Le conseil départemental vote une aide pour les arboriculteurs

Des fleurs brûlées et des fruits qui n’arriveront pas. C’est le triste spectacle que le gel a offert dans la vallée du Tarn. Comme dans plusieurs régions de France, le froid a frappé fort. Des nuits entières, à – 5 °C ont saccagé les vergers aveyronnais. "C’est compliqué d’évaluer le taux de perte", constate Yvan Froment. Son verger est situé sur les hauteurs de Rivière-sur-Tarn, route de Lugagnac. Les fleurs de ses arbres les moins escarpés y sont passées. Elles tombent au moindre contact. Au-dessus, une rangée de lueur. Les arbres sont blancs et donnent un peu d’espoir. Encore faut-il que les fruits arrivent. "On ignore si ça a pris, explique-t-il. Ces cerises ne sont pas gelées mais on ne sait pas si elles sont fécondées." Il fait partie des moins touchés.

Certains, comme David des Vergers cressois n’ont pas eu cette chance. Ses plantations sont ravagées. "Je suis plus bas et il fait plus froid, détaille-t-il. J’ai le soleil qu’à partir de 9 h ou 9 h 30." Le matin, le mercure affiche encore des valeurs négatives. L’an dernier, comme ses homologues, il a été touché par des fortes pluies. Elles avaient fendu les fruits et abîmé les récoltes. Pour limiter la casse, il s’en remettra à ses plantations maraîchères, qu’il a à Rivière-sur-Tarn.

À côté de l’industrie de roquefort, celle des arboriculteurs ne pèse pas lourd. Difficile de se faire entendre pour décrocher des aides comme celles de la PAC par exemple. Cette année, une calamité agricole devrait être reconnue. La direction départementale des territoires doit se déplacer vendredi pour constater les dégâts du gel. Un moindre mal pour ceux dont c’est l’activité principale.

75 000 € d’aides

Vendredi toujours, le président du conseil Départemental mettra au vote une aide exceptionnelle de 75 000 € pour les deux coopératives de la vallée : la Sica Valfruit à Rivière-sur-Tarn et celle des Coteaux de Millau, à Compeyre. La première aura 50 000 € et l’autre 25 000 €. "Ça nous permettra une diminution des charges fixes, a loué Laurence Croizier, la directrice commerciale de la Sica Valfruit. Parce que les frigos vont quand même tourner et les transporteurs vont venir." Les deux structures ont produit 700 tonnes de fruits l’an passé.

Les bougies trop chères pour un faible rendement

Lundi, Jean-François Galliard constatait les dégâts au milieu des vergers. Chaussures cirées sur les pentes escarpées des vergers, il a accompagné les producteurs. "Je ne connais pas les conditions de la future PAC, mais on va essayer d’interpeller le Premier ministre sur cette question", a-t-il assuré.

Cet épisode de froid remet aussi en cause les emplois saisonniers. "J’ai déjà eu des appels mais j’ai refusé, regrette Sylvain qui a des cerisiers à Paulhe. Je ne vais pas faire venir des Espagnols sans fruits." Chaque année, ils viennent gonfler les rangs de la vallée pour aider aux récoltes et à l’entretien des arbres. "Je préfère privilégier les locaux", souligne l’arboriculteur.

Certains ont tenté d’allumer des bougies, mais sans effet. Pour les autres la méthode était trop onéreuse. "Une bougie coûte 10 €, il en faut une par arbre, ça nous revient vite à 4 000 € la nuit", calcule Yvan Froment. Sans aucune certitude du résultat final. "Certains y ont mis beaucoup d’argent pour finalement ne rien sauver", regrette l’arboriculteur. Tous avaient le souvenir d’épisodes similaires dans les années 1990.