Régis Brouard : « Marqué à vie par ce que j'ai vécu à Rodez »

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  • Le 6 avril 2018, Régis Brouard affrontait pour la première fois Rodez en tant qu’entraîneur au stade Paul-Lignon. Il s’était imposé avec le Red Star (2-1), en National.
    Le 6 avril 2018, Régis Brouard affrontait pour la première fois Rodez en tant qu’entraîneur au stade Paul-Lignon. Il s’était imposé avec le Red Star (2-1), en National. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories
Publié le , mis à jour

L’ancien joueur (1985-1990) et entraîneur (2003-2005) de Rodez est de retour à Paul-Lignon, mardi 21 décembre à 20h45, avec Bastia, dont il est l’entraîneur depuis deux mois. L’occasion pour lui de revenir sur son rapport avec un club qui a beaucoup compté dans son parcours.

Son histoire avec Rodez : « Je ne remercierai jamais assez Michel Poisson »


Quels sentiments vous habitent au moment de retrouver Paul-Lignon ?
Comme toujours, je suis heureux de revenir à Rodez, même si les choses changent et que Paul-Lignon est en travaux. Je vais avoir l’occasion de revoir de nombreuses personnes que j’apprécie, j’ai d’ailleurs reçu beaucoup d’appels ces derniers jours.

Votre histoire avec Rodez a commencé en 1985. Pouvez-vous nous raconter les circonstances de votre arrivée ?
Je sortais du centre de formation d’Auxerre. Une relation de Michel Poisson (l’entraîneur de Rodez à cette époque, NDLR) m’a fait venir en région parisienne pour un essai, où le club de Rodez participait à un tournoi amical. J’ai participé à un match et je n’ai pas quitté le groupe, car Michel Poisson m’a fait venir en Aveyron juste après cette rencontre.

Vous avez déclaré à plusieurs reprises avoir connu vos meilleures émotions sportives à Rodez. En quoi ce passage vous a-t-il tant marqué ?
D’abord car c’est là où j’ai réellement commencé ma carrière de joueur. J’ai eu la chance de m’exprimer en sortant de ma formation et je ne remercierai jamais assez Michel Poisson pour cela. Sur l’aspect humain, j’étais le petit jeune (18 ans au moment de son arrivée) dans un groupe de joueurs qui avaient beaucoup de bouteille. Ils ont été adorables avec moi, ils m’ont tout de suite adopté, ils m’ont protégé, même s’ils ne m’ont pas fait de cadeau. Sur le plan humain, c’était vraiment bien. Nous étions un groupe sérieux sans se prendre au sérieux, avec beaucoup de détachement. Il y avait une proximité incroyable entre nous, beaucoup de solidarité et nous avions l’habitude de sortir ensemble après les matches. Et ce lien existe encore. Ma maman habite à Rodez, quand je reviens, je croise toujours des anciens. Nous sommes contents de nous voir, même si on ne s’appelle pas tous les jours. Ce que j’ai vécu ici m’a marqué à vie.

Sportivement, vous avez vécu deux montées en Division 2 avec Rodez. Quel était le secret de votre réussite ?
Notre solidarité. Nous n’étions pas les meilleurs, pas les plus grands, mais il y avait un collectif et un engagement hyper importants. Les matches à Paul-Lignon étaient toujours particuliers. Je peux vous dire qu’il ne fallait pas qu’un adversaire touche à un de nos équipiers ! On fonctionnait comme cela. Malgré cela, il y a de drôles de joueurs qui sont passés ici.

Quel a été le rôle de Michel Poisson dans cette réussite ?
Il avait une mainmise sur l’approche humaine. C’était un enseignant (professeur d’EPS), il nous faisait croire ce qu’on avait envie et arrivait à nous fédérer les uns les autres. Il s’agit d’une qualité primordiale pour un entraîneur et c’était son point fort.

Son retour comme entraîneur : « Fier d’avoir contribué à la restructuration »

En 2003, immédiatement après avoir arrêté votre carrière de joueur, vous vous êtes reconverti comme entraîneur. C’est une envie qui vous trottait dans la tête depuis longtemps ?
Dans quasiment tous les clubs où j’ai joué, on m’a confié le brassard de capitaine. Ce qui fait que j’ai toujours eu un rapport particulier avec mes entraîneurs, même si cela se passait plus ou moins bien. Au fond de moi, j’ai toujours eu l’envie de comprendre.

