Rodez : ne pas laisser les produits cosmétiques Evaness… s’évanouir

Il faut aider l’entreprise Evaness et sa production de cosmétiques, réalisés à base de lait d’ânesse. Car il y a comme une forme d’injustice, avec cette crise pandémique qui fête de façon assez funeste son anniversaire, qui pourrait freiner l’élan d’entreprendre d’Eva Catusse et Romain Brunet. Derrière Evaness, se cachent une belle histoire et une envie de bien faire qui méritent de tracer leur chemin.

En 2019, Eva Catusse, avec son ami d’enfance, poussée par son entourage, prend une décision qui n’est pas sans remuer un certain passé. Reprendre la confection de produits cosmétiques issus du lait d’ânesse que sa mère avait lancé à Rodez. Ils n’étaient alors que quatre ou cinq en France à miser sur les riches qualités de ce lait. Mais voilà, la maman d’Eva décède prématurément d’une maladie.

Entreprendre quelque chose

Eva est alors âgée de 15 ans. Mais ne pense pas forcément à reprendre ce que sa mère a lancé. "Dans mon idée, je savais que je voulais entreprendre quelque chose, mais quoi et dans quel domaine ?"

Autour d’elle, on l’incite à se pencher sur ce que faisait sa mère. D’autant que les ânes sont là, sur l’exploitation familiale, à Randeynes, à proximité de Combelles. Avec Romain, Eva se lance. Intègre la pépinière d’entreprises de Rodez Agglomération, et fait le choix de repartir à zéro pour la confection, en ciblant trois produits : un savon, une crème de soin du visage et une crème hydratante. Elle adjoint à ces produits-là du miel et de la flore, issus de producteurs locaux triés sur le volet. "Nous avons des exigences importantes. Nous avons aussi choisi de faire réaliser ces produits en Provence, car les meilleurs laboratoires sont là-bas ", complète Romain. "Tout, de A à Z, est fabriqué en France." Le couple porte également une attention particulière à ses ânes. "Le bien-être animal est également dans nos préoccupations", souffle Eva. Alors qu’une ânesse peut produire 8 à 10 litres par jour pour son ânon, ils ne prennent qu’un litre.

"Cette aventure a du sens pour nous"

Au bout d’un an de travaux de recherche et de validation de leurs produits, ils entrevoient le lancement sur le marché. Mais la pandémie rôde.

"Nous avons à peine reçu nos premiers cartons de produits cosmétiques que le confinement est tombé", caricature à peine Romain. Avec Eva, ils n’ont même pas le temps de savourer les très bons retours qu’ils ont de leurs créations. Le confinement les empêche de démarcher de nouveaux réseaux de ventes. Et dans le même temps, les commerces freinent des quatre fers pour accueillir toutes nouvelles gammes de produits. Internet ? "Nous sommes désormais sur un marché très concurrentiel, il n’est pas évident de se faire voir", confie Romain. " Puis la crise nous a empêchés de développer notre présence sur les marchés", explique Eva.

Pour tous les deux, ce mois de mars est désormais crucial. "Il nous manque dix mille euros pour pouvoir continuer." Comme ils ne sont pas du genre à attendre que cela tombe du ciel, ils tentent des choses. Communiquent sur leur situation auprès de leur clientèle. Actuellement, sur leur site, ils proposent des packs de six ou douze produits, à des prix défiant toute concurrence. "On mène cette aventure parce qu’elle a du sens pour nous", confie Eva. Promouvoir ces produits-là, à base de lait d’ânesse, rejoint une certaine idée de la santé, mais aussi de la mise en avant de tout un territoire. "On aurait très bien pu prendre un modèle de confection déjà existant, et puis voilà", résume Romain. "Mais ce ne sont pas nos valeurs."

Depuis le lancement de leur offre promotionnelle, ils ont de bons retours. Et espèrent pouvoir continuer leur aventure. Et franchement, à voir l’énergie dépensée par ces deux jeunes pour réussir, on se dit qu’il serait dommage que cela s’arrête…

Evaness, tel. 05 65 77 37 16. www.evaness.fr