Quésaco : L'éco-féminisme selon Sandrine Rousseau

  • Sandrine Rousseau est la première candidate éco-féministe à des élections en France.
    Sandrine Rousseau est la première candidate éco-féministe à des élections en France. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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Relaxnews

(ETX Daily Up) - À un mois de la primaire d'Europe Écologie Les Verts, Sandrine Rousseau, candidate à tête du parti de gauche, est la première aspirante à l'Élysée à se revendiquer "éco-féministe". "Écologie" et "féminisme" : comment se combinent ces deux concepts ?

"C'est le logiciel au travers duquel je pense le monde", affirme la principale intéressée. L'éco-féminisme postule qu'il existerait une claire relation entre le patriarcat, -entendu comme la domination masculine-, et le modèle économique responsable de la crise environnementale. "Pour moi, c'est avant tout un système de double-prédation : au même titre que l'homme s'est approprié de manière violente l'ensemble des ressources productives, il s'est érigé le droit de disposer du corps des femmes sans leur consentement". L'éco-féminisme permettrait donc, selon elle, "de penser l'altérité".

Une idée peu populaire en France

Si l'idée est toute récente en politique française, elle l'est moins dans le débat féministe. Jusqu'alors impopulaire en France, c'est pourtant dans l'Hexagone qu'elle est née dans les années 1970, sous la plume de Françoise d'Eaubonne, militante et philosophe. En 1974, dans son essai Le féminisme ou la mort (Éd. P. Horay), elle écrivait ces mots : "C'est une urgence que de souligner la condamnation à mort, par ce système à l'agonie convulsive, de toute la planète et de son espèce humaine, si le féminisme, en libérant la femme, ne libère pas l'humanité toute entière, à savoir, n'arrache le monde à l'homme d'aujourd'hui pour le transmettre à l'humanité de demain".

Face à la réticence des féministes françaises, jugeant l'idée trop "essentialiste" en raison du lien qu'elle établit entre la femme et la nature, c'est au sein du monde anglo-saxon que l'idée a fait son nid. L'éco-féminisme prolifère, entre les mains d'intellectuelles comme Susan Griffin, Ynestra King, ou encore la philosophe Carolyn Merchant. Si le mouvement est pluriel, toutes s'accordent à effectuer une analogie entre la domination des humains sur la nature, et celle des hommes sur les femmes. 

Une politique éco-féministe ?

Comment matérialiser cette idée en politique ? Pour Sandrine Rousseau, l'idée se résume en un seul concept : la "société de protection". Si l'idée est innovante en politique, c'est notamment parce qu'elle requiert un véritable changement de paradigme. "Il faut changer notre modèle, travailler pour l'émancipation des femmes et des minorités, promouvoir le service public plutôt que d'augmenter les subventions aux entreprises. Lutter contre les violences aussi, et respecter la nature en tant qu'être vivant".

Et la place de l'homme, du masculin, dans tout ça ? "Il est avec nous, affirme-t-elle. Sauf qu'il ne gagne pas 26% de plus que les femmes". Dans la société éco-féministe, l'homme est sorti du prisme patriarcal. "Déconstruit, libéré, avec un avenir radieux devant lui", ironise-t-elle.

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