"La priorité mondiale aujourd'hui est de mieux consommer" (Beverly Sonego - Monogram Paris)

  • Beverly Sonego, fondatrice de ByLuxe, devenu Monogram Paris. Beverly Sonego, fondatrice de ByLuxe, devenu Monogram Paris.
    Beverly Sonego, fondatrice de ByLuxe, devenu Monogram Paris. Courtesy of Beverly Sonego
Publié le
Relaxnews

(ETX Studio) - Quand Beverly Sonego a fondé le dépôt-vente en ligne ByLuxe, il y a plus de dix ans, la seconde main ne faisait que peu d'adeptes dans le monde. Une décennie, et une crise sanitaire plus tard, la plateforme de mode d'occasion haut de gamme est devenue Monogram Paris, avec un nouveau logo, un nouveau site internet, un showroom parisien, et une ouverture à l'international. La fondatrice revient sur cette success story, et sur les changements observés dans un secteur qui ne cesse de gagner du terrain.

Qu'est-ce qui vous a amenée à lancer une plateforme de seconde main ?
J'ai démarré l'aventure purement avec mon instinct de commerçante en allant fouiner dans les brocantes et les lieux destinés à la seconde main afin de les revendre lors de ventes privées. Les années ont passé et, grâce à mon réseau, j'ai vu une vraie évolution du marché. J'ai donc très vite travaillé à travers les réseaux sociaux, qui ont été pour moi un moyen de vendre. Il a fallu très rapidement se mettre au digital. Grâce à Ornella Perez (Chief Operating Officer, ndlr), nous avons développé un site e-commerce qui a su développer notre clientèle et notre chiffre d'affaires.

Vous avez lancé Monogram Paris il y a plus de 10 ans. Quel est votre regard sur l'évolution du marché de la seconde main ?
Lorsque je me suis penchée sur le marché de la seconde main, il n'était pas très tendance. Les gens commençaient à trier leurs placards mais c'était seulement pour donner des choses qui n'avaient pas vraiment de valeur. Les choses de valeur n'étaient pas tellement vendues. Sur le principe d'acheter de la seconde main, les gens avaient une image très poussiéreuse à l'égard du vintage. Cette image a évolué au fil des années jusqu'à devenir quelque chose de réellement tendance au point que toutes les marques s'y mettent.

Qu'est-ce qui différencie Monogram Paris des autres plateformes de seconde main ?
L'incarnation. Nous sommes une équipe de femmes et je suis à la tête de cette société en tant que chef d'entreprise mais également comme égérie et c'est ce qui peut paraitre différent. Nous avons une vraie implication au niveau des réseaux sociaux, et notamment Instagram comme un réseau très fort qui a fidélisé une communauté. Les gens vont s'identifier à cette team de femmes. C'est ce qui nous différencie des plateformes qui sont dépersonnalisées.

Quelle est la cible de Monogram ?
Il s'agit d'une cible assez large puisque nous avons une double casquette : dépôt et vente. En ce qui concerne les dépôts, nous avons une cliente qui est internationale et qui peut avoir de 18 jusqu'à 70 ans. Elle a un pouvoir d'achat assez conséquent, et c'est une fashionista qui aime la mode et le luxe et qui a compris le marché de la seconde main pour revendre ses articles et nous en faire bénéficier. Pour la vente, nous avons non seulement des clientes qui vont payer en 3 ou 4 fois sur le site et qui vont effectuer leur premier achat luxe chez Monogram mais également des clientes qui ont du pouvoir d'achat et qui sont, elles, des clientes pointues et exigeantes.

Est-ce que la pandémie a changé le rapport des consommateurs à la seconde main ?
Oui, tout à fait. La pandémie nous a permis de nous développer, d'obtenir une meilleure visibilité. Ce qui est sûr, c'est que la pandémie a mis en lumière ce côté éco-responsable dans la mode. Les gens sont moins tournés vers la grande consommation : il est désormais question d'acheter mieux et plus durable. Il y a une véritable réflexion sur ces pièces qui vont avoir une vraie durée de vie.

Présent sur le web, Monogram dispose également d'un showroom à Paris. Est-ce que la seconde main peut se substituer à terme à la première main ?
D'après plusieurs études sur le marché du luxe de première main, il semblerait effectivement que le luxe de seconde main gagne progressivement du terrain. Nous sommes très digitaux mais notre showroom est un lieu de vie, un lieu où nous vivons la mode grâce à des ateliers et des masters class mais également un lieu très important pour la cliente car elle va pouvoir avoir un conseil de notre équipe, une vérification en live de l'authenticité; ce qui est également le cas pour la cliente qui dépose. Il y a une vraie interaction et un réel service luxe autour de tout ça.

Comment voyez-vous la plateforme dans dix ans ?
Les leviers qui vont être activés dans les prochaines années sont l'optimisation du B2C sur notre site internet mais également le déploiement de partenaires B2B, c'est-à-dire des partenaires sur lesquels notre catalogue est greffé. Nous nous voyons dans dix ans avec une renommée à l'internationale, comme des acteurs principaux de la consommation du luxe responsable.

Peut-on imaginer que les sites de seconde main ne vendront un jour que des vêtements durables ?
Je pense que la priorité mondiale aujourd'hui est de mieux consommer. La seconde main de luxe est un marché très porteur mais l'éco-responsabilité dans tous les domaines - nutrition, mode, beauté - est un sujet qui préoccupe le monde entier.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?