Sur Parcoursup, "il y a une inégalité sur l'accès à l'information et ceux qui ont compris le système s'en sortent mieux"

  • "Si l'étudiant est sur une liste d'attente, c'est que les formations veulent de lui", déclare Guillaume Ouattara.
    "Si l'étudiant est sur une liste d'attente, c'est que les formations veulent de lui", déclare Guillaume Ouattara. DENIS CHARLET / AFP
Publié le , mis à jour
Relaxnews

(ETX Daily Up) - Alors que les premières réponses aux voeux émis par les élèves de terminale sur Parcoursup tombent, les listes d'attentes se rallongent et inquiètent les futurs étudiants. Guillaume Ouattara, journaliste et ingénieur, spécialiste de l'algorithme de la plateforme Parcoursup, revient sur son fonctionnement et tente de "tranquilliser les candidats" dans sa nouvelle émission sur VL Média. 

Depuis janvier 2021, les élèves de terminale postulent sur Parcoursup, la plateforme "destinée à recueillir et gérer les vœux d'affectation des futurs étudiants de l'enseignement supérieur français" (plateforme anciennement nommée APB pour Admission Post Bac). Le 27 mai commençait la phase d'admission principale durant laquelle les élèves reçoivent leurs premières réponses aux formations demandées. Une période de stress et d'incompréhension.

Parcoursup, durement critiquée dès sa mise en place en 2018, a intéressé Guillaume Ouattara. A l'époque étudiant en informatique, il s'est penché sur l'algorithme de la plateforme. Dans les médias, puis sur son compte Twitter, il décrit son fonctionnement.

Et cette année encore, les élèves font face à une rude sélection et s'inquiètent pour leur avenir. Explications avec Guillaume Ouattara.

Vous avez déjà décrit le fonctionnement de l'algorithme de Parcoursup depuis 2018. Pourriez-vous l'expliquer rapidement ? 

Dans le processus de la plateforme, il existe trois phases : les candidats émettent des vœux sur la plateforme, les formations reçoivent les candidatures et les classent, puis la plateforme Parcoursup envoie les propositions aux candidats. Les formations utilisent des algorithmes locaux, c'est-à-dire qui leurs sont propres, pour classer les candidatures et Parcoursup vient retravailler ce classement pour aboutir à un ordre d'appel.  

Pourquoi est-ce qu'en 2021, la procédure semble encore plus compliquée ?

Cette année est compliquée car il y a un problème de tri algorithmique, d'après certains représentants de formations. Avec la réforme du baccalauréat, il y a autant de spécialités que d'élèves, ce qui fait qu'il y a tellement de choix et de combinaisons différentes que les algorithmes sont à la peine. Avant, le problème ne se posait pas puisqu'il n'y avait que les cursus S, ES L. Or, les formations se fient beaucoup aux enseignements de spécialité dans leur manière de classer. Ce qui signifie aussi qu'un élève a beau avoir 18 de moyenne, s'il n'a pas les bons enseignements de spécialité, il pourra ne pas être retenu.

Quelle part faut-il donner au stress que procure l'attente des réponses et la réalité d'une sélection décrite comme catastrophique ? 

Je ne sais pas quel poids médiatique donner à cela. Chaque année, il y a du stress, mais avec APB, c'était plus condensé. Dès qu'un vœu était validé chez un étudiant, les autres étaient automatiquement supprimés et libéraient de la place pour d'autres élèves demandeurs. Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est que les élèves ne trient pas leurs voeux, et comme il n'y a plus de hiérarchisation, les formations doivent attendre les désistements des meilleurs candidats, les autres doivent attendre. 

Ensuite théoriquement, il existe deux sortes de formations : les sélectives (BTS, école d'informatique, école préparatoire…) et les non sélectives (faculté de droit, médecine…). C'est-à-dire que tout le monde devrait avoir la place dans une formation à l'université, on ne peut pas leur refuser. En revanche, il y a certaines formations non sélectives où il y a de la tension, un manque de place, qui amène certains élèves à sortir de Parcoursup sans aucune débouchée. Elle est la subtilité du gouvernement.

L'algorithme de Parcours engendre une certaine inégalité des chances ?

Il y a surtout une inégalité sur l'accès à l'information et ceux qui ont compris comment fonctionne le système s'en sortent mieux. Par exemple, un candidat m'a contacté en me disant qu'il avait postulé à toutes les formations d'audioprothésiste. Il a été recalé partout sauf à une sur laquelle il se trouve en liste d'attente. Mais il n'a pas fait d'autres choix que ceux-là parce qu'il n'était pas renseigné. 

Vous allez animer une émission sur VL Média "Parcoursup le mag", pendant tout le mois de juin, et la phase complémentaire de sélection. C'est une façon de pouvoir informer un peu plus les étudiants sur la marche à suivre ?

Oui, jusqu'à maintenant c'était sur Facebook et on va créer une chaîne Youtube. On est allé à la rencontre de beaucoup de formations pour qu'elles viennent se présenter une dernière fois. Cette année, il n'y a pas eu de salons d'orientation et ce qui s'est déroulé en digitale n'était pas vraiment à la hauteur. Notre message est de dire qu'il existe encore des places dans les formations, qu'il ne faut pas se décourager. Parcoursup est un système d'hyper compétitivité avec ses listes d'attente qui évoluent chaque jour. Le premier point est de dire que si l'étudiant est sur une liste d'attente, c'est que les formations veulent de lui. Le second est de spécifier le droit à l'erreur. On est dans un système d'excellence qui ne laisse pas vraiment de la place à l'erreur et je suis très déçu que des établissements refusent des dossiers de réorientation. Il faut tranquilliser les candidats. On est une génération qui veut donner du sens, une finalité de l'emploi et on a une réponse du système politique pas satisfaisante.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?