Millau : la guerre des gaules est déclarée contre les barrages en pierre

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  • Jean-Dominique Blanc a expliqué aux adultes et aux enfants les dangers de ces barrages.	M.  p.
    Jean-Dominique Blanc a expliqué aux adultes et aux enfants les dangers de ces barrages. M. p.
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Margot Pougenq

L’APPMA de Millau veut sensibiliser sur les conséquences de ces constructions.

Nombreux sont les amateurs d’eau douce qui se sont déjà improvisés constructeurs de barrage sur les berges d’une rivière. Seulement, "peu d’entre eux sont conscients du mal qu’ils font", remarque Jean-Dominique Blanc, moniteur guide de pêche et garde du milieu aquatique sur le secteur Dourbie-Tarn pour l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (APPMA) de Millau.

En effet, les barrages en pierre font des dégâts sur la vie aquatique et "dégradent les rivières, insiste-t-il, car cela fait augmenter la température de l’eau, sachant que le seuil de viabilité de la truite est de 18 °C". Et ce n’est pas le seul problème que les barrages causent.

"Il faut laisser courir la rivière"

Couper l’eau d’une rivière favorise la prolifération des algues. Ces dernières consomment une grande partie de l’oxygène présente dans l’eau, rendant ainsi impossible la survie des larves aquatiques, principale nourriture des poissons. "Ces larves représentent 75 % de l’alimentation des truites. Alors, les barrages engendrent la mort de leur alimentation, ce qui réduit la richesse piscicole des rivières", alerte le moniteur.

Les algues dues à la stagnation de l’eau rendent également les rivières sales. "Lorsqu’elles se désagrègent, les algues saturent le sol sur plusieurs dizaines de centimètres. Cela s’appelle "le gravier"", indique Jean-Dominique Blanc. C’est cette vase qui rend les cours d’eau troubles, "et les crues d’hiver ne suffisent pas pour nettoyer la rivière", assure un participant à l’après-midi de sensibilisation du mercredi 22 septembre. Alors, pour éviter ça, "il faut laisser courir la rivière et laisser l’eau couler."

Sensibiliser le plus grand nombre

Il existe un autre type de barrage. "On en trouve avec des pierres d’un demi m3, très lourdes, et dont la forme laisse penser que c’est un barrage de navigation", remarque Claude Alibert, président de l’APPMA de Millau. Et le problème de ces constructions est qu’elles sont installées dans les zones frayères, le lieu de reproduction des poissons.Des barrages en pierre, "il y en a toujours eu, précise Claude Alibert, mais c’est de plus en plus criant". D’autant que le niveau de l’eau des rivières est de plus en plus bas avec le dérèglement climatique. "On l’explique chaque année, on en a assez. C’est la goutte d’eau qui ne fait justement pas déborder la Dourbie", souligne-t-il.

Mercredi, l’association millavoise a couplé le premier atelier "Pêche et nature" de l’école de pêche avec un atelier ciblé, ouvert au public, sur les barrages. Moniteurs, bénévoles ou encore pêcheurs, essaient de sensibiliser aux conséquences néfastes des barrages depuis des années. Cet été encore, Jean-Dominique Blanc a arpenté les rives de la Dourbie pour alerter les vacanciers et démonter des barrages.

L’APPMA veut maintenant passer à la vitesse supérieure. "Nous souhaitons organiser une table ronde avec les élus et les usagers de la rivière (loueurs, clubs nautiques) pour voir ce que l’on peut mettre en place ensemble", espère le président de l’association.

Des solutions sont possibles, comme la pose de panneaux d’information sur les zones d’accès aux rivières, des conférences, des interventions dans les écoles ou encore des vidéos de sensibilisation.

Car si elle attend une action nationale, l’APPMA de Millau espère au moins préserver les poissons du Tarn et de la Dourbie. Une manière d’apporter leur pierre à l’édifice, et non pas au barrage.

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