Et vous avez débuté votre reconversion à Rodez…
Je venais tout juste de finir ma carrière de joueur à Cannes. Le club de Rodez était au bord du dépôt de bilan. Thierry Nesson venait d’arriver, il m’a rencontré, il a fait le nécessaire avec Jean-Louis Gayrard pour que je vienne. J’étais très attaché à la ville, à ce club qui m’a beaucoup donné, je ne pouvais pas faire autrement que d’essayer de lui rendre à mon tour. D’autant que j’avais la chance, deux mois après l’arrêt de ma carrière, qu’on me propose un poste dans un endroit que j’aime profondément. Et cela a « matché » tout de suite, nous avons réussi à impliquer le public pour qu’il soit derrière nous.

Sportivement, vos deux saisons en tant qu’entraîneur ont été marquées par une montée en CFA, puis une deuxième place à ce niveau, ainsi qu’un 32e de finale de Coupe de France contre Metz, alors en L1.
Il fallait surtout restructurer le club. Beaucoup de monde a œuvré pour le remettre à sa place et je suis fier d’y avoir contribué.

Vous êtes parti au terme de votre seconde saison comme entraîneur sous fond de désaccord avec des dirigeants. Que s’était-il passé ?
Il y a eu une autre construction. M. Pilon (Joël) avait intégré l’ossature des dirigeants et nous n’étions pas toujours d’accord sur ce qu’on voulait faire. J’étais plus proche de ce que voulait M.Gayrard. Mais il n’y a pas eu de grosses disputes, c’est juste que nous n’étions pas d’accord sur l’organisation générale du club. Et je m’étais tellement investi… J’étais focalisé 24 heures sur 24 sur le club, je travaillais sur l’équipe première, le recrutement mais aussi les jeunes.

N’y a-t-il pas un regret de ne pas être allé plus loin avec le groupe que vous avez construit, pour obtenir la montée en National ?
Ils l’ont connue après, avec Franck Rizzetto (son successeur comme entraîneur). Il y a aussi eu des déceptions humaines pour moi. Cela fait partie de la vie d’un club et de la vie d’un entraîneur. Et il ne faut pas oublier que j’ai eu une belle opportunité d’aller à Nîmes, un autre club qui compte pour moi.

La saison actuelle : « Je suis arrivé dans un club très attachant »

Quel regard portez-vous sur le Raf actuel ?
Aujourd’hui, le club fonctionne bien, il a retrouvé le monde professionnel, il avance. Je ne peux qu’être optimiste pour la suite. Et de toute façon, je ne dirai jamais de mal de Rodez. Même si cela m’arrive désormais d’être à la lutte avec les Ruthénois, comme cela avait été le cas quand j’étais au Red Star. Le club est revenu chez les professionnels, j’en suis très heureux. J’ai Pierre-Olivier Murat (le président) de temps en temps au téléphone, les relations sont bonnes.


Trouvez-vous des similitudes entre l’équipe actuelle et celle des années 80, lorsque vous jouiez ?
Le football a totalement changé. Mais on voit qu’il y a aussi beaucoup de solidarité dans l’équipe actuelle. Il y a un an, à ce stade de la saison, ils étaient mal classés, mais se sont sauvés grâce à une deuxième partie de saison incroyable. On ne peut pas y parvenir sans homogénéité entre joueurs. Je sais que ce sera compliqué pour nous, que le public va pousser, même s’il n’y a plus qu’une tribune dans le stade.

Vous êtes arrivé à Bastia mi-octobre pour succéder à Mathieu Chabert. Quel bilan faites-vous de vos deux premiers mois ?
Cela se passe bien dans l’ensemble. Nous n’avons perdu que deux matches, contre des favoris (Auxerre, 1-0 ; Paris FC, 1-0). Je suis arrivé dans un club très attachant, assez particulier et qui est une véritable institution localement. Je prends beaucoup de plaisir à être à Bastia.

Même si Bastia est un habitué du haut niveau, il a connu ces dernières années le monde amateur. Que lui manque-t-il pour se stabiliser de nouveau chez les professionnels ?
Il faudra déjà se maintenir cette saison, c’est le premier objectif. Il faut aussi se comporter comme un club professionnel et les dirigeants essaient d’améliorer les choses à ce niveau. J’échange souvent avec le président à ce sujet. Le Sporting doit de nouveau s’installer dans le monde professionnel.

En signant à Bastia, vous avez fait votre retour dans un championnat quitté trois ans plus tôt, après avoir été écarté par le Red Star. A-t-il beaucoup évolué durant cette période ?
Je trouve que le niveau de la Ligue 2 est de mieux en mieux. Les équipes sont bien préparées, bien organisées, les clubs sont mieux structurés. Cela explique que le championnat est très homogène. Il y a moins d’écart de niveau qu’il y a quelques années et les matches se jouent à peu de choses.

A lire aussi : Football : Rodez accueille Bastia pour finir en beauté

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