Gaëtan Alet, Pyrénéiste passionné : " La montagne est mon élément"

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  • Amateur de grands espaces, Gaëtan Alet prend aussi beaucoup de plaisir à organiser les voyages des autres avec son agence "ResPyrénées".
    Amateur de grands espaces, Gaëtan Alet prend aussi beaucoup de plaisir à organiser les voyages des autres avec son agence "ResPyrénées". G.A.
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Aurélien Delbouis

Installé à Foix en Ariège, le natif de Rieupeyroux organise des séjours en montagne pour des amateurs toujours plus nombreux à céder au charme de moins en moins discret de la randonnée. "Une évidence" pour ce pyrénéiste convaincu

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, la montagne a toujours été là. Quelque part. Une "amie fidèle" qu’on visite dès que se présente l’occasion. "C’est vrai, la montagne est, et restera toujours une passion pour moi, au sens large !" Randonneur impénitent, Gaëtan Alet a pris ses quartiers à Foix en Ariège, aux pieds de celles qui depuis sa prime jeunesse aiguisent chez lui des envies d’aventures. "Si je suis là aujourd’hui, c’est évidemment grâce à mes parents qui nous ont convertis, moi et mes frères, à la randonnée en montagne. Très vite, tout ça m’a bien plu." "Une histoire de famille" qui s’est rapidement muée en histoire d’amour. "Quand mes camarades d’école s’extasiaient devant des magazines de bagnoles, j’étais sans doute le seul à lire ceux consacrés à la montagne."

Bal au-dessus des 3000 from le loKal production on Vimeo.

 

Lui qui apaise cette soif d’aventure avec une partie des œuvres de la littérature consacrée – avec une préférence pour celles de Georges Véron, "stakhanoviste de la montagne", ou de l’alpiniste Lionel Daudet – comprend alors qu’il devra quitter Rieupeyroux et ses confortables pénates pour des contreforts plus indiqués.

Scolarité classique, il bifurque d’abord vers un BTS Gestion et protection de la nature avant d’enchaîner sur un master Métiers de la montagne "en lien avec les problématiques actuelles de développement mais surtout environnementales."

Trois années passées à Gap, dans le chef-lieu des Hautes-Alpes, où l’appel de la montagne se fait définitif. "Je n’avais pas encore d’idées précises de ce que je voulais faire mais il fallait que ce soit dans les Pyrénées." Ce massif où l’épopée des premiers explorateurs résonne encore dans les vallées et avec qui il alimente "quelque chose de l’ordre de l’intime", tant sont toujours vivaces les souvenirs de son enfance buissonnière.

Lui qui a plus tôt traversé le massif avec son frangin amorce un retour en terrain conquis. Il n’est pas seul. Avec lui, quatre autres diplômés de master qui se lancent dans la traversée de la chaîne des Pyrénées, de la mer Méditerranée à l’Atlantique, en passant par tous les sommets de plus de 3 000 mètres. "Une aventure humaine hors du commun", toile de fond du film documentaire "Bal au-dessus des 3 000", récompensé du Prix de l’aventure 2019 par le festival montpelliérain "What a trip".

"J’avais déjà senti lors de précédentes randonnées sur le GR20 en Corse ou sur la traversée des Alpes qu’il y avait, là-haut, moyen de s’extraire un peu du quotidien, de vivre une véritable aventure totalement hors du temps sans pour autant partir à l’autre bout du monde. Cette expédition qui a duré quasiment deux mois a fini de me convaincre."

Il n’est d’ailleurs pas le seul à ressentir l’appel des cimes. Si visiter une capitale en deux jours était la norme dans le monde d’avant – cette frénésie ayant pour effet de "tuer l’esprit même du voyage" estime le sociologue Rodolphe Cristin – de plus en plus de voyageurs se tournent aujourd’hui vers un tourisme plus lent, presque contemplatif, basé sur un retour à la nature.

Et la crise du Covid-19 semble accélérer les choses, valide Gaëtan, organisateur de séjours pour l’agence de treks ResPyrénées. "Jusqu’au mois de mai 2020, on s’est posé beaucoup de questions sur la suite de nos activités, avant de recevoir énormément de demandes d’une clientèle que l’on n’avait pas l’habitude d’accueillir. On a senti chez les gens un grand besoin de prendre l’air, de s’évader sans pour autant partir trop loin de chez eux." Résultat : "une fréquentation en hausse de 30 à 40 % pour les mois de juillet et août" confirme la Confédération pyrénéenne du tourisme.

Et si, paradoxe, cette appétence pour le "slow tourisme" impose à Gaëtan des journées bien remplies, le trentenaire n’en oublie pas sa quête. "Des projets ? J’en ai plein. C’est d’ailleurs important, sinon essentiel d’en avoir, non ? La traversée de la Sierra Nevada aux USA me tente pas mal. La région du K2 au Pakistan, les montagnes d’Amérique du Nord ou même l’Alaska sont aussi des coins qui me font franchement envie. Mais il y a déjà pas mal à faire en France et comme je suis très "Pyrénées", je tenterais bien une nouvelle traversée en passant cette fois par tous les lacs de montagne." Une idée parmi tant d’autres pour notre marcheur chez qui "tout est prétexte à la balade."

Bal au-dessus des 3000 : « C’est l’aventure d’une vie »

« J’ai lancé l’idée comme on jette une bouteille à la mer, sans trop y croire. Mais finalement, l’idée s’est vite transformée en quelque chose d’un peu plus concret », explique Gaëtan. Un an plus tard, les cinq étudiants en master « Métiers de la montagne » prendront finalement le départ d’un périple de près de 1 000 km qui emprunte les 129 sommets pyrénéens de plus de 3 000 m d’altitude. « À la fin de notre master, on avait tous envie de faire autre chose avant d’embrayer directement dans le monde du travail. Le bal au-dessus des 3 000 est parti de là. »
De la Méditerranée à l’Atlantique, ces deux mois d’aventure donneront lieu à un film documentaire de 52 minutes réalisé - cocorico - par Thibault Mazars. Natif de Rieupeyroux comme Gaëtan, il explique : « À travers le quotidien de cette cordée, on constate qu’au défi purement physique, s’ajoute une certaine quête de sens. Une réflexion sur soi, sur le monde, la société. Choisir sa voie, son itinéraire puis tracer son chemin avec volonté et détermination, telle est la métaphore de la vie de cette aventure certes sportive mais surtout humaine. » Tourné en 2019, le film a été diffusé et récompensé par différents festivals. Il a reçu le Prix de l’aventure 2019 du festival montpelliérain « What a trip ».

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