Avec "Mastemah", le diable s’habille en Aubrac

  • L'Aubrac se prête parfaitement à l'ambiance de ce film
    L'Aubrac se prête parfaitement à l'ambiance de ce film
  •  "Mastemah", de Didier D. Daarwin.
    "Mastemah", de Didier D. Daarwin.
  • Didier D. Daarwin, ci-contre avec la casquette, fait répéter une figurante venue de Mende.
    Didier D. Daarwin, ci-contre avec la casquette, fait répéter une figurante venue de Mende.
  •  "Mastemah", un "thriller horrifique"
    "Mastemah", un "thriller horrifique"
  • Un tournage qui a pu intriguer les habitants...
    Un tournage qui a pu intriguer les habitants...
Publié le
Olivier Courtil

Le plateau de l’Aubrac sert de lieu de tournage au film "Mastemah" qui sortira l’année prochaine au cinéma.

Le soleil se couche sur le plateau de l’Aubrac, versant lozérien. Et le cauchemar s’éveille pour tourner le film "Mastemah" de Didier D. Daarwin qui connaît bien le plateau pour y avoir repris les chambres d’hôtes "L’Annexe", à Aubrac voici neuf ans. C’est à cette occasion qu’un ami producteur Thierry Aflalou, venu y séjourner, troublé par ces grands mystérieux espaces, songe à l’idée du film qui prend vie actuellement.

L’histoire d’une psychiatre volontairement "perdue" sur l’Aubrac qui, en entamant l’analyse d’un patient, voit ses propres démons se réveiller. " On joue avec les clichés ", résume Didier D. Daarwin. Un film de genre, "thriller horrifique" dixit l’affiche, qui joue avec les éléments, l’ambivalence du plateau, mêlant quiétude et force des éléments, terre étrange, à la fois démon et ange, austère en hiver, bucolique en été. " L’Aubrac est un personnage à lui seul ", dit en ce sens le réalisateur qui se définit comme " metteur en images ", fruit de son métier, réalisant de nombreux clips pour le groupe de rap "I AM".

Avoir la foi

Neuf ans d’écriture après donc, retour sur le plateau, à Saint-Urcize. En cette fin de journée et premiers jours du printemps, le froid saisit l’équipe du film venue de Marseille. "C’est un défi, il faut avoir la foi pour faire un film", glisse Didier D. Daarwin. L’actrice principale est même tombée malade. Un feu de cheminée est justement prévu dans la maison de l’héroïne d’où émaneront des visions diaboliques dont "Mastemah" en est un symbole, signifiant l’animosité en hébreu. Le domicile s’avère un cabinet de curiosités. Tableaux démoniaques, crânes, animaux empaillés, le décor est planté.

L’envers du décor

On assiste aussi à son envers. Sa création. Des photos sont prises pour chaque plan. Le triumvirat composé de Didier à la réalisation, Julie, chef opératrice et Manu l’assistant, réfléchissent aux scènes, à l’ordre du découpage. Un film s’écrit toujours, à chaque instant, sur chaque plan, même après près d’une décennie d’écriture. "On oublie les ombres", estime l’un, quand un autre rappelle que "le cochon, c’est demain." Une autre scène. Les images sont déjà à l’esprit. Un regard est porté sur le script. On entend le jargon de la profession comme le "slide latéral" pour réaliser un mouvement avec la caméra. On pense à couper, faire court. L’étape délicate du montage est dans les têtes.

Comme l’a écrit Jean-Claude Carrière dans ses ateliers, on parle moins au cinéma que dans la vie. Dehors, les machinistes s’activent en vue de tourner la scène de l’épicerie, située au pied du rocher de la Vierge. Les signes sont partout. Et voulues évidemment. Repérée à l’issue du casting organisé à la salle polyvalente du village, Karen, âgée de 21 ans, venue de Mende et jouant dans une troupe de théâtre amateur, s’apprête à tenir un petit rôle en dialoguant dans l’épicerie.

Diction et citron

Elle répète avec le réalisateur. Le mot "citron" est trop avalé à son goût. À l’oreille surtout. Outre la diction, l’accent oblige à parler doucement. Mais la Lozérienne ne se démonte pas. Karen semble à l’aise. Son père, qui l’a conduit en voiture, attend à l’écart dans la rue, et ne réalise pas encore. "Elle a repéré le casting sur internet. Au début, j’ai cru que c’était une plaisanterie. Cela lui fera un sacré souvenir."

Le rideau noir tombe sur l’épicerie, avant que celui du ciel en fasse autant. Il fait zéro degré. Le tournage ne fait que commencer. De toute façon, rien de mieux que la nuit pour frissonner. La route est gelée. L’équipe du film est servie.

En ce week-end de Pâques, le tournage a changé de plateau, quitté celui de l’Aubrac pour Marseille. Une autre ambiance, un autre soleil.

"Mastemah", tourné actuellement sur l’Aubrac, sera en compétition au festival international du film fantastique de Gérardmer l’an prochain. Il s’agit du deuxième long-métrage de Didier D. Daarwin qui a réalisé avec Akhenaton, chanteur du groupe I AM, le téléfilm "Conte de la frustration" en 2010 où figurait Nicolas Cazalé, Leïla Bekhti, Roschdy Zem, Omar et Fred. Un film tiré de l’album éponyme d’Akhenaton pour qui Didier D. Daarwin a tourné des clips pour le groupe de rap marseillais.

Pour ce film de genre, il a fait appel au groupe tellurique scandinave et germanique, Heilung, nommé aux Awards des groupes de métal en 2018. Peaux de bêtes, os de cerfs sur la tête, le groupe, très visuel, souffle un air viking. Et leur nom signifie guérison. Histoire de faire face à "Mastemah"… Côté casting, les premiers rôles sont tenus par Camille Razat et Olivier Barthélémy.

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