Cela en dit long sur la fréquentation sur le plateau de l’Aubrac. "En vingt ans à Laguiole, je n’avais jamais vu autant de monde, on a été complet tout le temps", dit en ce sens Henri-Luc Dauvergne, à la tête du restaurant "La-Ba". Même son de cloche chez Emmanuelle Brouzes, de la Maison éponyme, véritable institution sur l’Aubrac. "On ne s’attendait pas à voir autant de monde ! Ce fut une très, très bonne saison grâce aussi à une météo excellente. Mais cela restera une année particulière".

Une année touristique amputée du printemps mais rattrapée par l’attrait retrouvé des Français pour le grand air (forcé aussi il est vrai par les restrictions sanitaires) et l’attractivité suscitée par le volet médiatique. " Il y a eu beaucoup d’émissions télévisées pendant le printemps, cela a donné des idées à une nouvelle clientèle de venir ", estime Emmanuelle Brouzes qui constate habituellement un creux fin juillet, ce ne fut pas le cas cet été. De fait, l’établissement a rapidement rappelé son équipe de saisonniers (35) tout en s’appuyant sur les vingt salariés permanents.

Le retour des pèlerins en septembre

Et la saison touristique est loin d’être terminée, les clients sont encore nombreux sur le plateau en ce mois de septembre. " Nous n’avons pas de recul car c’est notre première saison mais on est content et il y a de bonnes perspectives avec des réservations pour cet automne et le réveillon ", dit Jean-Luc Caetano à l’Estive d’Aubrac. À la Maison de l’Aubrac, "le compteur a même explosé" selon Nathalie Moulin qui constate aussi une poursuite de l’activité touristique en cette saison avec le retour des pèlerins alors que l’été fut le tour des randonneurs. Un été là encore au complet, " débordé " au point d’être " frustré". Et de s’expliquer : "Il y avait tellement de monde qu’il aurait fallu un poste à temps plein pour l’accueil touristique." Un accueil touristique compliqué pour les offices de tourisme dû aux mesures sanitaires. Avec trois personnes maximum acceptées dans les locaux de l’office de tourisme de Laguiole, la fréquentation est difficilement quantifiable et ne reflète pas la réalité, "bien que nous ayons eu une journée avec 400 personnes ", précise Séverine Dijols-Valenq, directrice de l’office de tourisme. Une telle vague de touristes qui a donné "le sentiment d’être au bord de la plage ", poursuit Nathalie Moulin, " en ayant du mal à trouver du temps pour expliquer et partager l’esprit de l’Aubrac ".

+40 % à la Maison de l’Aubrac en juillet, + 21 % en août

Au final, le chiffre d’affaires de la Maison de l’Aubrac est passé de – 40 % en juin à +40 % en juillet et +21 % en août par rapport à 2019 qui fut pourtant une bonne année. " La clientèle a rajeuni, avec des familles, recherchant des activités pleine nature". De quoi espérer une envolée du pôle pleine nature. C’est ce qu’espèrent le parc naturel régional de l’Aubrac et ses partenaires qui organisent la 2e édition de l’Échappée Verte le 20 décembre sur le plateau. Pourtant la saison avait mal commencé pour le tourisme avec ce printemps confiné, à l’image de la Maison de l’Aubrac en quête de deux saisonniers fin juin. Finalement, une jeune venue de l’Allier est arrivée, avec pourquoi pas l’envie de rester. C’est le nerf de la guerre de l’Aubrac d’attirer une population pour relancer la démographie. En attendant, ce raz-de-marée touristique au cours d’une année singulière a touché l’Aubrac comme l’Aveyron. " Il y a eu une fréquentation incroyable partout, de Saint-Geniez aux gorges du Tarn, c’est tout l’Aveyron qui a marché ", fait remarquer Emmanuelle Brouzes. Comme le dit aussi Sébastien Bras, histoire de boucler la boucle : " L’activité a été très soutenue, la liste d’attente a été rallongée. C’est rassurant, cela montre que les Français avaient envie de redécouvrir les grandes étendues vierges. " De redécouvrir leur pays. Celui des campagnes, des montagnes. De la douce France.

Une redécouverte qu’initie et cherche à partager le chef du Suquet auprès des entreprises en proposant deux "workshop", (atelier dans la langue de Molière) les 22 septembre et 6 octobre à Laguiole. Et si l’avenir économique était aussi sur le plateau ?