Aveyron : les agriculteurs en colère contre la future zone vulnérable

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  • Une manif d'agriculteurs à Rodez en février 2018.
    Une manif d'agriculteurs à Rodez en février 2018. Repro CP
Publié le
Guilhem Richaud

La FDSEA appelle ses membres à venir manifester mardi soir à Rodez.
 

Se faire entendre avant qu’il ne soit trop tard. Les agriculteurs de la FDSEA appellent ses membres à venir en tracteur à Rodez pour protester contre le projet de nouvelle carte de la zone vulnérable que la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) est en train d’établir. Il s’agit d’un processus qui a lieu tous les quatre ans et qui permet de contrôler la teneur en nitrates des bassins-versants. Depuis 2012, la zone concernée ne cesse de s’étendre en Aveyron, ce qui provoque de fortes contraintes chez les paysans. " La préfecture de Région et la Dreal ont fait des analyses d’eau sur une période d’un an, détaille Laurent Saint-Affre, le président de la FDSEA. Ils ont compilé les résultats. Quand il y a plus de dix résultats, ils enlèvent le plus élevé, car ça peut être un incident pas significatif pour une donnée générale et si dans les analyses qui restent il y en a une qui contient plus de 18 milligrammes par litre d’eau de nitrates ils classent tout le bassin-versant du cours d’eau comme zone vulnérable. " Problème, ce classement génère de grosses contraintes pour les agriculteurs avec une obligation administrative de faire faire un plan d’épandage et un plan prévisionnel de fumure, ainsi que des prélèvements de contrôle réguliers. Des obligations qui, selon le syndicat, auraient un coût allant de 1 500 à 2 000 € par an pour chaque exploitation concernée. Mais pour les paysans qui basculeraient en zone vulnérable, cela nécessite également des investissements que le syndicat qualifie de " lourds " puisqu’ils doivent augmentent leur capacité de stockage des effluents d’élevage. Cela veut dire qu’il faut agrandir les fosses à lisier de manière à pouvoir tout stocker pendant plusieurs mois.

 
 

 

Trente nouvelles communes concernées

Et si, au moment de cette nouvelle mouture censée entrer en vigueur en septembre 2021, les agriculteurs sont inquiets, c’est que selon la mouture actuelle, que la Dreal leur a demandé de commenter, trente nouvelles communes entreraient en zone vulnérable (et dix en sortiraient), avec des conséquences pour 2 500 fermes, avec à 129 000 hectares. Les agriculteurs ne remettent pas en cause le bien-fondé de cette carte, mais ils critiquent l’analyse des résultats des prélèvements. Pour eux, ceux qui sont au-dessus du seuil autorisé (18 mg/l) qui ont eu lieu en hiver, ne peuvent pas être tous de la responsabilité de leur responsabilité. Pour illustrer ses propos, Laurent Saint-Affre a décidé de prendre l’exemple de la zone du Viaur, à proximité de l’abbaye de Bonnecombe dans la commune de Comps-La-Grand-Ville. "Dans cette vallée, il y a beaucoup de bois, détaille-t-il. À partir du moment où il y a du bois, il y a minéralisation des feuilles et ça dégage des nitrates. Bizarrement, dans beaucoup de points de prélèvement, les seuls qui sont au-dessus de 18 mg/l se situent entre décembre, janvier et février. C’est exactement la période où il y a aucun épandage agricole. Nous disons que la plus grande probabilité c’est que ce soit la dégradation de la végétation naturelle qui provoque l’augmentation du taux de nitrates dans l’eau."

S’ils reconnaissent que dans certains cas le classement est légitime, les agriculteurs comptent bien se faire entendre pour faire infléchir la Dreal pour les communes où ils trouvent que c’est abusif. Pour cela, ils comptent bien être nombreux mardi soir à Rodez.

Contactée, la Dreal n’a pas répondu à nos appels.

 

Les tracteurs attendus au centre de Rodez mardi soir

Pour ne pas bouleverser les commerces dans leur activité, les agriculteurs de la FDSEA ont décidé de décaler l’heure de leur manifestation. Le rassemblement est programmé mardi 15 décembre à 20 h 30 sur l’avenue Victor-Hugo, avec le plus de tracteurs possibles. De là, les agriculteurs partiront se faire entendre sur le tour de ville avant de se rendre devant la préfecture de l’Aveyron. Là, ils espèrent qu’une délégation sera reçue par la préfète et pourra se faire entendre.

 

Une phase de concertation avant une mise à jour en septembre

Après un an de test entre 2018 et 2019 et une phase de compilation des résultats, le calendrier de la mise à jour de la zone vulnérable aveyronnaise n’est pas encore arrêtée. C’est pour peser dans la balance que les agriculteurs veulent se faire entendre mardi. Ils ont reçu le projet de la Dréal et peuvent le commenter jusqu’au 31 décembre. L’agence aura ensuite 6 semaines pour décider si elle revoit sa copie ou non. Puis, le projet sera présenté à l’enquête publique. Avec comme objectif une entrée en vigueur de la nouvelle carte le 1er septembre 2021.

 

 

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