Disparition de Delphine Jubillar : l'avocat de Cédric Jubillar prend la parole

  • Cédric Jubillar
    Cédric Jubillar -
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Dans une interview à nos confrères de Midi Libre, l'avocat du mari de Delphine Jubillar, Maître Jean-Baptiste Alary, tente de fragiliser l'accusation avec de nouveaux arguments. Son client est incarcéré depuis le 18 juin car il est soupçonné d'être le meurtrier de sa femme, Delphine, disparue depuis 8 mois à Cagnac-les-Mines dans le Tarn. 

Dans une longue interview accordée à nos confrères de Midi Libre, l'avocat de Cédric Jubillar, Me Jean-Baptiste Alary, revient sur les derniers éléments de l'enquête afin d'en fragiliser l'accusation. 

Vous avez fait une demande de remise en liberté de Cédric Jubillar incarcéré depuis le 18 juin dernier. Pensez-vous qu'elle peut aboutir ? 

Oui j'espère bien. Je n'ai pas tendance à faire les choses dans le vent. 

Vous soutenez qu'il n'y a pas d'indices graves et concordants dans cette affaire... 

Il n'y en a pas ! Ils ont des éléments qu'ils essayent d'aligner un peu comme on aligne des planètes, dans un seul sens, celui de la culpabilité de Cédric Jubillar qu'ils ne démontrent d'ailleurs pas. Si on prend les choses une à une, tout ça n'est pas sérieux. 

Vous contestez aussi les cris entendus vers 23 h, pourquoi ?

On a horodaté ces cris à 23 h 07. C'est faux. Car ces cris sont entendus par une voisine et sa fille qui, cela dit en passant, habite à 150 m à vol d'oiseau des Jubillar, alors que les voisins les plus proches qui habitent à 3 m n'ont rien entendu. Elle dit qu'elle est sortie fumer une cigarette précisément à un moment du film qu'elle regarde. Mais le film s'achève à 23 h 07. Donc fort commodément, ça arrangeait bien de dire que les cris étaient postérieurs au moment où le petit se couche. On a mis artificiellement l'horaire de ce cri à 23 h 07, qui est l'heure à laquelle le film s'est achevé. 

Alors que les cris entendus l'ont été plus tôt, à l'heure où Delphine Jubillar et son fils regardaient leur émission télé. 

Autre élément à charge, leur fils aurait entendu ses parents se disputer...

C'est faux ! C'est un mensonge encore une fois ! Ce sont des choses qui n'ont pas été retenues par la chambre de l'instruction. La réalité est la suivante : le petit est auditionné le jour même de la disparition à 16 h et il dit que ce soir-là tout s'est bien passé. À la fin du mois de janvier, leur fils dit qu'il a déjà entendu ses parents se disputer et il aurait entendu : "on va se séparer". Mais tous les deux, le soir de la disparition savaient depuis longtemps qu'ils allaient se séparer, puisqu’ils avaient vu un avocat. Il a probablement entendu cette phrase mais lors d'une autre dispute. 

Cédric Jubillar est-il allé sur un site de rencontres la nuit de la disparition ?

Il n'est pas allé sur un site de rencontres. Il a en réalité reçu une notification d'un site et il a dû cliquer dessus. La connexion n'a duré que quelques secondes ! 

Vous évoquez plusieurs pistes dont celle de cet homme qui a envoyé un SMS à son ex, lui disant qu'il avait tué Delphine. A-t-elle été explorée par les enquêteurs ?

Le 25 décembre, soit 9 jours après la disparition de Delphine Jubillar, un homme envoie à son ex plusieurs SMS où il dit : "J'ai bien tué Delphine, car elle était en couple et qu'elle n'a pas voulu quitter son mari et ses enfants pour moi. On s'est vus, on s'est disputés, je suis sorti de mes gonds, je ne me suis pas reconnu. Je l'ai frappé, frappé, frappé. Elle est morte et je l'ai enterré dans le travers." 

Quelques heures plus tard il écrit un nouveau texto à cette même ex : "J'ai tué une femme, je m'en veux, c'est dur à porter, elle travaillait à CCB (NDLR clinique ClaudeBernard à Albi où Delphine Jubillar était infirmière de nuit) de nuit. Elle n'a pas voulu quitter son mari pour moi. Je l'ai tué." 

5 minutes plus tard, il renvoie un dernier message : "Je ne suis pas fier. Je vais mettre des fleurs sur son corps". 

C'est son ex-compagne qui avait prévenu les gendarmes. Ils ne l'ont auditionné qu'un mois et demi plus tard, deux fois. Il a assuré avoir été avec sa nouvelle compagne le soir de la disparition de Delphine et qu'il ne la connaissait pas. Et l'histoire s'est arrêtée-là. Que je sache son alibi n'a pas été vérifié, ni le bornage de son téléphone. Et aucune perquisition n'a eu lieu à son domicile. C'est une piste à creuser. 

Quand on est tombé là-dessus dans le dossier, j'ai cru que je tombais de ma chaise. 

Ils n'ont travaillé que dans l'unique objectif monomaniaque de la culpabilité du mari. Ils n'ont sérieusement pas écarté le reste. 

Il y a aussi ce véhicule qui reste stationné avec le plafonnier allumé, cette voiture qui passe devant la pharmacie tellement vite qu'on n'arrive pas à identifier son immatriculation, les sites de rencontres. Beaucoup de choses n'ont pas été exploitées. 

On est très gêné par une chose : à partir du moment où Delphine rentre à l'intérieur de son domicile, les discussions qu'elle a ou avoir notamment sur whatsapp ne passent plus par la ligne téléphonique mais par la wifi. Donc on ne sait pas trop avec qui elle a pu discuter ce soir-là. Ce que l'on sait c'est qu'elle était toujours sur des sites de rencontres.

Le comportement de Cédric Jubillar ne joue pas en sa faveur comme le fait qu'il ait très vite rencontré une nouvelle petite amie...

Mais quel était le délai de carence raisonnable en deçà duquel il était indécent qu'il puisse retrouver quelqu'un ? Tout cela n'est que de la morale. Ça n'en fait pas un coupable. 

Retrouvez l'interview complète sur le site de Midi Libre

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?