Millau : qui va payer l’addition des contraintes Covid ?

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  • Le pass sanitaire entre en vigueur le premier août.
    Le pass sanitaire entre en vigueur le premier août. LC
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Lucie Cammas

Les restaurateurs, barmen, baristas, hôteliers millavois craignent à leur tour le futur pass sanitaire qu’ils jugent déjà trop contraignant.

Précédemment dans les bars et restaurateurs, on jonglait entre ouverture, fermeture, réouverture, retour du rideau de fer, terrasses accessibles, jauges limitées, etc. Un véritable méli-mélo de restrictions… et ce n’est pas fini. À partir du 1er août, le pass sanitaire entre en vigueur sur les terrasses où on peut déguster un verre ou une assiette. Les clients, dans l’incapacité de présenter un test négatif ou une attestation de vaccination complète, seront priés de passer leur chemin.

Le ras-le-bol est donc au menu des professionnels millavois et il a un goût amer. "C’est de la ségrégation", déclare Dominique Lareur, employée du Ninja Bar dans la cité du gant. "En termes de déontologie, ce n’est pas bien", ajoute-elle. Cet avis est partagé par nombreux de ses confrères, pour ne pas dire tous les sujets interrogés. Céline Boulenc, gérante d’Affini Thé, rue Peyrollerie, exprime sa colère : "Je ne juge pas le fait de se faire vacciner ou non, souligne la gérante du salon de thé, mais la méthode, la forme, ce n’est pas la bonne. J’ai une clientèle locale. Certains ne souhaitent pas se faire vacciner. Ils ne reviendront plus. Je ne sais pas du tout comment m’organiser." L’organisation, c’est bien la bête noire de ceux qui nous régalent. À l’image du grand philosophe grec Socrate, tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils ne savent rien. "C’est bizarre comme situation… C’est un peu un yoyo. Nous ne savons rien sur comment les choses vont se dérouler", commente Jérémie Brehier, responsable de salle Au16. Nicolas Trichereau, dirigeant de ce même établissement, ainsi que du restaurant Au Jeu de paume, complète : "On nous impose les choses, puis nous devons nous débrouiller. C’est comme cela depuis le premier confinement." D’autres visualisent déjà la galère : "D’habitude, on gère quatre tables d’affilée. Avec le pass, il faudra faire du table par table. Il va falloir prendre les commandes, servir, scanner les codes… Cela me semble compliqué", continue Dominique Lareur. Ses voisins, Anne et Frédéric Séverac, gérant de la pizzeria Le Grillon, partagent la même vision : "Notre métier est déjà surchargé, c’est contraignant de devoir en plus contrôler les gens. Comme ils disent à la télévision, nous ne sommes pas gendarmes." Le refrain est donc commun chez les restaurateurs millavois.

La bataille avec le ministère

À la question : "Saviez-vous que les professionnels de la restauration à Millau se sentent perdus ?", Yannick Chopin répond du tac au tac : "Il y a de quoi !" Le responsable de l’Union des métiers des industries et de l’hôtellerie (Umih) ne pratique pas la langue de bois. "Nous discutons avec le ministère pour trouver une entente. Nous sommes d’accord avec l’idée d’un pass sanitaire mais là, cela représente trop de contraintes. L’idée, c’est d’assouplir les règles. Nous négocions par exemple pour que le pass soit obligatoire en intérieur et non en extérieur."

En Occitane, 68,5 % des plus de 18 ans sont vaccinés. La tranche des 50-64 ans est à 75,7 %. Malgré ces données plutôt positives, des établissements pourraient se retrouver en grande difficulté avec ce pass sanitaire considéré comme "trop sévère" par certains. Les réfractaires s’exposent jusqu’à 1 500 € d’amende et un an d’emprisonnement.

"Et la pénurie de personnel ?", ébruite Céline Boulenc, dans son salon de thé cité plus haut. À l’image du personnel soignant, les professionnels de la restauration sont fortement encouragés à se faire vacciner. Le responsable de l’Umih en est conscient. "C’est un secteur qui a dû mal à trouver du personnel. S’il faut trouver, en plus de cela, du personnel vacciné, cela va être encore plus compliqué. Je ne cautionne pas ce fonctionnement. Cela revient à balayer le secret médical. Malheureusement, les membres d’une équipe qui ne se feront pas vacciner subiront une mise à pied… Et à terme, cela peut être le licenciement."

La suite au prochain épisode qui ne devrait pas tarder à sortir. Puisque des professionnels auraient reçu des courriels leur demandant de se préparer à un retour du couvre-feu à 23 heures dès samedi prochain… À vérifier.

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