Escrime : Jonathan Bonnaire, un nouveau président iconique pour Rodez

"Ce club, ça fait un peu plus de dix ans que j’y suis et que je l’aime. J’ai tout gagné et vécu des moments incroyables avec lui. Je ne pouvais pas arrêter ma carrière internationale et faire comme si de rien n’était. " Alors Jonathan Bonnaire, champion d’Europe d’épée par équipes 2016 et de France 2012, 2014 et 2015 avec l’Escrime Rodez Aveyron (Era), est récemment devenu le nouveau président de l’institution ruthénoise. "Ma prédécesseure, Florence Pinier, m’a proposé de lui succéder en juin puisqu’elle ne pouvait plus assumer le poste à cause de sa mutation professionnelle à Angoulême, explique le bénévole. L’idée a mûri cet été et j’ai été nommé il y a peu."

"Si on a gagné la coupe d’Europe, c’est grâce à lui"

Une destinée inimaginable pour ce Guyanais arrivé en métropole l’année de sa majorité, en 2009. "J’étais licencié au Lagardère Paris racing et m’entraînais au pôle France, à Reims, depuis deux ans quand Bruno Gares (alors directeur technique et maître d’armes de l’Era) est venu me chercher. J’étais le deuxième meilleur français toutes catégories confondues alors que j’évoluais chez les juniors." Le Castonétois, désormais président de la fédération française, se souvient : "Il me fallait un grand gabarit, courageux sur les épreuves par équipes. "Jo" mesure 2,02 mètres et a aligné 23 touches en finale de la coupe d’Europe 2016. (Rires) Si on l’a gagnée, c’est grâce à lui. C’est quand même un tireur qui a remporté des manches de coupe du monde avec ses partenaires de l’équipe de France. "

Sans jamais y parvenir en solitaire, grimpant au mieux sur l’une des marches inférieures du podium, ce qui l’a sans doute privé d’une sélection aux Jeux olympiques. "Si je n’ai pas réussi à y participer, c’est parce que je n’ai pas répondu présent aux bons moments, reconnaît Jonathan Bonnaire. En 2016, je n’étais pas performant et avant les olympiades de Tokyo, j’ai été blessé pendant 19 mois." Le vice-président de Rodez Jean-Michel Goubert souffle : "C’est un garçon qui a une carrière maudite ! En mai 2018, l’équipe de France le sélectionne enfin pour les championnats d’Europe et du monde. Une semaine après, il se fracasse un genou durant une épreuve de coupe du monde, en Colombie. En plus, c’était la grande team avec Yannick Borel."

Avant que le convalescent voie le Guadeloupéen, son coéquipier actuel Alexandre Bardenet, l’ex-Ruthénois Daniel Jérent et Ronan Gustin remporter l’or de l’épreuve collective des Mondiaux environ un an plus tard… sans lui. "À mon retour de blessure, en février 2020, je suis revenu dans le top 15 mondial, reprend le tireur de 30 ans. Puis à cause de mon genou abîmé, qui demande toujours énormément d’entretien, ça a été une descente aux enfers. J’ai fini par me résoudre à mettre un terme à ma carrière internationale en avril dernier."

De "très gros" coups en perspective ?

Mais pas en club, avec lequel l'Aveyronnais d’adoption a deux exploits à rééditer : "L’objectif, c’est de remporter de nouveau les championnats de France et la coupe d’Europe. Comme on n’a pu recruter personne pour me remplacer à cause de la crise sanitaire, je dépannerai cette saison. Mais ce sera ma dernière." "Il mérite de finir sa carrière en apothéose", estime Jean-Michel Goubert. Comme d’habitude, Jonathan Bonnaire la joue collectif : "Je ne le vois pas de cette façon, je veux juste rendre à l’Era ce qu’elle m’a donné. Pour prendre ma succession sur les pistes, je suis d’ailleurs en contact avec un épéiste français. Ce serait un très gros coup de le faire venir ici. "

Un "très gros coup" qui en cache un autre. "Mon projet ultime, ce serait d’organiser un masters regroupant les huit meilleurs tireurs du monde à Rodez, en octobre 2023. Avec mon carnet d’adresses et de la volonté, on peut faire passer le club dans une autre dimension."