Aveyron : face aux problèmes de recrutement dans le BTP, le groupe Sévigné mise sur la formation

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  • Pour recruter, Marc Sévigné mise notamment sur la formation des jeunes.
    Pour recruter, Marc Sévigné mise notamment sur la formation des jeunes. Archives ML
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Propos recueillis par Guilhem Richaud

Comme beaucoup d’entreprises du BTP, le groupe Sévigné, installé à Aguessac, plus grosse entreprise aveyronnaise de ce secteur d’activité est confronté à des problèmes de recrutement. À l’heure actuelle, le groupe cherche une vingtaine de personnes. Marc Sévigné, son patron, détaille la situation et le fonctionnement dans son entreprise.

Une entreprise comme la vôtre, qui compte pas loin de 300 salariés, a-t-elle aussi des problèmes de recrutement ?

Oui, on en a. Peut-être moins que d’autres, mais c’est vrai qu’en ce moment, on a lancé pas mal d’offres. On a quand même réussi à recruter ces derniers temps, mais pas pour tous les postes. Pour faire face, on est partis sur la piste de formations par alternance, avec de l’apprentissage que ce soit pour le recrutement des ouvriers ou au niveau des ingénieurs.

Quels sont les métiers pour lesquels vous avez du mal à recruter ?

On cherche des mécaniciens. C’est notamment sur ces métiers-là qu’on est partis sur des apprentis qu’on va former et qu’on espère garder même si un apprenti qui s’en va ailleurs n’est pas perdu pour la profession. Si le jeune, à l’issue de sa formation, veut voir ce qu’il se passe ailleurs, on peut déjà se dire que la profession va le conserver. On a aussi des difficultés à trouver des maçons. Pour faire face, on les a valorisés un peu plus. Sur les chauffeurs d’engins en revanche, on n’a pas de soucis particuliers.

C’est un phénomène nouveau ?

Pas forcément. On est peut-être moins touchés que les autres, mais on a toujours été confrontés à ce recrutement difficile en devant faire venir des personnes de l’extérieur du département. Pour attirer, on a du mal à faire en sorte que le conjoint ou la conjointe trouve un également un emploi. On n’est pas sur des bassins d’emplois énormes. Quand on recrute, il faut parfois activer nos réseaux pour essayer de trouver un poste pour les conjoints ou conjointes. Il faut s’investir un peu plus là-dessus.

Certains patrons de TPE du BTP expliquent que leurs problèmes de recrutement sont un frein à leur développement. Est-ce aussi le cas pour vous, qui avez une entreprise plus grosse ?

Non, au contraire. Si on recrute, c’est qu’on a un développement important sur certaines activités. Je pense qu’il ne faut pas abandonner. J’espère qu’avec la sortie de crise sanitaire, les gens vont se poser des questions. Est-ce qu’il n’y aura pas des remises à plat sur le mode de vie, sur le choix du département où ils veulent vivre et de quelle façon ? C’est peut-être le point positif qu’on peut trouver à cette crise sanitaire. Après, je crois vraiment qu’il faut s’occuper des jeunes et croire en l’apprentissage.

Longtemps, les métiers du bâtiment étaient considérés, dans l’imaginaire collectif, comme des voies de garage. C’est en train de changer un peu. Mais ne payez-vous pas des années de mauvaise publicité ?

C’est en train d’évoluer. On est parti à la reconquête des lycées. Nos syndicats professionnels nous ont mandatés pour aller présenter nos métiers. Il fallait d’abord convaincre les professeurs, mais aussi les élèves, masculins comme féminins. Féminiser nos métiers, c’est difficile. Ça vient sans doute du travail qu’on n’a sans doute pas bien fait il y a quelques années en laissant se développer cette image dans les lycées. On nous envoie très peu de candidates. Je pense quand même que c’est en train d’évoluer, notamment parce que nos métiers ont changé. Pour les chauffeurs d’engins, par exemple, si vous rentrez dans une cabine aujourd’hui, ça n’a plus rien à voir. Tout est informatisé, les implantations sont suivies par GPS… Au contraire, là, on a intérêt à avoir des nouvelles générations qui adorent travailler avec ces nouveaux outils. Sur les tâches manuelles, c’est plus compliqué de trouver des candidats, mais là, on peut devenir attractif en créant une différence sur les salaires ou les primes de chantier. Ça, c’est plus une volonté de l’entreprise.

Vous, comment faites-vous pour recruter ?

On se sert des entreprises d’intérimaires, on travaille également avec Pôle emploi et Aveyron recrute. On fait aussi pas mal de démarches auprès des lycées professionnels. Il y a chaque année des salons auxquels on participe. On essaie d’y vendre l’image et l’historique de l’entreprise qui permettent aussi de séduire les candidats.

Vous parlez beaucoup des jeunes et de l’alternance. Comment faites-vous pour accompagner les jeunes que vous prenez ?

À chaque fois qu’on prend un jeune, il a un tuteur qui est formé en externe, via un stage spécifique, puis en interne sur les moyens qu’on a dans l’entreprise à sa disposition. On essaie aussi de présenter le personnel et l’ensemble des métiers. Quand vous recrutez des jeunes, il faut les intégrer. Qu’ils connaissent les responsables, mais aussi leurs collègues. Si on ne le fait pas, le jeune est mal intégré et tôt ou tard, on peut le payer. Il n’aura pas forcément envie de rester s’il n’a pas été bien accueilli.

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