Nutri-score : un soutien unanime pour défendre le roquefort

Abonnés
  • Selon la classification actuelle, le roquefort serait noté "E".
    Selon la classification actuelle, le roquefort serait noté "E". Archives J.-A. T.
Publié le
RICHAUD Guilhem

Les politiques, les filières, mais aussi l’INAO se mobilisent pour défendre les produits labellisés, qui seraient défavorisés par une généralisation de la classification nutritive.

Le soutien est unanime. Il y a une dizaine de jours, la confédération générale de Roquefort lançait un appel auprès des candidats "chefs de file" aux départementales, et des listes aux régionales pour les défendre face au danger, pour les produits labellisés de qualité, de la généralisation à partir de 2022, de la présence du Nutri-score sur les emballages de tous les produits alimentaires. Il s’agit d’un système de classification en cinq échelons, basé sur trois couleurs (vert, jaune, rouge), qui permet de mesurer la qualité nutritionnelle d’un produit et dont les produits labellisés (AOP et IGP notamment) contestent le cahier des charges qui ne prend pas en compte les qualités nutritives de leurs produits.

De nombreux retours

Il y a trois semaines, Stéphane Mazars, en tant que député, avait directement interpellé le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Guillaume Denormandie sur le sujet. Depuis, Jean-François Galliard, le président du Département, lui a emboîté le pas. Cette semaine, Arnaud Viala, député du Sud-Aveyron a, lui, rédigé une proposition de loi visant à exempter les produits issus d’une AOP ou d’une IGP de l’obligation d’apposition d’un indice Nutri-score, qui ne pourra pas aboutir, la décision étant européenne. Il a également posé une question au ministre à l’Assemblée. Carole Delga elle aussi a assuré son soutien à la Confédération générale de roquefort, ainsi que toutes les autres filières de qualité de la région. Elle a pour sa part directement interpellé le Premier ministre.

Tous ont reçu une réponse de Normand du ministre Denormandie. À chaque fois, celui-ci explique "que des aménagements seront possibles", tout en défendant le bien-fondé du Nutri-score. Il ajoute également qu’"informer les consommateurs sur la réalité de la qualité nutritionnelle de ces aliments n’exclut pas de les consommer mais en quantités et/ou fréquences conformes aux recommandations nutritionnelles du programme national nutrition santé, ce qui est totalement en cohérence avec la signification de leur classement sur l’échelle du Nutri-score."

Le ministre ajoute également que "la France portera des propositions dans un cadre européen afin que l’algorithme du Nutri-score et les critères utilisés tiennent compte de ces spécificités."

Le ministre de l’Agriculture ne bouge pas

Des arguments qui agacent fortement du côté de la confédération générale de Roquefort. "On nous dit que le Nutri-score et les labels de qualité sont des logiques différentes et qu’on peut très bien consommer des produits classés D ou E. Mais ça ne tient pas la route car ce ne sera pas expliqué au consommateur. Quelqu’un qui verra un emballage un logo rouge avec un classement E d’un côté va forcément considérer qu’il est mauvais pour la santé." Heureux que les soutiens "transpartisans" soient si nombreux, la filière, qui s’appuie également sur de nombreux retours médiatiques, notamment des télévisions nationales, depuis qu’elle a tiré la sonnette d’alarme, compte bien continuer le combat, avec les autres produits de qualité régionaux, notamment au sein de L’Institut régional de la qualité alimentaire d’Occitanie (Irqualim), également très mobilisé. Le roquefort, en tant que plus vieil AOP de France, en est forcément la locomotive. D’autant plus que le danger est également de voir les exportations chuter. Chaque année, les sept industriels qui le fabriquent exportent entre 20 et 25 % de la production totale. Ce sera encore plus difficile d’expliquer la mauvaise note à l’étranger. Dans un délai forcément court, puisque 2022 arrive, la lutte est en train de s’organiser, avec l’appui d’autres produits de qualité venant principalement du sud de l’Europe (fromages et charcuteries espagnoles, huiles d’olives espagnoles et fromages grecs), eux aussi très inquiets des conséquences.

L’INAO prend position pour les filières

Jusqu’ici, l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) qui gère et délivre les labels de qualité (AOP AOC, IGP, Label rouge…) ne s’était pas positionné sur le sujet. Sous tutelle du ministère de l’Agriculture, il est en porte-à-faux. Vendredi, Patrice Chassard, président du comité national des appellations laitières, agroalimentaires et forestières de l’INAO a clarifié la position auprès de Centre Presse. "Le Nutri-score n’est pas bon pour les fromages notamment, pour lesquels ce classement ne prend pas en compte les qualités nutritives. Les matières grasses issues des animaux qui mangent de l’herbe sont des oméga 3 et des oméga 6 devraient être pris en compte et qui ne le sont pas. Si on les classe en rouge, on donne une impression négative alors ce sont des produits bien moins dangereux pour la santé que des produits transformés mieux classés." Pour le responsable, il y a deux options : "Soit il faut sortir ces produits de cet étiquetage, soit il faut modifier les critères du cahier des charges. Il faut trouver une solution qui corresponde mieux à la réalité." L’institut sera donc aux côtés des filières pour défendre les produits de qualité : "On est derrière les professionnels et on soutient la fédération des AOP qui travaille sur le sujet", confirme Patrice Chassard.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 19/06/2021 à 11:22

La bêtise des technocrates est sans limite ce nutriscore en est la preuve car il classe un produit excellent pour la santé E rouge ! !