La "fausse" stagiaire de la chambre d'agriculture de l'Aveyron dérobait des données

  • En 2018, la chambre d'agriculture de l'Aveyron a été victime d'une "extraction frauduleuse de données" de la part d'une "fausse" stagiaire.
    En 2018, la chambre d'agriculture de l'Aveyron a été victime d'une "extraction frauduleuse de données" de la part d'une "fausse" stagiaire. - Illustration
Publié le , mis à jour

Cette mère de quatre enfants, multirécidiviste, opérait pour un entrepreneur spécialisé dans l'export de bovins.

Le scénario était particulièrement bien ficelé. À l’été 2018, une jeune femme, née en 1994, se présente à la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Elle explique être dans une grande détresse personnelle et financière, joue des larmes également afin de réaliser un stage de quelques jours dans l’organisme. Ça passe. Dans les bureaux de Rodez, personne ne se doute qu’elle est en "mission commandée" et que tout ce scénario a été écrit à plus de 600 kilomètres de là, du côté de Saint-Nazaire, par le véritable employeur de la "stagiaire" : un quadragénaire spécialisé dans l'export de bovins, n'hésitant pas à s'afficher également comme avocat.

Lors de cet été 2018, l'homme reçoit une belle commande d'un pays étranger : des aubracs sont demandés. Afin d'éviter de passer par des intermédiaires locaux, l'entrepreneur envoie son assistante "infiltrer" la chambre d'agriculture. Objectif : récupérer toutes les données possibles (adresse, numéro de téléphone, traçabilité du cheptel...) sur les élevages d'aubracs dans le département.

Plus de 400 fichiers récupérés

Dès son premier jour, la "stagiaire" suit le scénario et récupère bon nombre de fichiers sur une clé USB. Dès le lendemain, elle installe un logiciel espion sur son ordinateur afin qu'à distance, son patron puisse accéder à tous les fichiers... Le tour est joué, plus de 400 fichiers sont récupérés et la "stagiaire" disparaît sans prévenir. À la chambre d'agriculture, les premiers doutes apparaissent et le service informatique découvre l'existence de ce logiciel espion. Une plainte est déposée.

Devant les enquêteurs, la jeune femme avoue, elle ne nie rien. Son acolyte, lui, fait valoir son droit au silence. Attendu devant le tribunal de Rodez, ce mercredi, pour s'expliquer, l'homme ne s'est pas présenté indiquant qu'il était "cas contact". Son procès a été renvoyé au mois d'octobre prochain.

"A quoi cela a véritablement servi ?"

Également absente, mais représentée par Me Pierre Le Bonjour, son ancienne employée, elle, n'a pas échappé au verdict et a été condamnée à 10 000€ d'amendes, avec sursis, pour "extraction frauduleuse de données contenues dans un système de traitement automatisée" et "abus de confiance en récidive", car le casier de cette mère de quatre enfants compte déjà plusieurs mentions pour diverses escroqueries... "Elle sortait de prison quand ce Monsieur lui a proposé cet emploi et cette mission. Elle s'est fait piéger et était sous une sorte d'emprise", a indiqué son conseil quand son confrère Me Bastien Auzuech, plaidant pour la chambre d'agriculture, a souligné "que cette histoire avait fait beaucoup de mal à l'organisme et aux éleveurs, se sentant victimes de piratage comme le sont aujourd'hui les établissements hospitaliers".

La présidente de l'audience, Sylvia Descrozaille, s'est pour sa part longuement interrogée sur l'utilisation de ces données : "Les éleveurs ont indiqué qu'ils n'avaient jamais été démarchés. À quoi cela a véritablement servi ?" Pour le procureur, Bernard Salvador, "on n'en sait rien...c'est la zone d'ombre de ce dossier".

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